Les prescriptions du Dr Muller

Les hommes en noir : Music Machine

Un seul tube mais quel tube !

La carrière des Music Machine a été météorique mais leur look, cuir noir, et leur musique, brutale, ont marqué durablement leur époque et plus

J'ai des problèmes

Et ce n'est qu'une séquelle

En ce qui concerne ma réputation

D'être plus que sauvage

Je sais que ça m'est utile

Mais je ne peux pas dormir

Je dois me voiler la face

Et aller ailleurs


Je ne vais pas demander justice

Admettre que j'avais tort

Je vais rester en hibernation

Jusqu'à ce que la rumeur soit évanouie

Ma vie sociale est réduite à néant

Mon nom est de la boue

Je vis dans le mensonge et

Je m'enfonce de plus en plus bas

Extrait de "Talk Talk" - Music Machine

Tout d'abord l'orgue entre dans la danse, suivi par la fuzz guitare, puis par la voix grave et rappeuse de Sean Bonniwell, la batterie, la basse. Le rythme est rapide, le refrain haché, la musique aussi. Une minute et cinquante neuf secondes de mal être paranoïaque : Talk Talk.


On n'avait jamais entendu ça auparavant ni après d'ailleurs. Ron Edgar (batterie), Mark Landon (guitare), Keith Olsen (basse), Doug Rhodes (orgue) et Sean Bonniwell (chant) se forment en 1966 après être passés des Raggamuffin aux Music Machine. Ils sont tout de noir vêtus avec une coupe de cheveux à la Brian Jones et un gant noir à la main droite. Impressionnant.

Talk Talk

music machine Bonniwell a trainé ses guêtres dans le circuit folk avant de se mettre au rock (The Wayfarers). Il est bien sur influencé par les Yarbirds, les Stones et les Beatles mais il dépassera ces références pour créer le son des Music Machine, un son que l'on peut qualifier de protopunk avec un coté sinistre. Ils sont remarqués par Art Laboe qui possède un petit label spécialisé dans le rythm'n blues. Très vite, ils se retrouvent dans le studio de RCA où sous la houlette du producteur Brian Ross, ils enregistrent le 30 juin 1966 "Come On In" et "Talk Talk" et d'autres titres comme une version lente de "Hey Joe" (avant Hendrix). Dès l'enregistrement terminé, ils savent qu'ils ont un succès dans les mains. Et ils ont raison, "Talk Talk" explose dans les charts et les apparitions du groupe, leur look spécial, les rend célèbres rapidement. Tout de suite, ils partent en tournées de promotion. Mais celles-ci s'avèrent mal organisées (ils jouent dans des villes où l'on ne peut même pas trouver leur disque) et épuisantes : plus de 100 concerts en trois mois. Et très vite la situation se dégrade d'autant que le groupe travaille dur et ne voit pas un sou. Un jour, après la dernière tournée, Keith Olsen et Doug Rhodes vont toucher leur salaire à l'agence qui s'occupe du groupe et s'aperçoivent qu'il y a une sérieuse différence entre leur salaire et celui de Bonniwell. Ils vont le voir et la confrontation s'avère orageuse. Ils quittent le groupe et s'en vont travailler avec le producteur Curt Boettcher (Millenium, Sagittarius) (interview).

Grosse tête et management

music machine C'est un coup dur car le groupe est très soudé et le départ de deux membres essentiels signe son arrêt de mort. Bien entendu, Bonniwell a une autre version des faits dans laquelle il fait porter la responsabilité de la séparation au manager Art Laboe et au producteur Brian Ross pour des tournées mal organisées et des choix artistiques discutables comme les reprises sur le 1er album ("96 Tears", "Cherry Cherry", "Taxman") alors que le groupe avait suffisamment d'originaux et le choix de "The People In Me" comme deuxième single au lieu de l'option de Bonniwell, "Hey Joe". Il leur reproche aussi d'avoir manœuvré pour que le groupe ne touche pas de royalties. De fait aucun membre du groupe n'a touché quoique ce soit en trente ans ! Bonniwell sortira deux albums solo sous le patronyme de Bonniwell Music Machine après la séparation du groupe avec sur le premier album l'excellent "The Eagle Never Hunts The Fly" puis se tournera vers l'hindouisme et le christianisme. Il ne retrouvera jamais le chemin des hit parades mais restera tout de même comme celui qui a composé l'immortel "Talk Talk" et peut-être que s'il n'avait pas pris la grosse tête les choses auraient pu tourner autrement (pendant les tournées, il voyageait en Cadillac, les autres en bus). Peut-être que si le but du management n'avait pas été uniquement l'argent, il aurait aussi pu en être autrement. Mais cela semble très commun à l'époque, voire l'histoire du Chocolat Watch Band, des Electric Prunes, des Standells, des Small Faces, des Who.

En conclusion et pour paraphraser le Père Peinard, on pourrait chanter en choeur : "Nom de Dieu, si tu veux être heureux, tue ton manager !"


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