Les prescriptions du Dr Muller

Le Punk, racines, historique, courants, influences


Au début était le Garage

Dans l'argot américain « punk » a le sens de paumé, minable, petit voyou, truand. C'est pourtant le patronyme que se sont choisis des myriades de groupes dans les années 70.

Historiquement, le premier usage du terme « punk rock » apparaît dans le Chicago Tribune du 22 mars 1970 et est attribué à Ed Sanders des Fugs. Ce dernier nomme ce qu'il fait (du folk-rock déjanté) comme étant du punk rock. Dave Marsh, critique rock de Creem décrit en mai 1971 ? and the Mysterians comme étant les auteurs d'une « exposition majeure du punk rock ». En 1972, c'est Lenny Kaye qui qualifie les groupes figurant dans la compilation Nuggets de punks. Le terme a depuis fait florès.

Les groupes garage des années 60, majoritairement américains, se caractérisent par des capacités instrumentales limitées (pour ne pas dire plus) et un enthousiasme sans faille. Ils s'adonnent sans honte à la copie de leurs inspirateurs anglo-saxons : Animals, Rolling Stones, Yarbirds, Kinks, Them, Troggs. Le résultant est parfois désopilant mais aussi parfois bluffant. Les Seeds, les Remains, les Shadows of Knight, Mouse and the Traps, le Chocolat Watch band forment le haut du panier d'un mouvement informel qui gagne l'ensemble du pays. Des lycéens, étudiants, musiciens de bal, de surf, se mettent à incarner des imitations plus ou moins réussies de leurs mentors d'outre atlantique.

Le peu de maîtrise instrumentale est donc un des éléments fondateur du punk. Il n’est pas le seul car sur cette base on pourrait qualifier de « punks » les groupes français du début des années 60 qui eux aussi ont une technique basique et imitent laborieusement leurs modèles américains et anglais (Shadows, Cliff Richard, Elvis Presley, Chuck Berry, etc.). Il est en de même pour ce que l'on a nommé « Mersey Beat » pour désigner les centaines de combos qui gravitent autour de la rivière Mersey et de Liverpool. Ce qui différencie les groupes garage c'est une inspiration qui vient du blues adapté par les groupes anglais lesquels recyclent Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, Bo Diddley, Howlin' Wolf, John Lee Hooker. Curieusement, effet retour, les groupes garage américains jouent du blues tel que revisité par les anglais fous de rythm' and blues.

Chocolat Watch Band : Don't need your lovin

Retour aux bases : la perfide Albion

Le début et la moitié des seventies voient la montée en puissance du rock progressif et du hard rock. Arrivent Colosseum, Yes, Genesis, Gentle Giant, Supertramp d'un coté et le hard rock de l'autre, Deep Purple, Statu Quo, Led Zeppelin, Nazareth, etc. Il y a aussi les tentatives de fusion du jazz et du rock avec Mahavishnou Orchestra, Chick Corea, Weather Report, Larry Corryel. Dans tous les cas, il s'agit de musiciens virtuoses. Aucune chance pour le lycéen boutonneux moyen de parvenir à imiter ses idoles. Celui-ci se tourne alors, en Angleterre, vers le glam-rock qui semble plus accessible. C'est l'heure de gloire de T-Rex, de Gary Glitter, d'Alvin Stardust, de David Bowie, des Sweet, de Mott The Hoople. Ensuite vient le pub rock qui retourne aux bases du rock selon les tables de la loi de Chuck Berry et de Gene Vincent (Ducks Deluxe, Ian Dury, Dave Edmunds, Nick Lowe, Eddie and the Hot Rods, etc.). Cette première moitié des seventies voit aussi la montée en puissance de Docteur Feelgood qui va jeter les bases minimalistes de ce qui va devenir le punk rock anglais.

Mott the Hoople : All the Young Dudes

Retour aux bases : l'aigle américain

Coté américain, les choses sont aussi au point mort : ce sont Jackson Brownee, les Eagles, les Doobies Brothers, Crosby, Stills and Nash, Simon and Garfunkel, Billy Joël qui règnent sur les hit parades. Le garage sixties est mort et enterré, le rock psychédélique est redescendu de son trip d'acide : les grands groupes de l'épopée californienne ont perdu de leur flamboyance. Les amateurs de rock pur et dur se tournent alors vers le Blue Oyster Cult qui mixe les Yarbirds et Black Sabbath, vers les Stooges d'Iggy Pop, le MC5, les Flamin' Groovies , le Velvet Underground. On est loin du rock planant avec ces derniers groupes et déjà apparaissent un certain nihilisme chic, un éloge du scandale et d'une vie où l'on est trop fracassé pour vivre, trop jeune pour mourir.

