Les prescriptions du Dr Muller
Sly & The Family Stone : les précurseurs du funk
Malgré une carrière chaotique, Sly Stone est considéré comme un génie. Michael Jackson, Prince, Miles Davis, Herbie Hancock lui doivent tous quelque chose.
L'écrivain Joel Selvin, auteur d'une biographie du groupe a déclaré : « il existe deux types de musique noire : la musique noire d'avant Sly Stone et celle d'après ». C'est dire l'importance de la Family Stone. Et cette famille Stone n'est pas une invention du show business, elle existe réellement. La famille Stewart, originaire du Texas est composé de 5 enfants : Loretta, Sylvester, Freddie, Rose et Vaetta. Dans cette famille, on pratique la musique dès le plus jeune âge puisque c'est à 9 ans que Sylvester forme « The Stewart Four » avec ses frères et sœurs. Au lycée, il rejoint The Viscaynes, un groupe de Doo-woop.
Autumn Records
1963, Sly officie comme programmateur musical de la radio KSOL basée à San Francisco, une radio spécialisée dans le rythm'n blues. Il intègre dans les programmes des titres des Beatles et des Rolling Stones. Il est alors recruté par Tom Donahue pour son nouveau label et devient ingénieur du son. Il travaille avec les Mojo Men (« Danse With Me »), Bobby Freeman, The Beau Brummels, The Great Society (avec Grace Slick, future Jefferson Airplane au chant).
De Sly And The Stoner à Sly & The Family Stone
1966. Sly forme un groupe avec son frère et une trompettiste de ses amies, Cynthia Robinson. Très vite les Stoners se transforment en Sly & The Family Stone avec l'arrivée de Greg Errico à la batterie, de Jerry Martini au saxophone, de Larry Graham à la basse et de Rosemary Stewart, sa plus jeune sœur à l'orgue. Le groupe commence à se produire autour de San Francisco où leur mélange de soul et de rock psychédélique conquiert le public local. Leur 1er album, Dance To The Music, sort en 1967. Il ne rencontre pas un succès massif mais « Dance To The Music » qui sort en single se classe dans le hit-parade.
Dance to the music
Le son Sly
Dès le début, Sly & The Family Stone fait tâche : en effet, le groupe est composé de noirs et de blancs et de femmes qui jouent autant que les hommes et pas seulement les charmantes utilités. Coté musique, c'est un creuset de cultures et d'influences : James Brown, Motown, Stax, le rock psychédélique. Fin 1968, le groupe sort le single « Everyday People », n° 1 ! Puis en 1969, c'est le 4ème album : Stand ! Et c'est carton plein : plus de 3 millions d'exemplaires vendus, 5 titres classés au hit-parade (« Stand », « I Want To Take You Higher », « Don't Call Me Nigger, Whithey », « Sex Machine », « You Can Make It If You Try ». Le succès de l'album se poursuit avec la prestation du groupe à Woodstock où leur interprétation explosive d' « I Want To Take You Higer » et de « Dance To The Music » est encore dans les mémoires.
I want to take you higher
Imité jamais égalé
Le succès de Sly Stewart va inspirer Norman Withfield, le producteur des Temptations (« Cloud Nine », les Chambers Brothers (« Time Has Come Today »), les Isley Brothers, les Supremes. On dit aussi et avec raison que Sly a fortement influencé George Clinton (Parliament, Funkadelic), les Jackson 5 et plus près de nous Arrested Development ou Balck Eyed Peas. D'autres tels Herbie Hancock ou Miles davis ont reconnu le talent de Sly et son influence. A partir de 1971, le succès lui monte à la tête et il devient un gros consommateur de cocaïne. Il lui arrive d'annuler des shows, d'oublier qu'il doit jouer. Greg Errico et Larry Graham quittent le navire en 1972.
Après un dernier succès, le merveilleux « Family Affair », et l'album There's A Riot Going On (1971) Sly devient littéralement infréquentable. En 1974, il fait banqueroute et est obligé de louer ses talents aux studios (Elvin Bishop, News Riders Of The Purple Sage, et même REO Speedwagon). Il tente un come-back en 1979 avec Back On The Right Track et parvient à se débarrasser de son addiction à la drogue en 1984 mais il replonge et fait un séjour aux frais de l'état. Il arrête après cet épisode de composer ou de jouer. Il ne réapparait sur scène qu'en 2007 lors de concerts de la Family Stone reformée.
A family Affair
On recommandera plus particulièrement l'écoute attentive des albums Dance To The Music, Stand !, There's A Riot Going On ou du Greatest Hits de 1970. Cela devra suffire à vous faire danser toute la nuit en hurlant : « I Wanna Take You Higer »...