Les prescriptions du Dr Muller
Une cuillère pleine d'amour : The Lovin' Spoonful
Lovin' Spoonful fût l'un des premiers groupes de Folk-Rock américain avec les Beau Brummels et les Byrds
Lovin' Spoonful a laissé dans l'histoire du rock l'image d'un groupe dit de « Good Time Music » comme la définissait John Sebastian, chanteur-leader du groupe. Il faut noter qu'il ne fait pas l'objet d'un culte particulier tels que les Beau Brummels ou les Byrds, concurrents contemporains dans le domaine du Folk-Rock. Si on les compare aux Byrds, ils paraissent plus « commerciaux » et moins influents. Nombre de groupes se sont réclamés des Byrds et très peu des Lovin' Spoonful. Et pourtant...
New York 1964 – 1965
Contrairement à ce que l'on pourrait penser à l'écoute de leur musique, les Lovin' Spoonful ne sont pas originaires de la cote ouest des USA mais de New York. C'est là que Sebastian a grandi avec un père harmoniciste accompli dans le domaine classique. Évidemment, le jeune John fait la connaissance de nombreux musiciens dans l'entourage familial. Comme beaucoup de jeunes musiciens de son âge, il est passé par une phase folk. En 1964, c'est la queue de comète du revival de la musique folklorique américaine, un revival qui a vu l'émergence d'artistes comme Bob Dylan, Joan Baez. A New York, Sebastian décide de passer à l'électricité et s'associe avec le guitariste canadien Zal Yanovsky qui jouait auparavant dans un groupe folk beatnick, The Mugwumps, avec Cass Elliot et Denny Doherty qui formeront ensuite la moitié des Mamas & The Papas (« Monday Monday », « California Dreamin' »). Le groupe est complété par le batteur-chanteur Joe Butler et le bassiste Steve Boone.
Croyez vous à la magie ?
Le groupe signe d'abord avec Elektra Records début 1965 mais préfère ensuite rejoindre Kama Sutra Records la même année. En août 1965, c'est le premier single « Do You Believe In Magic ». Contrairement à de nombreux groupes de l'époque, The Lovin' Spoonful joue de tous les instruments sur ses titres et compose la majorité de son répertoire. « Do You Believe In Magic » se classe dans le Top 10. C'est le premier titre d'une série de single qui vont faire mouche entre 1965 et 1966, tous sont produits par Erik Jacobsen.
Do you believe in magic
L'été dans la ville
Parmi ces hits, on peut citer « You Did'nt Have To Be So Nice » et « Daydream » qui atteint la seconde place des charts. A cet instant, The Lovin' Spoonful est sans conteste le groupe avec des racines Jug Band qui a le plus de succès. Les orchestres dits Jug Bands sont des groupes qui utilisent des instruments traditionnels et d'autres faits maison comme la planche à laver, la cruche (jug), les cuillères, le kazoo, etc. Près de la moitié des titres du 1er album sont inspirés par la jug band music. La popularité des Spoonful va inspirer la création de groupes de revival jub band comme par exemple le Jim Kweskin's Jug Band ou The Even Dozen Jug Band. Ces racines sont évidentes dans leur musique et sont présentes dans la majorité de leurs disques. On peut se faire une idée des-dites racines dans leur tube « Daydream » qui mêle guitares sèches, électriques, basse électrique, harmonica de Sebastian et piano honky-tonk. Leur plus grand tube sera « Summer In The City » pendant l'été 1966. Leur chanson qui incorpore le bruit des chantiers et de marteaux piqueurs est un hommage à cette saison. Un numéro 1.
La musique du bon temps
Les membres de Lovin' Spoonful définissent leur musique comme de la « Good Time Music » et le guitariste Zal Zanovsky déclare qu'il s'est « mis à l'électricité parce que c'est puissant et que ça fait danser les gens ».
Mouvements de personnel
Début 1967, le groupe se sépare de son producteur Erik Jacobsen et produit le single « Six O'Clock » avec Joe Wissert, un numéro 18 au hit parade. 1967 est une mauvaise année pour Zal Zanovsky qui est arrêté par la police en possession de marijuana. Comme il est canadien, il risque d'être expulsé des USA et ne plus pouvoir revenir. Alors, il balance son dealer, ce qui en pleine époque hippie, est très mal vu. Cependant, on peut penser que ce problème d'image n'était pas si important car les disques de Lovin' Spoonful ne concernaient pas uniquement les Hippies mais surtout les adolescents américains de base. Arrive alors Jerry Yester du Modern Folk Quartet, laquelle arrivée coïncide avec un virage pop du groupe qui se traduit par l'album Everything Playing et le single « She Is Still A Mystery ».
C'est la fin – 1968-1969
John Sebastian tire sa révérence début 1968. Les trois membres restant sont bien ennuyés : Sebastian a écrit et chanté tous les tubes de Lovin' Spoonful. De fait, hormis « Never Going Back », le groupe ne produira rien de marquant. L'influence du groupe est beaucoup plus profonde que l'on pourrait le penser. Par exemple, le Grateful Dead, les Flamin' Groovies première période, les Charlatans, Dan Hicks & His Hot Licks et tous les groupes folk qui, soudain après avoir vu ou écouté les Lovin' Spoonful, se sont mis à l'électricité. La discographie, conséquente, de Lovin' Spoonful est aisément disponible. Vous pouvez vous orienter sans problème vers une des nombreuses compilations du groupe pour retrouver la magie de l'été dans la cité.