MC5 : Kick Out The Jams


Les Poupées de New York, Richard l'Enfer, Patti Smith, Ramones

Les New York Dolls sont parmi les premiers pionniers et initiateurs du punk rock. David Johansen, Sylvain Sylvain, Johnny Thunders, Arthur « Killer » Kane, basse, Billy Murcia, batterie, et David Johansen, chant donnent leur 1er concert la nuit de Noël 1971 à l'hôtel pour sans abris, Hendicott Hotel, New York. C'est le début d'une saga qui durera jusqu'en 1975. Le groupe influencé par les girls-groups (Shangri-la's, Ronnettes,Crystals), les Rolling Stones des débuts, le MC5, les Stooges se fait vite un nom et est assimilé au glam-rock de par leur allure provocatrice de travestis. Les Dolls ont une importance particulière dans l'histoire du punk dans la mesure où leur dernier manager n'est autre que Malcom Mc Laren, futur initiateur du punk anglais.

Au début de 1974, une scène se développe autour du CBGB's à New York.On y entend notamment Television, le groupe de Tom Verlaine, influencé par Hendrix, Quicksilver Messenger Service, le 13th Floor Elevators. Dans Television, il y a un certain Richard Hell, bassiste de son état qui a créé son propre look : cheveux coupés au sécateur, tee-shirts déchirés raccommodés avec des épingles à nourrice, blouson de cuir noir, un précurseur qui inspirera notamment Mc Laren. C'est encore en 1974 que la poétesse et auteure de chansons, Patti Smith, vient au CBGB's pour entendre Television. En juin 1974 elle sort le single « Hey Joe » / « Piss Factory » avec Tom Verlaine à la guitare.

Television : Knockin' On Heaven's Door

Les briseurs de cœurs de Johnny Tonnerre et les faux-frères Ramones

Toujours à New York, le 16 août 1974, les Ramones jouent pour la première fois au CBGB's. Les Ramones c'est une condensation du rock'n'roll : morceaux courts, pas de solos, paroles idiotes et provocatrices (« I wanna sniff some glue »), look de zonards (blousons de cuirs, jeans déchirés aux genoux, coupe Brian Jones, air mauvais). C'est à la même période qu'apparaissent Blondie et les Dictators qui enregistrent leur 1er album, Go Girl Crazy. Pendant ce temps Richard Hell qui a quitté Television écrit « Blank Generation », « Génération vide », qui devient l'hymne nihliste de l'époque. Le même Hell rejoint les ex-Dolls Thunders et Jerry Nolan et ils forment les Heartbreakers. Mais bien vite les égos de Hell et de Thunder s'affrontent et Thunder vire Hell du groupe. Hell fonde ensuite les Voidoids avec le guitariste Richard Quine.

L'époque voit aussi l'apparition au CBGB's de Mink Deville, des Talking Heads, de Suicide, du travesti Wayne County. Le premier album qui émerge de la scène punk new yorkaise est celui de Patti Smith, Horses qui sort en novembre 1975. Il faut attendre avril 1976 pour le 1er album éponyme des Ramones. Les réactions sont diverses et vont de l'indignation à la célébration. Contrairement à ce qui va se passer pour la scène anglaise, le son des groupes de la scène américaine n'est pas défini : de la simplicité brutale des Ramones à la sophistication de Television, l'éventail est large.

Ramones : Sheena is a punk rocker

Pendant ce temps ailleurs qu'à New York

Les USA sont un grand pays et le punk rock ne sévit pas que dans la grande pomme. Ainsi à Cleveland s'agitent les membres de Rockets From The Tomb. Parmi ces derniers, le futur leader de Pere Ubu, David Thomas, le guitaristes et le bassiste de ce qui deviendra les Dead Boys avec Steve Bators : Gene 0'Connor, futur Cheetah Chrome, john Madansky alias Johnny Blitz. Il y a aussi Aakron avec les Rubber City Rebels et les Bizzaros, Minneapolis et Suicide Commando, Boston avec DMZ et les Real Kids, plus garage rock. San Francisco pour sa part voit la formation de Crime et des Nuns, à Washington on retiendra plus particulièrement les Slickee Boys.

