Les prescriptions du Dr Muller

Le Pub Rock ou le rock des bars, patron une autre bière s'il vous plaît


On a appelé pub rock un style de rock qui s'est développé du début des années 70 au milieu des mêmes années 70.


retour aux bases du rock

hope and hanchorDans ce début des années 70 le rock est représenté principalement par des groupes comme Yes, Genesis, Led Zeppelin, Emerson Lake & Palmer, Deep Purple ou encore par les groupes Glam à la T Rex, Bowie, Gary Glitter, etc. Les groupes de pub rock rejettent à la fois le rock des stades et le rock surproduit des stars de l'époque. Ils privilégient une certaine authenticité et préfèrent jouer dans les bars ou dans les petites salles enfumées car celles-ci leur permettent un meilleur contact avec le public. Le mouvement ne veut pas d'une musique de studio qui revient très cher à produire et privilégie les petits labels dont le seuil de rentabilité est largement inférieur à celui des grandes maisons de disques. On estime aussi que le pub rock a pavé la voie du Punk Rock dans la mesure où l'emphase sur les petites salles et les petits labels a été le catalyseur du développement du punk rock. Cependant les deux genres sont différents dans la mesure où le pub rock peut être considéré comme une musique de revival qui s’attache à retrouver les racines rock and roll et rythm'n blues voire country-rock tandis que l'attitude punk est plus iconoclaste et veut rompre avec la tradition.


A quoi reconnaît t'on un groupe de pub rock ?

pub rockDans une période où les groupes qui squattent le haut des hit-parades se caractérisent par un look prétentieux ou flashy avec moult paillettes, maquillage, platform-boots, satin, velours, soie, les pub rockers s'habillent simplement et, par exemple, un groupe comme Dr Feelgood ressemble plus aux voyous prolétaires qui hantent les bars à la recherche d'une bonne bagarre qu'à des minets inoffensifs ou à d'opulents multimillionnaires du show biz. Musicalement la chose est diverse. Dr Feelgood, le groupe de Ian Dury, Kilburn & The High Roads ou les Ducks Deluxe interprètent une musique inspirée par les Rolling Stones de 1964 ou les Yarbirds avec son lot de guitares fuzz et de vocaux hurlés et alcoolisés. Des groupes comme Kokomo sont plutôt inspirés par la soul music tandis que les Kursaal Flyers ou Chili Willi ant the Red Hot Peppers s'inspirent du country-rock. Tous ces groupes qui ne se déplacent pas avec un matériel de scène hors de prix compensent leur manque de moyens par un jeu de scène intense. L'aspect janséniste de cette scène permet à une grande variété de musiciens de se produire même s'ils ne se rattachent pas à un genre bien défini. Les grands labels s'intéressent rapidement au mouvement car ils ne voudraient pas rater les futurs Beatles mais ils s’aperçoivent que ces groupes ne brilleront jamais au firmament des Top 50. C'est ce désintérêt des majors qui va permettre le développement de petits labels tels que Stiff Records ou Chiswick Records. Stiff Records va permettre à Elvis Costello, Roogalator, au Tyla Gang, à Dave Edmunds, à Nick Lowe et bien d'autres d'enregistrer. Chiswick signe les Count Bishops, les 101ers de Joe Strummer, futur leader des Clash, les Gorilla's, les Radio Stars, les Damned. Ces labels ne se cantonnent pas au pub rock mais accueillent aussi des musiciens au passé déjà bien fourni comme Motorheäd pour Chiswick ou Nick Lowe pour Stiff.


La revanche des petits labels

stiffEn 1975, le standard de production des albums de rock grand public est onéreux : séances de studio interminables, producteurs surpayés avec pour objectif un produit policé, sans aspérités avec moult overdubs, usage du multi-pistes et effets de studio. Les pub rockers refusent ce type de production. Pour eux, il s'agit principalement de capturer l'énergie scénique des groupes dans le studio. Cette attitude ne se traduit pas seulement dans la musique mais aussi dans le coût des enregistrement et dans le seuil de rentabilité des petits labels. Pour une major, un disque compte tenu des frais de production doit se vendre aux alentours de 20 000 exemplaires avant d'être rentabilisé. Pour un petit label 2000 unités vendues suffisent. Les petits labels peuvent donc produire pour 10 fois moins que les gros labels. Cependant, il faut noter qu'aucun groupe de pub rock n'est parvenu à classer un titre dans le Top 20 si l'on excepte les Aces avec « How Long ». Tous les groupes de pub rock confondus n'ont jamais vendu plus de 150 000 albums. De plus beaucoup de ces groupes ne sont jamais parvenu à retranscrire l'énergie de leur son sur scène. Il n'empêche que le genre a revigoré le circuit des petites salles mort depuis la fin des années 60 car les groupes du début des années 70 se produisaient dans de grandes salles ou les stades. Ce qui faisait qu'aucun groupe ne pouvait espérer se produire sans avoir une compagnie de disque qui le soutenait.


