Les prescriptions du Dr Muller

Mayhem and psychosis - Chaos et psychose dans l'Amérique des 60's


Mayhem & Psychosis est le titre d'une compilation de titres psychédéliques punks parue en 1998. Elle est composée de 2 cd dont nous étudierons avec une subjectivité non feinte le 1er volume.


Tout d'abord pourquoi cette compilation plutôt qu'une autre ? Pourquoi Pas ? Non, restons sérieux, tout simplement parce qu'elle est excellente. On a déjà dit et redit l'essentiel sur cette vague de groupes américains qui répètent dans leur cave ou le garage du pavillon de banlieue de leurs parents. Malgré tout, ce qui frappe l'esprit, c'est le nombre impressionnant de ces groupes qui se sont essayés à être les prochaines stars de la Pop Music, le plus souvent sans succès autre que local. Mais les filles aiment bien les types avec des guitares...

Des compilations comme s'il en pleuvait

mayhem and psychosisMayhem & Psychosis n'est certainement pas la première série consacrée au genre, loin de là... Ce n'est pas gênant en soi. Ce qui l'est plus, en tout cas pour le collectionneur compulsif, c'est le nombre de titres que l'on retrouve d'une compilation l'autre. Par exemple, le titre des Jelly Bean Bandits qui ouvre Chaos et Psychose figure sur 4 autres albums. Il n'empêche que ce titre aurait pu servir de bande originale à un film de science-fiction de série B, genre Le Retour des Araignées Géantes. Ce n'est pas le cas mais leur « Generation » est plus dans la veine punk que psychédélique.

 

Jelly Bean Bandits

Le « Savage Attraction » de Holocaust de Chicago qui suit montre d'une part que le Death Metal n'a rien inventé en matière de nom de groupe, euh, morbide. Cette « attraction sauvage » se caractérise par de larges couches de guitare fuzz sur lesquelles se posent les vocaux frénétiques d'un chanteur qui semble avoir très mal à ses parties sensibles...

Les Galaxies IV et leur « Don't Loose Your Mind » peuvent s'estimer heureux : si leur titre de gloire enregistré en 1967 à Trenton, New Jersey, n'a pas du, à l'époque, dépasser leur État d'origine, il figure aujourd'hui sur rien moins que 6 compilations !

1966, San Diego, Californie, les Magic Mushroom affirment « Je te manquerais quand je serai parti ». A cause des champignons magiques qu'ils distribuent allègrement ? L'histoire ne le dit pas..

Bizarrerie d'un rien du tout hystérique

Si l'album débute par une bizarrerie, ce n'est pas la seule. On en veut pour preuve ce « The Spider And The Fly » des Monocles, enregistré à Greeley, Colorado, 1966 qui se caractérise par l'usage de voix féminines suraiguës, de dialogues enregistrés et de divers bruitages.

Le « I'm A Nothing » des Magic Plants précède d'une bonne décennie (1966 ) le « Born To Lose » des Heartbreakers de Johnny Thunder avec son refrain : « Je suis un rien du tout » sur fond de guitare fuzz et de rythmique à la Byrds. Un petit joyau à découvrir.

Quant aux Hysterics, rien à dire, ils valent largement le détour par San Bernardino en août 1965 pour découvrir leur « Everything There » avec orgue, rythmes primitifs et voix rageuse.

Les Bruthers étaient-ils frères ? Ce n'est peut-être pas la bonne question pour ce « Bad Way To Go » dominé par un orgue tueur, une guitare qui tricote le riff et la voix du chanteur qui répète : « ce n'est pas le bon chemin ! »


The Magic Plants

Exception et Leather Boy

Exception, oui le titre des Liverpool Set « 17 Years To The End » est une exception : il ne figure sur aucune autre compilation et on ne sait rien de ce groupe. Même la bible du rock garage, Fuzz, Acid & Flowers ne peut que préciser que le groupe serait canadien. Une obscurité qui cependant ne dépare pas face au « Leather Boy » de Leather Boy. Comme c'est un titre au sujet d'un motard, il est ponctué de bruits de moteur de moto. Logique. Sinon, on en sait très peu sur ce Leather Boy sinon qu'il s'agit d'un certain Rick Rondelle qui a enregistré aussi sous le nom de Milan et World Of Milan. Si vous êtes un tant soi peu amateur de punk-sixties vous devez connaître ce titre qui est apparu sur au moins une dizaine de compilations.


Leather Boy

Lou Reed, période pré-Velvet

On passe aux Front Line dont on sait peu de chose sinon qu'ils viennent de Marin County, Californie et que leur « Get Love » est dans la bonne moyenne de l'album. Le « Why Don't You Smile » des All Night Workers est plus intéressant. En effet, il s'agit de l'une des productions Lou Reed/John Cale à l'époque où les futurs fondateurs du Velvet Underground faisaient bouillir la marmite en composant des imitations des tubes du hit-parade pour Pickwick Records. On se rappellera plus particulièrement de « The Ostrich » attribué à un « groupe » nommé « The Primitives ».