La formation d'une scène proto-punk dès 1974 prouve en tout cas que le punk rock n'est pas né de rien en Angleterre et que ce n'est pas Malcom Mc Laren qui l'a inventé. Il a simplement importé avec succès un mouvement déjà actif aux USA. Cependant la grande différence se situe entre mouvement « underground » en Amérique et phénomène de société en Angleterre.

The Dead Boys : Sonic Reducer

L'appel de Londres

Malcom Mc Laren, ex manager des Dolls, tient un petit magasin de vêtements à Londres, Let It Rock / Seditionnaries, où il vent des vêtements pour Teddy Boys, les rockabilly anglais. En 1975, il change son fusil d'épaule et le magasin devient Sex et propose des vêtements bondage avec la styliste Vivian Westwood. Mc Laren est fortement influencé par les théories situationnistes qui prônent le détournement et le scandale. Il saura faire bon usage des deux. Il faut dire qu'à l'époque l'Angleterre s'ennuie, les queues du chômage s'allongent et l'arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher n'arrange rien. Après l'échec des Dolls, Mc Laren n'a pas renoncé à son idée de se faire une place au soleil dans le monde du rock. Il décide donc de créer un groupe de toutes pièces. Celui-ci, qui se nomme tout d'abord les Swankers (branleurs), est composé de Steve Jones (guitariste), Glen Matlock (bassiste), Paul Cook (batterie). Mais voilà, il manque une figure charismatique à cet improbable assemblage de musiciens débutants, hormis Matlock. Nick Kent, l'emblématique critique rock du New Musical Express fait une apparition mais ne s'attarde pas. Arrive un certain John Lydon, un zonard aux cheveux verts qui fréquente le magasin Sex. Lydon s’époumone sur « School's Out » d'Alice Cooper, embauché. L'idée générale est de bousculer l'establishment rock de l'époque par la provocation et le scandale mais aussi de promouvoir une idéologie du « faites-le-vous-même » où l'important n'est pas la technique mais la participation à un mouvement. Celui-ci se caractérise par le rejet de tout ce qui l'a précédé, un appel à l'anarchie sans d'ailleurs trop savoir de quoi il s'agit, par le refus de toute idéologie d'où l'équivalence de l'étoile rouge et de la svastika. Les cheveux courts s'opposent aux hippies chevelus, la musique primitive, violente, sans nuances à la sophistication du rock progressif. La nouveauté majeure du punk, c'est son aspect « faites-le-vous-même » qui engendre la formation de centaines de groupes qui se réclament plus ou moins du mouvement. L’incompétence instrumentale n'est plus un frein, ce qui importe c'est le désir de s'exprimer. Il suffit de décliner trois accords et ensuite d'apprendre le métier sur scène.


Pistolets du sexe, SS de Londres, émeute et Damnés

Le 1er concert des Sex Pistols a lieu le 5 novembre 1975, il attire une peu nombreuse mais active communauté, le Bromley Contingent, du nom du quartier londonien dont sont originaires la plupart de ses membres (Siouxsie Sue, Billy Idol, Syd Vicious, etc.). En février 1976, la stratégie du scandale s'affirme : Steve Jones déclare que les Sex Pistols « sont plus concernés par le chaos que par la musique ». Le groupe provoque le public et a pour but avoué de déclencher l'affrontement.

