Les prescriptions du Dr Muller
Electric Prunes : j'ai trop rêvé la nuit dernière
Les Prunes électriques sont une référence en matière de rock psychédélique
Les deux premiers albums des Electric Prunes sont des classiques du rock psychédélique : inventifs, expérimentaux, originaux
Jim Lowe (chanteur) définit la musique des Electric Prunes comme du "Free Form Garage Rock", du garage rock expérimental. Et il est vrai que ce groupe est l'un des premiers à mêler rock et trucages électroniques. Leur plus grand titre de gloire est "I Had Too Much To Dream (Last Night)" qui est devenu un classique sixties-punk, grâce soit rendue à Lenny Kaye et à Nuggets qui les a tiré d'un injuste oubli.
Le groupe est originaire de la vallée de San Fernando, Los Angeles. Au départ, c'est un garage band, The Sanctions, composé de Ken Williams (guitare), James Lowe (vocaux, harmonica), Michael Weakley et parfois Joe Dooley (batterie) et Mark Tulin (basse). Comme beaucoup de groupes de cette période, la composition de ses membres a varié selon les époques et les albums.
I had too much to dream last night
De la sanction aux prunes électriques
Leur chance (?) a été de signer un contrat avec le producteur Dave Hassinger qui les fait enregistrer dans le studio de Leon Russel. C'est lui aussi qui leur suggère de changer de nom. Il est vrai qu'Electric Prunes sonne mieux que The Sanction, leur patronyme original. Ils enregistrent un premier single "Ain't It Hard" qui ne marche pas. Mais leur seconde tentative, "I Had Too Much To Dream (Last Night)" (1966) est la bonne. Ce titre écrit par le tandem de compositrices Annette Tucker et Nancy Mantz cartonne et se place à la 11ème place des charts. A cette époque la formation a déjà changé et un nouveau guitariste est arrivé, James Weasel Spagnolia ainsi qu'un nouveau batteur Preston Ritter. C'est cette formation qui a enregistré les deux premiers albums du groupe, les meilleurs. Le troisième single "Get Me To The World On Time" ne marche pas trop mal. Il est suivi par leur 1er album The Electric Prunes : I Had Too Much To Dream (Last Night) (1967) et le second Underground (1967). Deux albums à posséder absolument pour tout amateur de rock psychédélique. Deux disques où le groupe invente un rock parfois énervé, parfois éthéré mais toujours inventif dans l'usage des divers effets sonores qui l'enrichissent ("Ain't It Hard", Antique Doll", "Dr Doo Good", Long Days Flight" entre autres).
Tous les pouvoirs au producteur
Mais comme pour les Standells ou le Chocolat Watch Band, c'est le producteur, Dave Hassinger dans ce cas, qui a le pouvoir. Et Dave veut que ça rapporte. Il oblige le groupe à enregistrer une messe électrique : Mass In F Minor (1968) célèbre par son illustration musicale de la scène de voyage à l'acide dans Easy Rider ("Kyrie Eleison"). Pendant l'enregistrement, le groupe se désagrège et Hassinger continue avec un groupe canadien, The Collectors, et des musiciens de studio. La tournée de promotion de l'album est annulée parce que les Prunes sont incapables de jouer les morceaux de l'album. Cela n'arrête pas Hassinger qui produit ensuite Release Of An Oath où les voix du groupes sont superposées aux bandes produites par des musiciens de studio. Il y encore un cinquième album, Just Good Old Rock And Roll, où ne figure aucun des membres du groupe original. Normal, c'est Hassinger qui possède les droits sur le nom du groupe... A noter aussi l'album live Stockholm (1967), époustouflante démonstration des talents du groupe qui à l'époque assurait la première partie du Jimi Hendrix Experience en Suède.
Un groupe influent
L'influence du groupe n'en reste pas moins importante. Dans les années 80, Les Damned sous le pseudonyme Naz Nomad And The Nightmares ont enregistré une version d'"I Had Too Much To Dream (Last Night), XTC revampé en Duke Of Stratosphere a rendu hommage au groupe avec "25' O Clock".
Le groupe s'est reformé en 2002 et a sorti trois albums, Artifact (2002), California (2004) et Feedback (2006). On a prétendu qu'il existerait certaines similitudes entre le premier album du Pink Floyd, période Syd Barett et les 2 premiers albums des Electric Prunes. Possible. En tout cas, l'histoire du groupe montre que créativité et commerce ne font pas bon ménage. Le producteur voulait un groupe de teen-agers à succès, le groupe voulait jouer sa musique. Mais sans Hassinger qui aurait entendu parler des Electric Prunes ? Bonne question à laquelle on vous laisse le soin de répondre...