All Night Workers

C'est de l'ordure, pourquoi ?

C'est de l'ordure, « It's Trash », prétendent les Cavemen de Key West ,Floride en 1966. Ils ont tort, leur titre avec écho, fuzz guitar, hurlements d'outre-tombe est tout à fait fréquentable.

Le « Beatin'Path » des Original Nothing People est dominé par un orgue Farfisa et un riff qui font de ce groupe de Reading, Pennsylvanie, une autre perle de cet album.

Mais le « Why » des Dirty Wurds dans le genre punk énervé est supérieur : ce refrain, cette question « Pourquoi ? », et ces chœurs : « Pourquoi ?», cette guitare, cette rage, « Pourquoi, pourquoi, pourquoi m'a tu laissé tomber, hein ? ».

Les Blue Things de Hays, Kansas, n'ont pas la réponse à la question avec leur « Orange Rooftop Of Your Mind » orientalisant qui lorgne effrontément vers l'Inde et le Moyen-Orient mais n'oublient pas d'injecter un peu de guitare fuzz dans le tout.

Quant aux Chob de New Mexico, Texas, ils affirment être sacrément rapides : « We're Pretty Quick ». Et ils ont raison, l'affaire est bouclé en 2' 25 dominée par l'orgue et un chanteur arrogant.


Blue Things

The Id et les Little Boy Blues

Le « Boil The Kettle, Mother » de The Id est l'une de ces chansons dont on se demande : « mais pourquoi cela n'a pas marché à l'époque, il y avait tous les ingrédients nécessaires ? ». Peut-être que la distribution de ce titre boogie-psyché-punk dominé par une guitare épileptique et la voix du chanteur comme détachée sur la frénésie de la guitare n'a pas dépassé San Diego, Californie, d'où ils sont originaires ?

Rien à dire de particulier sur le « Chocolat Moose Theme » des Chocolate Moose de Dallas, Texas, 1966, qui distribue généreusement fuzz et distorsion. Par contre, on insistera plus sur « Great Train Robbery » des Little Boys Blues avec son riff harmonica/guitare qui le fait bien. Un titre que vous n'aurez aucun mal à écouter si vous ne pouvez acquérir cette compilation : il figure sur pas moins de 14 autres compilations !


The ID

Le psyché-punk mène à tout

Le « Bad Part Of Town », des Bare Facts, Plymouth, Ohio, outre son titre qui fait référence aux quartiers mal famés a aussi pour particularité d'avoir en son sein un certain Bill Williams que l'on retrouve ensuite chez les texans de Southwest Fob, auteurs d'une version mineure (je maintiens!) du « Smell Of Incense » du West Coast Pop Art Experimental Band. Il cachetonne ensuite chez Seals & Croft et cerise sur le gâteau chez Toto. Comme quoi, le rock psyché-punk mène à tout !

Vous le savez peut-être mais « You're Gonna Miss Me », le « tube » du 13th Floor Elevators, n'est pas un morceau du groupe. C'est une composition de Rocky Erickson à l'époque où il officiait en tant que chanteur des Spades, un combo psyché-punk texan. C'est cette version que l'on retrouve avec plaisir ici. Manque tout de même la cruche électrique de Tommy Hall !

Nashville, Tennessee, 1966, les Ravin' Blue nous parlent d'amour, toujours, avec « Love ». Un titre à la Yarbirds qui le fait bien en 2' 05.


The Spades

Mauvaise descente pour les enfants de personne

On saute les Ruins et leur « The End » qui n'a rien à voir avec les Doors pour s'intéresser aux enfants de personne, les Nobody's Children et leur « Colours And Shapes » relatif à l'acide et aux effets parfois dérangeants de cette drogue psychédélique :

"Je vois bleu- vous êtes tous verts.
Rien que de la solitude – rien à voir.
Le monde extérieur- dégueulasse, que des blaireaux.
C'est la merde – vous êtes encore là.
(chorus) Je suis vivant – Je suis vivant.
Vous êtes si indifférents – je grandis.
Plus le temps – vous êtes mon esprit"

Colours and shapes

Pour conclure, pas grand chose à dire des cinq titres restant sinon que deux d'entre eux sont du genre inconnus au bataillon : les Barons et les Riders Of The Mark. On ne sait pas de quelle année est leur titre ni d'où ils viennent.

Dans l'ensemble, cette compilation dont la pochette fait plus penser aux séries consacrées aux inconnus du rock 50's qu'à un album gorgé de punk sixties, est une compilation à posséder. Précisons tout de même qu'elle n'a pas été rééditée et qu'elle se négocie aux alentours de 40 $ sur Amazon, Ce n'est pas forcément l'album à recommander pour une initiation au genre mais ceux qui connaissent déjà les Nuggets et les Peebles peuvent y jeter une oreille intéressée, ils ne seront pas déçus.

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