Sur la route du tabac
Cette vie est une vie de merde mais c'est la seule que je connaisse. Je déteste cet endroit mais c'est celui où je vis.
"Tobacco Road" est un titre écrit par le chanteur John D Loudermilk en 1960 qui décrit les états d'âme du narrateur né dans la petite ville de Durham en Caroline du Nord. Ce ne fût pas un succès pour Loudermilk hormis en Australie. Pourtant ce titre à la croisée du folk et du jazzy, amer et volontaire à la fois (je vais repartir à zéro), a immédiatement ou presque été repris par d'autres artistes qui en ont fait un succès, un classique.
John D Loudermilk
Pour se faire une idée de la chose voici les paroles de « Tobacco Road » :
J'ai grandi dans une cabane délabrée
tout ce que j'ai jamais possédé, chérie
Je le porte sur mon dos
Dieu, là haut, sait
Combien je déteste
Cet endroit appelé
Tobacco Road
Tobacco Road
Tobacco Road
Tobacco Road
Tobacco Road
Mais c'est mon chez moi, oui
Cette vie est la seule que je n'ai jamais connue
Et Dieu sait
Combien je déteste cette
Tobacco Road
Tobacco Road, ouais
Tobacco Road, ouais
Je suis sur cette route
Je parle de cette route
Tobacco Road, ouais
Tout le monde a sa route
Tout le monde suit une certaine route
Tout le monde se sent sur une route
Tout le monde se souvient d'une route
Tobacco Road, ouais
Route, ouais
Route, ouais
Route, ouais
Mais c'est mon chez moi, oui
Cette vie est la seule que je n'ai jamais connue
Et Dieu sait
Combien je déteste cette
Tobacco Road
Je vais partir d'ici
Et me trouver un boulot
Avec l'aide de dieu
Et de sa bonté
Je vais dénicher de la dynamite
Je vais trouver une tour
Et la faire sauter, la démolir
Je vais repartir à zéro
Et je vais me construire une ville
Que serai fier de montrer
Et je vais garder son nom
Et je vais garder son nom
Et je vais garder son nom de route du tabac, ouais
Tobacco Road, ouais, ouais
Tobacco Road
Tobacco Road
Tu es sale et tu es crasseuse
Mais Je t'aime
Parce que tu es mon chez moi, bébé
Tu es mon chez moi
Cette vie est la seule que je n'ai jamais connue
C'est chez moi
C'est chez moi
Oui, tu es ma maison
Tu m'entends ? tu es ma maison
Tu es ma maison
Oui, c'est ma maison, oui
C'est la seule vie que je n'ai jamais connue
Et le seigneur sait
Combien je déteste cette
Tobacco Road, ouais
Tobacco Road, ouais
Tobacco Road, ouais
Recommencer encore, est-ce que ça te fait quelque chose
Recommencer encore, est-ce que ça te fait quelque chose
Nashville Teens
Les premiers à toucher le jackpot avec "Tobacco Road" furent les Nashville Teens, qui d'ailleurs n'étaient pas de Nashville mais anglais. Cette version avec piano en avant, guitare électrique, basse/batterie pour tout accompagnement sur une partie du titre et deux chanteurs fût produite par Mickie Most, par ailleurs producteur des Animals. Les Nashville Teens firent un carton des deux cotés de l'Atlantique : n° 6 des singles en Angleterre, n° 14 des singles américains. Si les Nashville Teens connurent encore quelque succès dans la perfide Albion, ils ne furent qu'un « one-hit-wonder » (un tube et puis s'en va) aux USA.
Nashville Teens
Animals
On évoquait les Animals au paragraphe précédent et ce n'est pas sans raison puisque les Animals ont aussi joué leur version de "Tobacco Road" lors du show télévisé allemand Beat Beat Beat, en 1967. On constatera que cette interprétation est beaucoup plus bluesy que celle des Nashville Teens.
New Animals
Blues Magoos
Ce groupe que l'on peut, sans hésiter, qualifier de psyché-punk a aussi commis une réécriture (1967) de l’œuvre de John D Loudermilk. Cette fois " Tobaccor Road " est passé à la moulinette psychédélique. Merci encore à Lenny Kaye (cf. Nuggets) de nous avoir fait redécouvrir cette pépite.
Blues Magoos
Jefferson Airplane
Le Jefferson Airplane aussi ? Eh oui, le Jefferson Airplane aussi. Il faut dire que ce titre extrait du premier album du groupe Takes Off (1966) où officie encore la chanteuse Signe Toly Anderson ressemble plus à du Jefferson Airplane qu'aux versions précitées
Jefferson Airplane
Eric Burdon & War
N'ayons pas peur des mots : là on touche au sublime, au classique instantané. Il s'agit de la meilleure version jamais enregistrée de ce morceau. Il suffit d'écouter cet enregistrement datant de 1970 où l'ex alcoolique Eric Burdon et le groupe de funk-rock War se déchainent littéralement et nous font passer un quart d'heure de pur bonheur.
Eric Burdon & War
Edgar Winter
Le frère de Johnny Winter, Edgar, a commis plusieurs versions de ce classique (album Entrance, 1970, album live Roadwork, 1971). Qu'en dire ? Eh bien qu'Edgar a une voix de stentor et qu'il est capable de tenir une note très haut et longtemps, exploit qu'il réalise avec maestria dans ses versions de la route du tabac.
Edgar Winter
Autres versions
On pourrait gloser à l'infini sur "Tobacco Road" mais on se contentera de signaler que ce morceau a été repris par le soul man Lou Rawls, Spooky Tooth, Status Quo, Bill Wyman & The Rythm Kings, Steve Youg, Love Affair, David Lee Rothe, le trio Aum, les pré-cités Blues Maggos, les japonais de Blues Creation, Bobby Gentry, Southern Culture On The Skids, Rare Earth (rappelez-vous « Get Ready »), notre national Jean-Jacques Goldman et même Mud, précurseur glam des boys band.
En cherchant bien, on trouverait certainement encore d'autres versions de ce classique qui a connu une destinée semblable à celle de "Louie Louie" de Richard Berry, un titre qui passe inaperçu à son époque, un interprète original qui n'est connu que des initiés et qui par la grâce de reprises qui font mouche devient un standard. En tout cas, empruntez cette "Tobacco Road" et vous ne serez pas déçus du voyage....