Les prescriptions du Dr Muller
Tic, Tac, c'est l'Orchestre de la Montre en Chocolat
Encore une fois, c'est Lenny Kaye qui a été à l'origine de la redécouverte de ce groupe californien qui, sans lui, ne serait connu que d'une poignée de spécialistes des obscurités sixties. Ce groupe c'est le Chocolat Watch Band.
Le quoi ? Le Chocolat Watch Band, immortels interprètes d'"Are You Be There (At The Love-In) ?" et de "Let's Talk About Girls". Vous dire de qui était composé le groupe s'avère une tâche difficile. En effet, il n'y pas eu moins de quatre formations différentes avec le même patronyme. La première en 1965, la seconde et la plus connue, entre 1966 et 1967, la troisième en 1967 et une reformation en 1968-1969. On se concentrera donc sur la seconde formation qui voit Mark Loomis à la guitare solo, Dave Aguilar aux vocaux, Gary Andrijasevich à la batterie, Sean Tolby à la guitare rythmique, Bill Flores à la basse.
No Way Out
1966 est leur grande année. Le groupe se produit un peu partout dans la baie de San Francisco jouant des reprises de Blues et de titres obscurs. Sur scène, ils mettent le feu. A tel point qu'ils sont repérés par Bill Graham après avoir fait la première partie des Mindbenders au Fillmore (célèbre salle de concert de San Francisco). Mais c'est trop tard pour Bill, ils ont déjà signé par l'intermédiaire de leur manager, Ron Roupe, un contrat avec Green Grass Production et commencé à travailler avec les producteurs Ray Harris et Ed Cobb (par ailleurs producteur des Standells). Cobb leur a écrit un petit bijou "Sweet Young Thing" qui sort en décembre 1966 sur le label Tower Records avec en face b, une reprise de Bob Dylan, "It's All Over Now, Baby Blue". "Sweet Young Thing", c'est un peu les Rolling Stones de 1964 avec un soupçon de Yarbirds et une large dose d'acide. Et d'ailleurs ça marche : le titre est largement programmé par les radios pendant le printemps 1967. Mais comme souvent la promotion est mal faite car le label Uptown Records ne sait pas trop quoi faire avec cet OVNI. Comme le raconte Ed Cobb "Tower avait aussi Pink Floyd. Ils ne savaient pas quoi faire avec Pink Floyd. Arrive alors le Chocolat Watch Band qui à ce moment, était encore plus étrange que Pink Floyd. Tower ne savait vraiment pas quoi faire. Ils avaient peur de sortir le disque. Ils se sont dit qu'ils allaient sortir le publier sur Uptown (un label subsidiaire de Tower) et voir ce qui arrivait. Mais le Chocolat Watch Band était trop erratique pour Uptown." (interview d'Ed Cobb). De fait, le groupe se souciait peu du disque car il était trop occupé à tourner intensivement dans la baie de San Francisco en jouant des reprises de groupes anglais. Bon, ils parviennent tout de même à enregistrer leur 1er album No Way Out (1967) et à sortir un second single "Misty Lane" (1967).
Don't need your lovin
Le groupe enregistre ensuite deux autres albums avec Cobb dans des formations fluctuantes The Inner Mystique (1967) et One Step Beyond (1968). Lesquels enregistrements ne se passaient pas sans exigences très particulières du groupe. "Ils étaient vraiment dans la culture de la dope. Un tas de choses bizarres se sont produites. Voici un exemple classique de ces choses : durant l'enregistrement de "Devil Motorcycle" sur leur 3ème album, ils sont arrivés dans le studio et m'ont demandé où était la boite. Ils ne pouvaient pas commencer sans la boite. Cette boite était une boite sculptée à la main qui ressemblait à une boite géante d'appâts pour la pêche. Et quand vous l'ouvriez, tous les tiroirs apparaissaient. Ils contenaient de gros joints, du LSD et toutes les pilules que vous pouvez imaginer.(...)). (Ed Cobb, ibid)
Riot On Sunset Strip
Toujours en 1967, le groupe apparaît dans deux films Riot On Sunset Strip et The Love-Ins. C'est ce dernier film qui inspire au groupe "Are You Gonna Be There (At The Love-In)". Et puis après, ils se séparent pour se reformer pour enregistrer Inner Mystique mais le public est déçu, ce n'est plus le vrai Chocolat Watch Band, ce groupe capable de faire honte aux Seeds en reprenant "Pushing Too Hard" avant eux sur scène et de le jouer mieux que les Seeds. Il y aura un troisième album One Step Beyond (1969) mais là, il ne reste pratiquement plus rien du groupe original de 1966 et la musique n'a plus rien à voir avec le rythm'n blues psychédélique excitant des deux premier albums.
Let's talk about girls
Comme beaucoup d'autres groupes de cette période, le Chocolat Watch Band a bénéficié de l'aura Nuggets et a été redécouvert dans les 80's notamment par les Chesterfield Kings de New York. Des influences du Chocolat Watch Band sont perceptibles dans la musique de groupes comme Three' O Clock, Dream Syndicate, Psychedelic Furs.