Dans le même temps, pour profiter du scandale et de la notoriété qui en résulte, un ancien associé de Mc Laren, Bernie Rhodes essaie de promouvoir ses protégés, l'ex London SS Mick Jones et Brian James qui rejoindra plus tard les Damned. C'est donc la formation de » l'émeute », The Clash qui au départ comprend l'ex chanteur d'un groupe de pub-rock, les 101'ers, Joe Strummer, le sus-nommé Mick Jones, Paul Simonon à la basse, avec parfois le guitariste Keith Levene et Terry Chimes à la batterie (le groupe n'aura un batteur régulier, Topper Headon que plus tard). En octobre 1976, les Damned sont les premiers à ouvrir le feu avec leur single « New Rose », le mois suivant, c'est au tour des Pistols avec « Arnarchy in the UK ». Le premier single des Pistols atteint rapidement son but : devenir un scandale national.Un autre scandale renforce la réputation sulfureuse des Pistols : Steve Jones insulte le présentateur de la BBC, Bill Grundy qu'il traite de « sale enculé ». L'effet est immédiat... Deux jours plus tard débute l'Anarchy Tour, un série de concert avec les Pistols, les Clash, les Damned, les Heartbreakers. La majorité des dates est annulée suite au scandale Grundy. L'affaire est lancée : provocation, réaction, solidarité.

Sex Pistols : Anarchy in the UK

The Clash : White Riot

The Damned : New rose

Pas de futur pour les punks ? Voire...

Les Sex Pistols deviennent rapidement les hérauts de la nouvelle scène. Des nouveaux groupes apparaissent, ils se réclament majoritairement de la nouvelle esthétique. A Londres, les punkettes mènent le bal : Siouxsie and the Banshees, X-Ray Spex qui ont pour leader Siouxsie Sue et Laura Logic, les Slits, un groupe entièrement féminin qui n'a rien à voir avec les Ronettes ou les Shirelles. On peut aussi citer Gaye Advert, bassiste des Adverts. Cette féminisation n'est pas une première mais jamais les femmes n'ont autant investi le rock. Auparavant, elles étaient chanteuses, choristes mais très rarement guitaristes, bassistes ou batteuses, sauf exception (les Shags,Suzi Quatro, les Livebirds, Fanny). A Londres sévissent aussi Subway, Eater, UK Subs, London et Chelsea. Sham 69, futur porte-parole des skinheads fait aussi ses débuts à la même époque. On peut encore citer Alternative TV de Londres, les Rezillos d'Edimbourg ou les Vibrators ou encore les fondateurs de la future scène revival mod, les Jams. Il y a enfin des groupes comme les Stranglers qui ne sont pas vraiment de toute jeunesse ou des opportunistes comme Police (Henri Padovani, le guitariste originel a été remplacé par Andy Summers, ex Animals, Zoot Mooney, Sting vient du jazz). Par ailleurs des outsiders tels qu'Elvis Costello & the Attractions, Graham Parker & the Rumour, Ian Dury, Nick Lowe et Dave Edmunds ou encore Motörhead profitent de la bouffée d'air qu'apporte le mouvement punk.

Elvis Costello : Pump it Up

Australie:des kangourous stoogiens

En 1975/76, il n'y a pas vraiment de punks à la sauce anglaise ou américaine en Australie. Cependant, il existe une tradition garage avec notamment les Missing Links, des Pretty Things à la sauce australe. Si l'on cite les Missing Links, c'est que ces derniers sont une influence avouée de Chris Bayley, le chanteur des Saints qui reprenaient « Wild About You » de ces précurseurs. Mais les Saints n'ont jamais été des punks à épingles à nourrice, d'où une certaine incompréhension lorsque les anglais séduits par le single dynamite « Stranded » voyaient le groupe jouer une reprise de « River Deep / Mountaine High » d'Ike & Tina Turner. Le cas de Radio Birdman est différent. Ils se réclament fondamentalement des Stooges et du MC5. Dans leur cas, on pencherait plutôt pour une déclinaison stoogienne de Blue Oyster Cult que pour une imitation des Sex Pistols.

 

The Saints : (I'm) stranded

France : des Variations aux Stinky Toys

En France dès le début des années 70, des rock critiques tels qu'Yves Adrien, Phillipe Garnier, Phillipe Manœuvre, Alain Pacadis, Patrick Eudeline défendent des groupes tels que les Stooges, le MC5, Mott The Hoople, les Flamin' Groovies, les Ducks Deluxe, le Velvet Underground . Ces critiques écrivent dans les deux magazines rock français de l'époque : Rock et Folk et Best. Ils seront en première ligne pour défendre les 1ers groupes punks / garage de l'époque : à Lyon Starshooter, Marie et les garçons, à Paris, Asphalt Jungle (le groupe d'Eudeline), Bijou, Metal Urbain, les Stinky Toys, au Havre et coté de Caen, les Dogs, Little Bob Story et les Olivensteins. La trajectoire du rock français des 70's est développée ici.

