Les prescriptions du Dr Muller

La maison du soleil levant -House Of The Rising Sun

house of the rising sunLa maison du soleil levant est une ballade qui pourrait avoir été composée au 18ème siècle et reprise ensuite une centaine de fois par divers interprètes. Cette ballade acquiert une résonance particulière en ces temps de confinement. Interdiction de sortir, interdiction de voir ses proches et amis, permission de sortie, on pourrait penser que l'épidémie nous a enfermé dans un vaste pénitencier à l’échelle mondiale.


Les origines

La première version enregistrée de la chanson date de 1933, c'est Clarence Ashley qui en est l'auteur. Personne ne connaît son créateur. Ashley confiera avoir appris ce morceau de son grand-père mais aussi qu'elle était courante dans les médecines shows (spectacles itinérants sudiste). Rien n'est sur quant aux origines de cette complainte qui raconte l'histoire d'une jeune fille séduite par un maquereau et qui va finir ses jours dans une maison close de la Nouvelle-Orléans (Rising Sun) mais les paroles ne sont pas très claires et peuvent tout aussi bien renvoyer à une prison pour femmes. Le symbole du soleil levant flamboyant était le symbole de la rédemption et de la guérison choisi par l'ordre des Ursulines et dont les couvents sont aussi des hospices pour nécessiteux. Il est aussi prouvé que les bordels de la Louisiane étaient ornés de ce soleil flamboyant qui pouvait aussi renvoyer à Louis XIV, le roi-soleil.

Les versions avant le tube mondial

woddy guthrieRevenons à Clarence Ashley et à son interprétation de la ballade. Il s'agit alors d'un blues « hillbilly ». Les Callahan Brothers et Roy Acuff qui ont connu le titre par Ashley restent fidèles à cette version. Alan Lomax (ethnologue, musicologue,folkloriste, producteur) enregistre une chanteuse, Giorga Turner, qui fait sa version du thème. Via Lomax, le morceau vient enrichir le répertoire de Josh White, Woody Guthrie et Leadbelly, folk et blues donc. « House Of The Rising Sun » reste alors dans le répertoire folk New-yorkais d'artistes comme les Weavers, Pete Seeger, Woddy Guthrie. C'est Dave Van Ronk qui, au début des années 60, signe les arrangements actuels du titre avant de se faire piquer l'idée par un certain Robert Zimmerman, alias Bob Dylan. Lequel Dylan brûle la politesse à Van Ronk et enregistre la chanson sur son 1er album.

Bob Dylan

Un succès fou

animalsDans une interview, Eric Burdon, chanteur des Animals révèle qu'il a d’abord entendu la chanson dans un club de Newcastle interprété par le chanteur folk, Johnny Handle. La version des Animals varie par rapport aux version précédentes car elle place le récit du point d'un d'un homme dont le père est un joueur et un ivrogne plutôt que celui d'une jeune femme condamnée à une vie de prostituée. Cet homme va lui-même devenir un joueur à l'instar de son père et s’abîmer dans cette maison du soleil levant. Lors d'une tournée en 1964 avec Chuck Berry les Animals s’aperçoivent que leur version enthousiasme le public ce qui convainc le producteur Mickie Most de son potentiel. Le 18 mai 1966, le titre est enregistré. C'est le jackpot : « House Of The Rising Sun » atteint le sommet des hit-parades en juillet 1964 en Angleterre puis flirte avec les sommets du Billboard. Il devient le cheval de Troie de la British Invasion au pays de l'Oncle Sam. Et c'est normal, la voix d'Eric Burdon, la guitare d'Hilton Valentine, l'orgue d'Alan Price, la batterie de John Steel, la basse de Chas Chlander font du titre un blues ravageur qui emporte l'adhésion immédiate.

The Animals

Le pénitencier

pénitencierLa version française est due à Vline Buggy (duo de compositrices Evelyne et Liliane Koger qui ont composé notamment pour Yves Montand, Luis Mariano, les Chats Sauvages) qui en signe les paroles françaises avec Hugues Aufray. De plus, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas Johnny Halliday qui en est le premier interprète en France mais bien Hugues Aufray qui la jouait en première partie des concerts de l'Idole des jeune à l'Olympia. Là encore la version diffère de celle des Animals et de Clarence Ashley, plus question de maison de passe ou d'un tripot mais d'un pénitencier, d’où le titre. Cette version serait l'un des plus gros succès d'Hallyday bien que Burt Blanca, les Cousins, Les Players, Claude Ciari l'aient aussi mise à leur répertoire.

Johnny Halliday


Les version post succès

frijid pinkEn 1969, le groupe de Détroit, Frijid Pink, enregistre une version psychédélique de" House of the Rising Sun", qui devient un succès international en 1970. Leur interprétation est menée par la guitare distordue de Gary Ray Thompson avec des effets de fuzz et de wah-wah, appuyée contre la batterie frénétique de Richard Stevers.

Le succès du « House of the Rising Sun » de Frijid Pink dans les charts débute le 6 janvier 1970 à la 29ème place du hit parade de la WKNR, pour se classer en 7ème position du Billboard Hot 100 le 4 avril 1970. Le disque est certifié disque d'or en mai avec plus d'un million d'exemplaires vendus. Malheureusement pour Frijid Pink, cette envolée au royaume du hit-parade sera la seule..

Frijid Pink

« The House of the Rising Sun » est également repris par un grand nombre d'autres artistes dans tous les styles. On en connaît plus de 300 versions, les pires comme les meilleures. Parmi les plus célèbres, on trouve notamment dans les années 60 la version Skiffle de Lonnie Donegan (1959), celle de Marie Laforêt (1963), de Marianne Faithfull (1965), de Bobby Fuller (1964), des Platters (1965), dans les années 70, Geordie (1974) groupe de Brian Johnson, futur chanteur d'AC/DC, s'y colle de même que Leslie West le guitariste de Mountain (1975) mais la plus connue est l’exécrable version disco de Santa Esmeralda (1977). Les années 80 sont peu prolixes en reprises de « House Of The Rising Sun » mis à part celle de Demis Roussous (1982), oui, oui. Pour les années 90, le bilan est plus glorieux avec des versions entre autres de Bachman Turner Overdrive (1996), de Tracy Chapman (1990), de Sinead O'Connor (1994). Enfin les années 2000 ne sont pas en reste avec Toto (2002), Muse (2002), Cat Power (2006), Dick Annegarn (2011).

Marianne Faithfull

Cependant enregistrer une version de « House Of The Rising Sun » ne signifie pas pour autant qu'on s'élève à la hauteur de la version des Animals qui restera pour longtemps encore la meilleure jamais enregistrée. Bon un peu d’optimisme pour finir car même si l'on chante « Bientôt les portes du pénitencier vont se refermer », on peut espérer que ce ne sera pas là où nous finirons nos vies.

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