Les prescriptions du Dr Muller

Le plus blanc des guitaristes de musique noire

Johnny Winter a été et est encore un des plus grands guitaristes de blues-rock du monde. Il soutient largement la comparaison avec Eric Clapton, Peter Green ou Steve Ray Vaughan.


Le 23 février 1942 voit la naissance de John Dawson « Johnny » Winter III. Johnny possède une particularité avec son frère Edgar : il est albinos. Ce qui signifie qu'il a les cheveux blancs et qu'il ne voit rien ou presque le jour. Dès son plus jeune âge, il s'initie à la musique et apparaît dans un show local du Texas où il joue de l'ukele et chante des titres des Everly Brothers avec son frère.

Premier disque à 15 ans

Il n'a que 15 ans lorsqu'il enregistre son 1er single avec son groupe Johnny and the Jammers : « School Day Blues » sur un label local de Houston (Texas). C'est pendant cette période qu'il a l'occasion de voir et entendre ses héros : Muddy Waters, B.B. King et Bobby Bland.

The Progressive Blues Experiment

j winterC'est en 1968 que sort sur le label Sonobeat Records, son 1er album The Progressive Blues Experiment. Accompagné par Uncle Joe Turner à la batterie et Tommy Shannon à la basse, l'albinos livre un disque composé principalement de reprises (« Rollin and Tumblin de Muddy Waters, « Help Me » de Sonny Boy Williamson ) mais aussi d'originaux comme « Bad Luck and Trouble ». C'est à la fois un album de blues classique mais aussi un album qui ne dédaigne pas l'expérimentation dans l'air du temps.


Johnny Winter sur Columbia Records

jwinterLa chance de Winter se présente en décembre 1968 : alors qu'il est invité à monter sur scène lors d'un concert d'Al Kooper et Mike Bloomfield au Filmore East de New York, il est repéré par des cadres de Columbia qui lui proposent quelque jours après un contrat « historique  ». Le guitariste obtient ce qui à l'époque constitue la plus large avance consentie à un artiste : 600 000 $. Le 1er album pour Columbia, Johnny Winter , paraît en 1969. Le groupe qui accompagne le texan est le même que sur le précédent enregistrement avec toutefois l'arrivée d'Edgar Winter à l'orgue et au saxophone et la présence de la légende du blues, Willie Dixon, à la basse. On y retrouve le quota syndical de reprises (« Good Morning Little School Girl » de Sonny Boy Williamson) et d'originaux ( « I'm Yours & I'm Hers »).


Mean Town Blues

De Woodstock au second hiver

jwinterLa parution de l'album coïncide avec la ressortie de Progressive Blues Experiment par le label Imperial. La même année 1969, Winter participe à plusieurs festivals dont celui de Woodstock. C'est aussi à cette période qu'il enregistre avec son frère Edgar, devenu membre permanent du groupe qui l'accompagne, l'excellent Second Winter. Un album particulier dans la mesure où il s'agit d'un double album qui ne comporte que trois faces, la quatrième étant vierge. On retiendra plus particulièrement les versions de titres interprétés par Little Richard (« Slippin' and Slidin », « Miss Ann ») et aussi une réécriture dantesque du « Higway 61 Revisited » de Bob Dylan. D'ailleurs ce dernier fût tellement impressionné par la version de Winter qu'il l'adopta pour ses concerts. C'est dire... N'oublions pas le furieux « Fast Life Rider »  où Johnny donne toute sa mesure de guitariste surdoué.

Fast Life Rider

Légende urbaine

Il est temps de tordre le cou à une légende urbaine tenace : Johnny Winter n'a jamais jouré avec Jimi Hendrix et Jim Morrison sur le disque pirate soi-disant enregistré au New York City's Scene Club en 1968. Selon Winter « Je n'ai jamais rencontré Jim Morrison ! Il existe un album où l'on entend Jim et Jimi et je suis supposé jouer sur cet album mais ce n'est pas possible car je n'ai jamais rencontré Jim Morrison de ma vie. (…) Je ne sais pas d'où vient cette rumeur. » Dont acte.

Johnny Winter And

jwinterLorsqu'en 1970 Edgar Winter s'en va tenter une aventure solo et forme Edgar Winter's White Trash, c'en est fini du trio original. Winter forme alors un nouveau groupe avec le guitariste des McCoys (auteurs du hit 60's « Hang On Sloopy ») Rick Derringer, le bassiste Randy Jo Hobbs et le frère de Rick , Randy. Cette formation enregistre Johnny Winter And. La pochette de l'album est une magnifique photo noir et blanc qui met en valeur la blanche chevelure de l'albinos. Il comporte un titre composé par Derringer « «Rock and Roll Hoochie Koo » et l'excellente composition de Johnny : « Guess I'll Go Away ». Cette formation se met ensuite à tourner intensément (voir le disque Live Johnny Winter And). Mais les tournées incessantes font que Johnny use et abuse de substances illicites pour pouvoir tenir le coup (amphétamines pour le rush et héroïne pour la descente) . Cela s'entend d'ailleurs sur l'album live où certains titres comme « Whole Lotta Shakin Goin On » sont joués de manière frénétique, à 300 à l'heure.

Still Alive And Well

jwinterMais Johnny ne se laisse pas abattre, il entreprend une cure de désintoxication et revient aux affaires en 1973 avec Still Alive and Well, toujours vivant et en bonne santé... Sur l'album figurent des titres des Rolling Stones (« Silver Train », « Let It Bleed ») de Little Richard (« Lucille ») ou de Bob Dylan (« From a Buick 6 »). Un album moins blues-rock que les précédents, plus rock pour tout dire. Il en est de même pour le suivant Saints & Sinners qui comporte des compositions de Chuck Berry (« Thirty Days »), des Stones (« Stray Cat Blues ») ou de Leiber-Stoller (Riot In Cell Block #9 ».

Enregistrements avec Muddy Waters

mwatersC'est un rêve d'enfance de Johnny : jouer avec Muddy Waters, un rêve qui se réalise en 1977 avec Hard Again, disque pour le label Blue Sky Records, label créé par le manager de Winter et distribué par Columbia. Sur l'album, Winter joue de la guitare en compagnie de l'harmoniciste James Cotton. Un album à écouter toutes affaires cessantes pour, notamment, la version à tomber le cul par terre de « « Mannish Boy ». Winters enregistrera deux autres galettes avec le bluesmen, I'm Ready et King Bee sans oublier le live Muddy « Mississippi » Waters – live.


Mannish Boy


Suite et fin

Dans les années 80 Winter enregistre pour de nombreux labels et s'oriente plutôt vers le blues pur et dur. Il continue à se produire dans de nombreux festivals. Il a été nominé aux Grammy Awards pour I'm a Bluesman (2004) et a produit trois albums de Muddy Waters nominés aussi aux Grammy Awards.

Johnny n'est plus là, prêt à dégainer sa guitare pour un blues furieux ou mélancolique, c'est selon. Mais il vous reste ses enregistrements pour vous emmener dans un voyage au pays du blues et du rock, n'hésitez pas à vous embarquer avec lui !

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