La Louisiane, c'est la Nouvelle Orléans, mais c'est aussi les marais, le Bayou, les alligators, les lianes, une chaleur moite et une musique sensuelle, chaude, pas très loin du blues et du rythm'n blues, la musique cajun, la musique de Tony Joe White, authentique natif d'Oak Grove (Louisiane).

Born on the bayou

En effet, contrairement à Creedence Clearwater Revival et à son leader John Fogerty (« Born On The Bayou »), Tony Joe est né dans le bayou le 23 juillet 1943. Il n'est encore qu'un adolescent de 16 ans lorsque son frère Charles ramène à la maison un disque de Lightnin' Hopkins et entreprend d'apprendre à jouer de la guitare à son frère cadet. Ce dernier a été bercé non seulement par la musique country et le blues mais aussi par la variété locale de rythm'n blues, la musique cajun. Dès 1964, Tony Joe a son premier groupe, Tony White & His Combo.

Polk Salad Annie

Après plusieurs années passées à jouer dans les clubs, Tony Joe signe avec le label de Nashville, Monument Records en 1967. Il est produit par nul autre que Billy Swan (« I Can't Help »). Mais ce n'est pas l'explosion attendue. Pendant plus de deux ans et quatre singles, le succès se fait attendre hormis « Soul Francisco » qui marche bien... en France. « Polk Salad Annie », son plus gros tube à ce jour, est déjà sur le marché depuis plusieurs mois quand il entre dans le hit-parade en juillet 1969 pour finir à la huitième place. Son 1er album, Black And White, (1969) est enregistré à Muscle Shoals avec la crème des musiciens de studio. Outre « Polk Salad Annie », il y a aussi un autre classique de Tony Joe White sur cet album : « Willie And Laura Mae Jones ».

 

Polk Salad Annie

 

Les années 70

Trois singles et une tournée européenne (France, Allemagne, Hollande, Belgique, Angleterre) suivent ces premiers succès. Tony Joe White Live in Europe 1971 enregistré à cette époque et qui paraît en 1998 est emblématique de la musique de Tony Joe White : mélange de blues, de boogie, de rock magnifié par la guitare wha wha du louisianais qui est un maître en la matière. Cette période qui comprend les cinq premiers albums de Tony Joe ( Black and White (1969), Continued (1969), Tony Joe (1970), Tony Joe White (1971), The Train I'm On (1972 )), est la plus faste. Le chanteur guitariste crée une musique basée sur le blues (cf. sa reprise du feu de dieu de « Boom Boom » de John Lee Hooker). Dans le même temps, il s'affirme comme un compositeur de talent (« Roosevelt And Ira Lee ») qui sait raconter l'histoire des petites gens de la Louisiane, manier subtilement la pédale wha wha ("Even Trolls Love Rock & Roll"), ("Stud Spider") et se révèle être un excellent chanteur de rythm' n blues à la voix chaude et grave (« They Caught The Devil And Put Him In Jail In Eudora, Arkansas »). Mais si « Polk Salad Annie » a été reprise par rien moins qu'Elvis Presley et Tom Jones et que « Rainy Night In Georgia » qu'il a écrit, a été un tube pour Brook Brenton en 1970, Tony Joe reste un musicien pour musiciens.

 

Stud Spider

 

Les années 80

Peut-être que Tony Joe préférerait oublier cette décennie où il a tenté de s'adapter au disco et a enregistré trois albums qui n'ont pas changé la face du monde.

Les années 90

Ces années sont plus productives pour Tony Joe qui produit l'album de Tina Turner, Foreign Affair, (1989) et le tube « Steamy Windows » ce qui vaut à notre homme un contrat avec Polydor et un album Closer To The Truth (1991) qui marche bien.

Son dernier album, Deep Cuts, date de 2008. On ne peut cependant s'empêcher de penser que la meilleure période de Tony Joe est celle des 60's et 70's, une période où les rocks entrainants ne sont pas en infériorité numérique par rapport aux ballades parfois un peu vaines. Une période que l'on retrouve sur la magnifique compilation de 2006 publiée par Rhino Records, qui regroupe les 4 premiers albums de Tony Joe, : Swamp Music: The Complete Monument Recordings. Une compilation fortement recommandée si vous aimez votre rock chaud, sensuel, traversé d'éclairs guitaristiques de génie et magnifié par la voix d'un grand compositeur.