Lorsque l'on parle de DMZ ou des Lyres parle t'on de groupes ou de l'obsession d'un homme ? On peut se le demander car des 6 incarnations de DMZ aux 18 (!) versions des Lyres, un seul point commun : Monoman alias Jeff Conolly. Et pourtant, malgré ces incessants mouvements de personnel, la ligne et le son des Lyres ne changent guère : une musique dominée par l'orgue et la voix de Conolly, un son menaçant fortement teinté d'influences sixties.

DMZ

DMZ se forme en 1976 à Boston où à l'époque apparait une scène bourgeonnante. Rappelons que Boston est la ville où le Velvet Underground s'est réfugié après ses déboires New-Yorkais et que le « remplaçant » de John Cale au sein du Velvet, Doug Yule, était originaire de Boston. Boston est aussi la ville des Real Kids, du J. Geils Band, de Willie Alexander. C'est dans ce contexte que DMZ fait ses premiers pas. Des premiers pas fortement influencés par le 13th Floor Elevators, les Sonics, les Wailers (pas ceux de Bob Marley), les Troggs, les Pretty Things, les Standells, les Flamin' Groovies.

La particularité de Conolly, c'est, à l'époque, de jouer une musique oubliée tant des auditeurs que des hit-parades. Il a la faculté de déterrer des artistes inconnus, des perdants, des obscurs et d'en faire sa chose. Revenons à DMZ. Ils enregistrent un premier EP avec Craig Leon, le producteur du 1er album des Ramones, en 1977, puis signent avec Sire Records. Mauvaise idée ! Car comme avec les Dead Boys, le résultat n'est pas à la hauteur de ce que l'on peut attendre du groupe. Il est vrai qu'il est produit par Flo & Eddie, les ex Turtles qui ne sont pas exactement les producteurs idéaux pour un groupe proto-punk. Résultat des courses : séparation en 1979. On retiendra cependant qu'il faut écouter toutes affaires cessantes l'album Relics (1981) où figurent le EP précité et 5 démos dont « Can't Stand The Pain » des Pretty Things, "You're gonnas miss me" du 13th Floor Elevators et « Barracuda » des Standells. When I Get Off – The Classic Originals (1993) est aussi un album à posséder avec des reprises des Groovies, des Pretty Things, du Chocolat Watch Band. Il existe aussi un album live enregistré en 1976 et en 1993 (Live At The Rat - 1976 - 1993) lors d'une reformation qui permet de se rendre compte de la puissance du groupe sur scène.

 

You're Gonna Miss Me

Lyres

Que faire après DMZ sinon reformer un groupe ? C'est chose faite avec le guitariste de l'ex DMZ, J.J. Rassler. Cependant les autres ex DMZ (Rick Coraccio, Paul Murphy, Peter Greenberg) ont tous à un moment ou à un autre fait partie des Lyres. Mais quelle est la différence entre DMZ et les Lyres ? Cette différence, essentielle, est l'arrivée de l'orgue dans le groupe de Conolly. Alors que DMZ est plutôt un groupe à guitares, le son des Lyres est dominé par l'orgue de Monoman.

On Fyre – Lyres Lyres

Le premier album des Lyres, On Fyre (1984) est une merveille avec des titres tels que « Don't Give It Up Now », « Help You Ann » et sa fuzz guitare ou encore la version menaçante du « Tired Of Waiting For You » des Kinks. Lyres Lyres (1985) n'est pas mal non plus avec le vénéneux « She Pays The Rent » ou « No Reason To Complain » des Alarms Clocks. N'oublions pas l'hommage aux hollandais Outsiders avec « Teach Me Not To Forget You ». Précisons tout de même un point important : contrairement à la majorité des groupes néo-sixties qui se sont formés dans les années 80, les Lyres ou Jeff Conolly n'ont jamais tenté de recréer le son des groupes garage. Ils se sont toujours approprié les titres qu'ils ont emprunté. Ce qui fait qu'ils sont restés uniques de par cette sublimation d'influences que d'autres n'ont pas su dépasser.

Les Lyres n'ont guère été actifs pendant les 90's et les dernières nouvelles que l'on a d'eux datent de 2007 avec un single comportant deux classiques des Lyres « How Do You Know » et « Don't Give It Up Now ». C'est injuste mais c'est ainsi : malgré le fait qu'ils aient été les pionniers du renouveau du rock garage dans les 80's et qu'ils aient fait redécouvrir nombres de pépites garage-punk avant même qu'elles soient réédités dans une des nombreuses compilations parues pendant les 90's, DMZ ou les Lyres ne sont connus que d'une poignée d'esthètes rock. En ferez-vous partie ?

How Do You Know