Les prescriptions du Dr Muller
The Outsiders - les maitres du garage-rock hollandais
Peu connus en dehors de leur pays dans les 60's, les Outsiders sont considérés comme l'un des meilleurs groupes rock de la période.
Si l'on vous parle de rock et de Hollande dans les 60's, vous répondez Tee set (« Ma Belle Amie »), Shocking Blue (« Venus »), George Baker Selection (« Little Green Bag ») ou Golden Earing (« Back Home »). Mais les Outsiders ?
Les Outsiders, Wally Tax (chant), Ronnie Splinter (guitare), Appie Ramers (basse), Leendert « Buzz » Bush (batterie) font partie de cette vague de groupes qui se forment en 1965 et prennent pour exemple le rythm'n blues anglais. La particularité des Outsiders vient du fait que leur modèle n'est pas les Beatles mais les Pretty Things, qui à l'époque tournent fréquemment en Hollande, et les Rolling Stones. On cite aussi comme sources de la musique du groupe, Buddy Holly, Jacques Brel, Love et le folklore d'Europe de l'est d'où est originaire la famille de Wally Tax.
Un groupe sauvage
Sur scène, à l'instar de leur modèle anglais les Pretty Things, le groupe est sauvage et imprévisible. Il faut aussi avoir à l'esprit que Wally Tax connait bien Phil May, le chanteur des Pretty Things ceci pouvant expliquer cela. On peut même dresser un parallèle entre l'évolution des deux groupes dans la mesure où les Pretty Things sont passés en trois ans d'un rythm'n blues brut de décoffrage à une musique plus subtile. Ce qui distingue aussi les Outsiders de la concurrence, c'est le fait que des 50 titres que le groupe a enregistré pendant son existence, aucun n'est une reprise. Ce qui est un exploit car, à l'époque, très peu de groupes composent.
A l'assaut !
Sur leurs premiers enregistrements, les Outsiders montent à l'assaut de leurs chansons plus qu'ils ne les jouent. Ils les débutent à 100 à l'heure et finissent le compteur dans le rouge. Guitare fuzz, basse galopante, rythme haletant, et Wally Tax qui chuchote, susurre, hurle. « Touch », « Monkey On My Back », « Lying All The Time» sont des classiques du rock 60's et pas seulement du rock hollandais.
The Outsiders : Lying All The Time
Touch
Par la suite, le groupe va évoluer et tempérer ses ardeurs punks avec du folk-rock. Mais, les Outsiders ne sont pas des clones des Pretty Things. Ils incluent dans leur musique des influences européennes continentales. Ainsi dans un titre comme « Touch », le groupe passe d'une entrée en matière fracassante à une progression folk-rock pour revenir au son garage.
CQ
En 1968, sort CQ. Un album considéré comme un chef d'œuvre du rock psychédélique. Ritchie Unterberger estime que ce disque est « le meilleur album punkadélic de tous les temps ». Il est vrai que l'album est un joyau où le groupe aborde l'aliénation sociale, le voyage dans l'espace, la violence. Un titre comme « Prison Song » est exemplaire de l'approche des Outsiders. Il s'agit de l'histoire d'un jeune homme qui sort de prison. Il n'a qu'une seule idée en tête : retrouver l'amour de sa vie. Au départ, la musique est joyeuse : une nouvelle vie commence. Puis elle s'accélère comme l'excitation de l'homme à l'idée de retrouver son amour. Il entre dans la chambre et, surprise, surprend son amie avec un autre homme. Bang, Bang ! Il les tue. Retour à la case prison dans un final haletant digne d'un thriller.
The Outsiders : Prison Song
Redécouverte
Malheureusement, le disque ne se vend pas, le groupe se sépare en 1969. Ce n'est qu'au début des années 80 que l'on redécouvre leur œuvre. Wally Tax est mort en 2005 mais sa musique lui a survécu. De nombreux groupes ont repris des titres des Outsiders dont les Lyres (« Touch »), les Cynics (« Lying All The Time »). Ils sont une influence avouée pour les Thanes et de bien d'autres groupes qui s'inspirent des 60's. En conclusion, on dira que s'il y a bien un groupe à découvrir ou redécouvrir, les Outsiders sont ce groupe.