Le circuit du pub rock

chiswickA ses débuts le circuit du pub rock se limitait à Londres et à sa banlieue avec quelques rejetons en Essex (d'où provenait Dr Feelgood) ou en Écosse. En ce qui concerne les pubs les plus célèbres, on peut citer le Hope and Anchor, le Dingwalls et bien d'autres encore. Les pub rockers pensaient que les stars du rock avaient perdu le contact avec leur public. Ils préféraient des salles intimes où une musique avec du sens et connectée à son public avait une chance de se faire entendre. Mais déjà fin 1976 le mouvement s'étiole car l'industrie du disque s'intéresse au punk qui pourrait bien être « le prochain gros truc » et les labels indépendants sortent plutôt les disques des premiers groupes punks comme les Damned ou du pub-rock abrasif.


Les figures de proue du Pub Rock

En 1974, le Pub Rock était la scène la plus branchée de Londres. A ce moment, il semblait que presque tous les bars de Londres programmaient des groupes. La tête de gondole du mouvement était principalement Dr Feelgood. A l'automne 1975 ils étaient rejoints par les Stranglers, Roogalator, Eddie and the Hots Rods, Kilburn and the High Roads, les 101ers. Mais le pub rock fût rapidement oublié au profit du punk même s'il avait pavé la voie au punk. Quelques artistes s'en tirèrent tels que Joe Strummer, Ian Dury, Elvis Costello, les Stranglers, les autres...


Illustration musicale

Parler du pub-rock c'est bien, l'écouter c'est mieux. Voici donc quelques exemples de cette tendance bière et saucisses.


dave edmundsDave Edmunds

Dave Edmunds est un fan du rock des années 50 et il le prouve avec cette version de « Jo Jo Gunne » de Chuck Berry.

 

Dave Edmunks : Jo Jo Gunne

nick loweNick Lowe

Nick Lowe, compagnon de Dave Edmunds, a ramé dans les bars pendant des années avec Brinsley Schwartz avant de rencontrer Edmunds et de fonder Rockpile qui connaîtra un certain succès.

Nick lowe : So it Goes

count bishopsCount Bishops

Il a déjà été question des Count Bishops sur ce site. Que dire de plus sinon qu'ils furent une figure emblématique du pub-rock

Count Bishops : Teenage Letter

roogalatorRoogalator

Fondé en 1972 par l'américain Danny Adler, Roogalator produit une musique que l'on peut estimer proche de Little Feat. La preuve avec « Cincinatti Fatback ».

 

Roogalatoir : Cincinatti Fatback

kursaal flyeKursaal Flyers

Formés en 1973, les Kursaal Flyer jouaient principalement des reprises de country-rock.

 

 

Kursaal Flyers : Drinkin' Socialy

bees make honeyBees Make Honey

Le réseau du pub-rock se recoupe car les Bees Make Honey enregistrent leur 1er album sur le label au Rockfield Studios de Dave Edmunds et il est produit par Dave Robinson qui manage Brinsley Schwartz.

Bees Make Honey : What Have We Got Lose

chili williChili Willi and the Red Hot chili Peppers

On retrouve encore le réseau des labels indépendants dans le cas de Chili Willi car le groupe est managé par Jake Riviera, fondateur de Stiff Records. On vous propose leur version du classique de Earl Green, « Six Days on the Road ».

 

Chili Willi and the Red Hot Chili Peppers : Six Days on the Road

 

eddie and hte hot rodsEddie and the Hot Rods

Eddie et ses Hot Rods viennent du même endroit que Dr Feelgood, à savoir Canvey Island Comté d'Essex. Le groupe se forme en 1975 et pratique un rock garage (reprises de "Wolly Bully" de Sam The Sham & The Pharaos, "96 tears" de Question Mark). Ils sont les précurseurs du punk de par l'énergie qu'ils déploient sur scène. Voici le titre phare de leur 1er album : "Teenage Depression"

Eddie and the Hot Rods : Teenage Depression

101ers101ers

On conclut cette illustration musicale par les 101ers dont le leader n'est autre qu'un certain Joe Strummer qui s'illustrera ensuite avec le Clash.

101ers : Key to your Heart


L'héritage

Le pub rock est bien oublié aujourd'hui. Le punk a tué le pub rock mais sans ce dernier, il n'y aurait pas eu de punk, en Angleterre du moins. Par ailleurs les frontières entre les deux genres sont restées assez floues pendant longtemps. A un moment Eddie and the Hot Rods et les Sex Pistols furent considérés comme les rois du rock de la rue. Les Pistols ont joué en première partie des Blockheads de Ian Dury. Dr Feelgood a joué en première partie des Ramones à New York. Le fanzine punk Sniffin' Glue chroniquait l'album Stupidity de Dr Feelgood comme étant « ce que le rock devrait être ». le punk rock a aussi hérité de l'énergie du Pub Rock et de celle de Wilko Johnson, de sa violence et de son attitude provocatrice. On a pu décrire Dr Feelgood comme des prophètes, les saints Jean Baptiste du punk.Ce qui est correct si l'on conçoit John Lydon alias Rotten comme un Jesus Christ... Mais les punks refusèrent cet héritage car pour eux le Publ Rock était trop compliqué comme l'explique Steve Jones, le guitariste des Pistols : « Si l'on avait joué ces riffs compliqués on aurait sonné comme Dr Feelgood ou l'un de ces groupes de Pub Rock ». Pourtant on peut estimer que les punks avaient la mémoire courte car c'est un label indépendant, Stiff Records, créé à grâce à un prêt de 400 livres du chanteur de Dr Feelgood, Lee Brilleaux, que fût enregistré le premier single punk anglais « New Rose » des Damned.



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