Asphalt Jungle : Poly Magoo

Les chapelles du punk

Comme dans tout mouvement unifié au départ (cf. Sham 69 : « If the kids are united »), une différenciation s'établit entre les acteurs en fonction de l'idée qu'ils se font de la pureté de la doctrine originale. Ainsi on voit s'affirmer différentes acceptions du punk : punk hardcore, punk « historique », pop punk. A la fin 1978, le punk hardcore émerge aux USA et la controverse émerge entre les partisans du punk de papa et une nouvelle forme musicale plus dure, plus violente, anti intellectuelle avec un public plus jeune. C'est essentiellement du coté de Los Angeles que se développe le hardcore. A Los Angeles, des groupes comme X pratiquent un punk « classique » ou comme les Go-Go's évoluent vers une pop loin de leurs débuts où elles interprétaient « Pushin too hard » des Seeds et connaissent le succès commercial.

A l'orée des années 80, le punk s'est diversifié dans différents courants : revival Mod, psychobilly, New Wave, Ska, anarcho-punks, Oï, hardcore.


Mod un jour, Mod toujours

A la suite des Jam, une nouvelle scène Mod apparaît en 1978. Cette scène ne dure pas longtemps, jusqu'en 1980. Il est amusant de constater que ce revival s'applique aussi aux bagarres entre mods et teddy boy revivalistes, avec les skinhead revivalistes, avec les punks. Toujours est-il que le principal groupe de cette mouvance se nomme les Jam. Ces derniers adoptent un look 1965 à la Who, Small Faces, Action, Kinks et mixent l'énergie punk avec le son des 1ers groupes mod. Les Jam s'affirment comme les leader de cette tendance rapidement suivis par des groupes comme The Chords, Secret Affair, the Lambrettas, Purple Heart. On peut aussi citer des groupes comme The Little Roosters, The Imnates ou Nine Below Zero, The Prisoners bien que ces derniers se réfèrent plutôt au rhthm'n blues version Rolling Stones et au garage-punk. Les Jam se séparent en 1980, Paul Weller fonde ensuite The Style Council plus Tamla Motown qu'Atlantic. En France un groupe comme Bijou peut être considéré comme ayant des aspects mod,notamment le look. On peut aussi citer pour les 90's les pseudo rivaux à la Beatles/Rolling Stones, Blur et Oasis. Les membres de Blur étaient amateurs de Quadrophenia, l'opéra rock de Pete Townshend, le guitariste des Who et Noël Gallagher d'Oasis était un ami de Paul Weller.

The Jam : Think as thieves

Punkabilly / Psychobilly, l'important c'est le billy

Au début étaient les Cramps, Ivy Rosarch, Lux Interior, Nick Knox et Brian Gregory furent ceux qui déposèrent le terme psychobilly. En effet sur leur 1ers flyers, il définissaient leur musique comme du pychobilly, du rockabilly voodoo. Dès 1975, ils s'agrègent à la scène punk new-yorkaise.Leur musique mêle la furie du punk et le son des Johnny Burnett,Hasil Adkins, et autres Warren Smith. Ils sont fascinés par les films d'horreur et de science-fiction à petit budget. Sur scène, Lux Interior, le chanteur-leader du groupe est plus proche d'Iggy Pop que de Frank Sinatra quant à sa compagne Ivy la guitariste, elle fait penser à Duane Eddy revisité par le feed-back. L'album Songs the Lord Taugh Us est considéré comme la pierre de touche du genre. En Angleterre, les Meteors sont les initiateur de la scène psychobilly avec leur mélange de thèmes d'horreur, de punk et de rockabilly. Toujours en Angleterre se forment sur le même schéma les Demented Are Go, Guana Batz. En Hollande, Batmobile reprend le flambeau en 1983. Au Danemark, les Nekromantix font de même. Aux USA, The Reverend Horton Heat enregistres son premier single en 1980, il s'intitule « Psychobilly Freakout ». Au Canada, dans les années 2000, on recense The Gutter Demons de Montreal, The Brains de Montreal encore, The Creepshow de Burlington. En France, les Wampas sont les plus représentatifs du genre.

