Les années 60 - Nuggets / La suite

Nuggets de l'empire britannique et au-delà, le deuxième Nuggets

En 2001, Rhino Records publie un coffret qui est, en quelque sorte, la suite logique de Nuggets, la célèbre compilation de Lenny Kaye

En 1972 paraît Nuggets, la célèbre compilation qui fait connaître au monde ébahi des groupes comme les Standells, le Chocolat Watch Band et autres Shadows Of Knight. Depuis bien des compilations ont creusé le même sillon et l'ont même creusé si profond qu'il ne reste plus grand chose qui ait été enregistré entre 1964 et 1970 qui n'ait pas fait l'objet d'une réédition en CD avec pochette adéquate. La majeure partie du temps, on insiste sur le coté rare et même parfois jamais publié de la chose.

Si certaines de ces compilations telles la série des Pebbles ou celle des Boulders, des Sixties Archives sont de bonnes sélections et permettent de faire des découvertes surprenantes et même enthousiasmantes, d'autres sont des opérations purement commerciales. Ce n'est pas le cas des quatre CD publiés par Rhino Records en 2001. Il s'agit d'un coffret qui regroupe des groupes de la période 1964-70 qui proviennent d'Australie, du Canada, d'Angleterre, de Hollande, du Japon, de Suède, d'Irlande, du Brésil, du Pérou.

 

Vol 1

Sur ce 1er volume, on trouve des perles comme « Makin' Time » des Creation, célèbre groupe freak beat anglais ou encore le « I Can Hear The Grass Grow » des Move qui a accueilli dans ses rangs le chanteur guitariste Roy Wood et Jeff Lyne (les Move se sont rendus célèbres par la destruction sur scène de télévisions, de Cadillacs, de bustes d'Adolf Hitler et du leader raciste de la Rhodésie, Ian Smith). Il ya aussi l'hymne au LSD des Smoke « My Friend Jack », la célébration des Provos hollandais par Tomorrow « My White Bicycle », le « Take A Heart » des Sorrows avec Don Fardon, l'un des rares titres potables de Marmalade « I See The Rain » et même un titre de Los Bravos, non pas « Black Is Black » (« Noir, C'est Noir » par le Johnny national) mais « Going Nowhere ». Autre pépite de ce 1er volume, le « 1-2-5 » des canadiens de The Haunted.

Vol II

Si le volume I est plus que recommandable, que dire du volume II ? Eh bien, qu'il est moins axé sur les groupes « connus » avec par exemple « Children Of The Sun » de The Misunderstood, groupe américain qui aurait mérité un destin plus glorieux que celui qu'il a connu. Il y a aussi l'excellent « Save My Soul » par les mods Wimple Winch, « Desdemona » des John's Children avec Marc Bolan, un des rares titres écoutables de ces punks avant l'heure. Citons aussi les Birds avec Ron Wood avant le Jeff Beck Group, les Faces et les Rolling Stones (« Say Those Magic Words »). A noter encore « 14 Hour Technicolour Dream » de The Syn qui comme Tomorrow comprend dans ses membres de futurs Yes. Les Pretty Things sont aussi présents avec le très psychédélique « Walking Through My Dreams ». Pour terminer avec ce second opus, il faut citer deux tubes : le « Friday On My Mind » des Easybeats australiens et le « Fire Brigade » des Move.

Vol III

Le volume III comporte son lot de raretés et de tueries en 2' 45 comme « Your Body Not Your Soul » des hollandais Cuby & The Blizzards ou le « Circles » des Fleur De Lys, plus Who que les Who. Il y aussi « Cry In The Night » des excellents hollandais Q 65, le fabuleux « Social End Product » des Néo-Zélandais The Bluestars, leur « My Generation ». Pas très loin, on trouve les tueurs australiens, The Missing links avec leur « You're Driving Me Insane » et aussi les canadiens The Guess Who et leur « It's My Pride » qui a certainement moins marché qu' « American Woman ». Concluons sur ce troisième volume avec l'étonnant « Pictures Of Matchstick Men » de Statu Quo. Oui, avant de devenir les bucherons du Boogie Rock que l'on connait, Statu Quo œuvrait dans le psychédélique !

Vol IV

Le quatrième volume débute en fanfare par le « Rosalyn » des Pretty Things époque Rythm'n Blues sauvage puis se poursuit avec « The Madman Running Through The Fields » du Dantalian's Chariot de l'organiste Zoot Mooney et du guitariste Andy Summers (oui, le futur Police) avant qu'ils ne rejoignent les New Animals d'Eric Burdon. Les rugueux Dowliners Sect sont aussi présent avec « Why Don't You Smile Now » juste à coté des Creation et des japonais de The Mops (« I'm Just A Mops »). Le « Nothin » des canadiens The Ugly Ducklings ne pâlit pas en telle compagnie, de même que les hollandais Outsiders avec « Touch » ou les islandais Thor's Hammer et leur « My Life ». On trouve encore sur ce quatrième volume les irlandais de The Wheels avec leur reprise des Shadows Of Knigth, « Bad Little Woman » qui ferait passer les Them pour un groupe de variété baloche. S'illustrent aussi les brésiliens Os Mutantes avec leur « Bat Macumba », les pré Pink Fairies, alias Fairies avec « Get Yourself Home », les allemands The Rattles « It's My Fault ».

Comme, on peut le constater, ces quatre volumes ciblent large mais avec pertinence. Il n'y pratiquement rien à jeter. Si vous désirez découvrir ou redécouvrir les années 60 dans ce qu'elles ont de plus sauvage, de plus dément, de plus psychédélique, partez à la chasse de ce coffret et vous ne le regretterez pas...