Versions II : I Can't Only Give You Everything
Depuis 45 ans, des dizaines de groupes garage et autres ont repris ce titre de Van Morrison
Qu'ont en commun « Wild Thing » de Chip Taylor, « I Can't Control Myself » de Reg Presley et « I Can't Only Give You Everything » de Phil Coulter et Tommy Scott rendue célèbre par Van Morrison et ses Them et les Troggs ? D'avoir été interprétés par les Troggs ? Oui mais pas seulement. Ce que tous ces titres ont en commun c'est d'avoir pour sujet le sexe. Un sujet qui, à l'époque en 1966, est sulfureux. Rappelons que la « révolution sexuelle » n'a pas encore eu lieu et que le rock est à l'avant-garde de ladite révolution. Que l'on parle de truc sauvage, de l'impossibilité de se contrôler, de n'avoir qu'une chose à offrir, il s'agit de la même chose.
Them
Troggs
Scandale
Tout cela rend ces titres scandaleux et c'est ce qui les fait vendre. « I Can't Only Give You Everything » raconte l'histoire d'un homme qui n'a que lui à offrir et qui ne peut donner plus que ce qu'il a, en l’occurrence la capacité à faire l'amour jusqu'au crépuscule, jusqu'au moment où les feuilles de l'été virent au brun. Un homme qui ne veut pas discuter car après tout, il n'est qu'un homme. Et il ne pense qu'à elle quand les étoiles apparaissent et que les ombres s'estompent. Il est tellement mordu qu'il fera tout ce qu'elle désire et il la supplie de ne pas le laisser seul car sans elle, il n'est qu'un enfant perdu.
Riff diabolique
Le romantisme de ces paroles est complétement démoli par le ton de la voix, la virulence et l'arrogance avec lesquelles, Van Morrison ou Reg Presley les chantent. Ce qui fait la force de cette tuerie garage en 2 minutes 30, c'est surtout le riff diabolique à la guitare fuzz qui l'introduit et bien sur les voix de Morrison et de Presley qui crachent :
« I try and I try
But baby you know that i
Can only give you evra’thing »
Versions 1966
C'est ce riff et les sous-entendus sexuels qui vont faire le succès de ce titre. Lequel titre n'est pas un succès pour les Them mais pour les Troggs. Il sera repris avec plus ou moins de force et de talent par de nombreux groupes qui vont en faire un classique des sixties à l'instar de « Gloria », « Louie, Louie » ou « Satisfaction ». Dans les années 60 et dans l'année de parution du titre (1966), on note la version du MC5 sur leur 1er single. Une version encore plus sauvage que celles des Them et des Troggs, si c'est possible. Mais il n'y a pas que le MC5 à s'intéresser à « I Can't Only Give You Everything » puisque l'on compte aussi une version par les obscurs Peter & The Wolwes, une autre par les australiens de The Clefs, celle des canadiens de The Haunted sans oublier celle de Ronnie Bird en France et celle des Liverpool Five la même année. Aux USA, The Bram Rigg Set s'est aussi attaqué à ce classique ainsi que les Iguanas (premier groupe d'Iggy Pop où il jouait de la batterie), les Amberton, et Little Boy Blues.
The Haunted
Ronnie Bird
Liverpool Five
Little Boy Blues
1967
L'année suivante, la chanson poursuit son entreprise de séduction : les Stray Dogs de Singapour l'adaptent ainsi que les Sultans canadiens ("Tu es terrible") et les Fancy Goods, français de Lyon comme leur nom ne l'indique pas.
Les années 80 et après
On ne recense que 2 versions dans les années 70 : la version de Little Bob Story en 1979 et celle de la compilation Beserkley Records, Spitball en 1978. Il faut attendre 1981 pour écouter celle des Chesterfield Kings. En 1982, Richard Hell propose sa vision du titre sur l'album Destiny. Il sera suivi en 1984 par Dave Vanian et Rat Scabies des Damned qui ont monté le pseudo groupe sixties Nazz Nomad & the Nomads. Toujours en 1982, les néo-psychédéliques Plan 9 font leur version, en 1983, c'est au tour des Vietnam Veterans sans oublier les Godfathers en 1988. Dans les années 90, pas grand chose à signaler sinon un titre éponyme de Willy Deville sur l'album de 1992, Backstreet Of Desire et une reprise des Mystic Eyes (1993). Mais la chanson de Willy n'a rien à voir avec celle de Morrison. Ce qui n'est pas le cas du « Devil's Haircut » (1996 - album Odelay) de Beck qui malgré son titre est un sample d' « I Can't... ». Pour conclure, en 2004, les canadiens Les Terribles font leur version du « Chante » de Ronnie Bird qui est, on le rappelle, la reprise francisée d' « I Can't... ». Ah oui, on n'oubliera pas que REM fait aussi sa version d' « I Can't... » sur scène.
Chesterfield Kings
Richard Hell & The Voidods
Nazz Nomad & The Nomads
Plan 9
Beck
REM
Comme on le voit « I Can't Only Give Everything » a eu une longue carrière internationale de plus de 40 ans et ce n'est certainement pas encore fini car cette chanson ne peut que tout donner...