The Cramps : Surfin' Bird

C'est la nouvelle vague

joy divisionLe terme New Wave est plus que vague c'est le cas de le dire... Il se rapporte notamment au cinéma français de la fin des années 50. Il désigne aussi des genres musicaux apparus entre 1975 et 1985, du punk rock au rock synthétique. Rétrospectivement le terme qualifie plutôt les groupes apparus à l'orée des années 80 que Dr Feelgood, Blondie, Mink Deville ou les Sex Pistols qui à l'époque étaient qualifiés comme faisant partie de ladite New Wave. De plus, la New Wave s'est subdivisée en sous-genres tels que les nouveaux romantiques, le rock électronique, le rock gothique. Il est cependant évident que l'explosion de créativité punk a permis l'éclosion de cette nouvelle vague. Toutefois les artistes de cette tendance délaissent l'instrumentation habituelle du rock punk, guitare, basse, batterie et adoptent synthétiseurs et boites à rythme. On peut ajouter l'influence déterminante de David Bowie, Roxy Music, Brian Eno et Kraftwerk. Par ailleurs ce courant s'éloigne définitivement du blues-rock et se tourne résolument vers des racines européennes. Des labels tels que Factory (Joy Division, New Order, Orchestral Manœuvres in the Dark) ou Beggar's Banquet (Gary Numan et Tubeway Army) font connaître le genre. Au début des années 80 naît ce que certains ont nommé par dérision « le rock des garçons coiffeurs » avec des groupes tels que les très synthétiques Depeche Mode ou Yazoo, Soft Cell, Duran Duran, Howard Jones, Tears For Fears. On peut classer à part des groupes tels que Cure ou Siouxsie and the Banshees, à part des Simple Minds, Ultravox, Eurythmics, Frankie Goes To Hollywood, Art of Noise, Dead or Alive, Bronski Beat, Erasure, Talk Talk, Pet Shop Boys, Human league, Visage, Spandau Ballet qui envahissent les hit-parades pendant cette période.

En Allemagne, on compte dans la New Wave Alphaville, DAF, Xmal Deutschland. Parallèlement en Belgique et en France, c'est l'heure d'Etienne Daho, de Marquis de Sade, d'Orchestre Rouge, de Niagara, Taxi Girl, Indochine et pour les belges de Telex, TC Matic, Minimal Compact, Neon Judgement.

Siouxsie and the Banshees : Hong Kong Garden

Le retour du Ska et des skinheads

A la fin des années 70, de jeunes punks remettent au goût du jour la musique préférée des skinheads anglais : le ska. Des skinheads, ils ont le look mais pas les idées. Ils s'inspirent de Prince Buster, de Desmond Dekker, des Skatalites, de Toots & the Maytals. Jerry Dammers, leader des Specials, allie fidélité à l'idiome de base et énergie et attitude punk. Comme tout est question d'apparence, les groupes de ska adoptent une allure particulière : pantalon » feu de plancher », veste courte, creepers, cravate en cuir fine, chapeau plat. Dammers fonde le label Two Tones Records. Cette mouvance comprend des groupes comme Madness, The Beat, The Selecter, . De Tous ces groupes seuls les Specials et Madness auront une carrière fournie. Dans les années 90 , le Ska fera son retour aux USA avec notamment les Mighty Mighty Bosstones.

Specials : Gangsters

Les anarcho-punks

Le titre du 1er single des Sex Pistols est explicite : « Arnarchy in the UK » mais il est trompeur car l'anarchie prônée par les Pistols est la désorganisation, le chaos plutôt que le système politique imaginé par les anarchistes. Toujours est-il qu'à la fin des années 70, une frange du mouvement punk parallèlement aux excroissances Oï et Hardcore s'indigne de la commercialisation avérée des Sex Pistols qui ont signé avec Virgin et des Clash qui sont sous contrat avec CBS. Cela suffit à les désigner comme « traitres » aux supposées valeurs punk. Les groupes anarcho-punks jouent une musique brute et primitive avec des paroles adéquates : il en est ainsi de Crass, The Ex, Subhumans, Flux of Pink Indians, Poison Girls, Discharge. On peut aussi citer les iroquois The Exploited ou Charged GBH ou encore les Napalm Death et Extreme Noise Terror dont le nom suffit à suggérer la musique qu'ils interprètent... Aux USA, au milieu des années 80, naît le Grindcore, genre qui a des affinités avec le Death Metal, amis de la mélodie bonsoir ! Il y a aussi des groupes comme des Dead Kennedys que l'on peut classer dans cette catégorie au vu de l'engagement politique du groupe ou de son leader Jello Biafra. En France les représentants les plus connus de ce courant sont les Berurier Noir ou Haine Brigade.

