Les prescriptions du Dr Muller

Wreckless Éric, Éric le déjanté

Eric Goulden dit Wreckless Eric est né de la rencontre du pub-rock et du punk. Le résultat ? Déjanté !

 

Le 18 mai 1954, la planète accueille un nouvel habitant : Eric Goulden. Celui-ci ne sait certainement pas encore qu'il sera plus tard un artiste culte. Par culte, on entend excellent mais réservé à une élite de connaisseurs. Pourtant son single de 1977 «( I'd Go The) Whole Wide World » est classé en 2001 parmi les 100 meilleurs singles punk par le magazine Mojo.

 

Wreckless Eric : (I'd Go The) Whole Wide World

Whole Wide World

wreckless eric1977, Wreckless Eric frappe à la porte de Stiff Records, la compagnie de disque anglaise qui signe tous les misfits, losers, originaux du rock anglais. Le 1er enregistrement d’Éric, « Whole Wide World » fait partie du sampler maison, A Bunch Of Stiff Records, en avril 1977. Le titre est produit par Nick Lowe (voir Rockpile) qui joue de pratiquement tous les instruments avec l'aide de Ian Dury à la batterie. Le titre est sélectionné par l'influent DJ John Peel qui officie à la BBC Radio 1. Le journal Sounds le classe parmi les meilleurs singles de l'année (n°8). La réputation de la chanson grandit au fil du temps et est interprétée par les Lightning Seeds, Mental As Anythings, les Monkees reformés, Les Proclaimers et Paul Westerberg, l'ex Replacements.

1er album

Le 1er album marche bien aussi et se classe dans le top 50. Avouons le, c'est un peu étrange. Car la musique de Wreckless Eric est à la fois entrainante, joyeuse, hilarante même mais aussi foutraque et dérangée. Car Éric est l'homme qui vous parle de Sémaphores qui lancent un SOS (« Semaphore Signals »), d'hygiène personnelle (« Personal Hygien ») et chante même dans un français, euh, approximatif (« Reconnez Cherie quand nous avons vivons » est le refrain de « Reconnez Cherie »). Ce qui emporte l'adhésion, c'est l'enthousiasme non dissimulé de Wreckless Eric et sa voix particulière mais aussi sa capacité à composer des titres mélodiques, accrocheurs et son sens de l'humour.

 

Wreckless Eric : Reconnez Cherie

Un verre ça va, …

wreckless ericMais, il y a un mais, Eric a un sacré problème : l'alcool. Il est ivre sur scène et en dehors et ses prestations scéniques sont pour le moins erratiques. Ce qui lui vaut la une de la presse musicale mais pas pour les bonnes raisons. Son deuxième effort, The Wonderful World Of Wreckless Eric, a le même charme alcoolisé que le 1er mais il ne rencontre pas le public parce que Stiff concentre ses efforts sur Ian Dury et Madness. Le troisième album, Big Smash, n'est pas mieux reçu que le précédent, de plus il est négligé par Stiff. Eric, écœuré, se retire de la scène musicale.

Captain Of Industry & The Len Bright Combo

Il se signale à nouveau à l'attention du public en 1985 avec un album enregistré sous le patronyme de Captain Of Industry où il est secondé par des musiciens de Ian Dury. En 1986, il sort deux albums avec le Len Bright Combo composé du bassiste Russ Wilkins et du batteur Bruce Brand qui tous deux ont joué avec les Milkshakes et Billy Childish. C'est du rock garage ("Shirt Whitout A Head", "House Burning Down") avec parfois des accents Velvet Underground (« Phasers On Stun », « Selina Through The Windshield ») avec un charme qui n'appartient qu'à Éric. Mais le groupe se sépare rapidement.

Len Bright Combo : Shirt Without A Head

La France

wreckless ericLa France ne le sait certainement pas mais elle a le privilège d'accueillir Wreckless Eric depuis 1986. C'est là qu'il publie L'album Beat Group Electrique en 1989. Il tourne ensuite en solo et avec un groupe composé d'André Barreau, basse et Catfish Trutton, batterie. Heureusement pour lui, il n'est plus un alcoolique à plein temps dans le pays de la vigne (!). Il retourne en Angleterre en 1998 où il écrit son autobiographie, A Dysfonctional Success – The Wreckless Eric Manual, où il raconte sa vie dans l'Angleterre du punk et ses déboires avec l'industrie de la musique. Il a aussi tourné avec les Damned en 2005, s'est marié avec Amy Rigby et est revenu dans les studios Stiff pour Wreckless Eric & Amy Rigby (2008). Il faut noter qu'après le Len Bright Combo, sa musique a changé et peut être comparée pour l'approche minimaliste à celle d'un Jonathan Richman : la même sincérité exprimée avec peu de moyens et d'artifices.

S'il ne fallait retenir que le meilleur de la discographie d’Éric, on conseillerait son 1er album Stiff et les deux albums du Len Bright Combo mais, bien sur, il n'est pas interdit de jeter un oreille attentive à toute l’œuvre de cet original qui fait tâche dans un paysage musical dominé par le marketing.


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