Dead Kennedys : Too drunck to fuck

Oï, Oï, Oï ou Heil, Heil Heil ?

Au début était le « street punk » qui voulait mettre en avant la « street credibility » contre le punk classique considéré comme trop « arty » ou « fashion », trop intellectuel ou à la mode. Le Oï veut fédérer punks et skinheads autour de valeurs dites « ouvrières ». C'est le journaliste du Sun, Garry Bushelle qui, le premier, emploie ce terme qu'il aurait emprunté aux Cokney Rejects et à leur morceau « Oi ! Oi ! Oi ! ». On voit donc apparaître des groupes tels que Angelic Upstarts, The Burial, The Business, Peter and the Test Tub Babies, The 4-Skins, etc. Le Oï est souvent associé au hooliganisme, au néo-nazisme, à l'anticommunisme dans la mesure où de nombreux skinheads militent dans des organisations néo-fascistes comme le National Front ou le British Movement. Cependant des groupes comme Angelic Upstart ou The Burial s'affichent ouvertement à gauche et participent à des initiatives anti-racistes. Sham 69 s'implique dans Rock against Racism qui rassemble les Clash, les Buzzcocks, Steel Pulse, X-Ray Spex, les Ruts et même Generation X. En France, on voit émerger entre 1980 et 1981 des groupes Oï ou apparentés comme L'Infanterie sauvage dont le chanteur Geno basculera dans le néo-nazisme et formera le groupe Totenkpof (tête de mort). Il y aura aussi les bordelais de Camera Silens, les brestois Brutal Combat, les marseillais Warrior Kids mais aussi les parisiens de La Souris Déglinguée. Le mouvement perd rapidement de sa popularité en Angleterre, aux USA, la scène Oï est liée au punk hardcore et à des groupes comme Agnostic Front.

Sham 69 : If the kids are united

Plus c'est dur, plus c'est bon

Terminons ce tour d'horizon des tendances du punk avec le punk hardcore. Celui-ci a été fondé par le groupe Black Flag, formé en 1976. Ces pères fondateurs ont influencé la scène américaine avec leur approche « Do It Yourself ». Il y a aussi les Bad Brains et leur mélange d'éléments Heavy Metal et Reggae. A la fin des années 80, le genre se diversifie avec une faction qui s'adonne à un punk influencé par le Metal et une autre faction qui reste fidèle au hardcore. Dans la première catégorie on trouve des groupes comme Sick Of It All, Biohazard qui peuvent rappeler le Death ou le Trash Metal.


Conclusion

Comme on peut le constater l'explosion punk a donné de nombreux fruits, certains pourris ou desséchés depuis longtemps, d'autres encore vivaces. Cela dit, on peut s'interroger : quoi de commun entre la New Wave dont la majorité des groupes a commencé avec le punk, avec le hardcore ou le folk-punk des Pogues par exemple ? On serait tenté de dire rien sinon une lointaine origine commune basée avant tout sur le désir de créer, un désir facilité par un accès rapide à la scène et l'idée que n'importe quel membre du public peut prendre la scène d'assaut et devenir lui aussi musicien. On pourra objecter que cette vue d'ensemble est subjective et qu'il manque tel ou tel, essentiel, mais il est difficile de tout embrasser dans tous les sous-genres issus du punk. On peut aussi noter que des musiciens tels que les Red Hot Chili Peppers, Fishbone, Rage Against The Machine, Social Distortion, les Gories, les White Stripes, Jon Spencer Blues Explosion, les Dirtbombs, le Révérend Beat Man, Beck, PJ Harvey, les Bells Ray, The Hives, la Jim Jones Revue, The Masonics, Billy Childish, The Strokes, doivent tous quelque chose au punk et si ce dernier n'avait permis que la création de ces groupes, il serait déjà énorme. Mais le punk est cela et bien plus encore, alors « punk's not dead ? ».

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