Cub Koda. Qui ça ? Cub Koda ! Voyons quoi, le leader-chanteur-guitariste du groupe néo-glam de Detroit, Brownsville Station. Ah oui, vous avez du lire quelque chose, quelque part sur ce type et ce groupe. Reprenons, Brownsville Station est l'auteur de l'immortel « Smokin' In The Boys Room » (1973).

 

 

Smokin' In The Boys Room

Brownsville Station

Ce titre (les ados qui transgressent méchamment en fumant dans leur chambre, l'histoire ne dit pas quoi) est tout de même parvenu à la 3ème place des charts du Bilboard Hot 100 américain, s'est vendu à plus de 2 millions d'exemplaires, a été certifié disque d'or.

Le groupe, méprisé par la critique rock pendant ses quelques années d'existence en tant que groupe de Detroit, certes, mais pataud et handicapé par un look néo-glitter (pantalons patte d'éléphant, bottines à talon compensé et paillettes) n'en a pas moins laissé à la postérité des titres tels que « Kings Of The Party » (n° 31 en 1974) et le fabuleux « Martian Boogie ». Lorsque le groupe se sépare en 1978 après 7 albums, Cub Koda prend la route en solo.

Et Cub Koda, c'est un personnage. Ce dernier a commencé par jouer de la batterie (il avait 5 ans) puis forme son groupe, les Del-Tinos. Il a 14 ans. Le groupe joue (1963) un mélange de rockabilly, rock et blues. Les Del-Tinos enregistrent leur premier single en 1963, une reprise de Roy Orbison, « Go, Go, Go ». Il y en aura encore deux autres. Le groupe se sépare en 1966. Koda forme ensuite Brownsville Station en 1969. Le groupe se sépare en 1979.

Cub Koda solo

Cub Koda s'oriente ensuite vers l'auto-production et enregistre des titres où il joue de tous les instruments (That's I Like About The South - 1984 en France). Il s'avère que notre homme est un connaisseur et un authentique fan de blues (déjà en 1966, le dernier single des Del-Tinos, c'est « I Got My Mojo Working » de Muddy Waters). C'est encore plus évident lorsqu'en 1979, il débute une chronique pour le magazine « Goldmine », intitulée « Vinyl Junkie », le collectionneur fou. Puis Il devient un expert et un critique rock respecté. En 1980, il commence à jouer avec le groupe qui accompagne le bluesman Hound Dog Taylor, The House Rockers. Inutile de le préciser, la musique du groupe avec Koda est excitante, primitive, jouissive. La voix de Koda, sa guitare, l'assise sans faille du groupe derrière lui font que des titres tels que « Love Is A Damn Good Feeling », « Let's Get Funky » de H. D. Taylor, ses versions de « Jail Bait » et « Bacon Fat » d'André Williams, sont à écouter toutes affaires cessantes.

 

Bacon Fat

 

Danser

Certes la musique de Cub Koda n'a rien de progressiste mais l'homme réussit le tour de force de jouer une musique qui n'appartient qu'à lui. Un mélange de blues, de rockabilly, de doo-woop, de surf, de rock qui ne peut que vous faire danser ( « Ace Of Spades » de Link Wray, « Maybeline » de Chuck Berry, « King Of The Surf » des Trashmen). Cub Koda est un connaisseur reconnu mais pas pontifiant. Il va jouer pendant près de 15 ans avec les Houserockers (1er album en 1981, It's The Blues, dernier en 1996, The Joint Was Rockin') mais aussi avec un groupe nommé The Point avec lequel il fera de fort belles choses (cf. la version de « Cadillac Walk » de Moon Martin).

Résumons nous, il existe deux albums indispensables de Cub Koda. Le 1er est le Best Of Brownsville station, paru en 1993 sur Rhino Records et la même année, Welcome To My Job, une rétrospective des enregistrements de Koda hors Brownsville Station. Une rétrospective fort recommandable et recommandée.

Cub Koda a quitté notre planète le 1er juillet 2000. Il avait 51 ans. On ne peut que regretter la disparition de cet activiste du rock qui écrivait, animait une émission de radio, jouait, enregistrait une musique dont le principe de base était le plaisir de ses auditeurs : « Disons que si vous pouvez jouer une chanson qui donne du plaisir au public, vous la jouerez encore et encore » (Detroit Free Press – 1995). Sur un autre plan, si vous aimez, le blues revu et corrigé par le Gun Club ou Jon Spencer, vous devez absolument écouter Cub Koda. Les absents n'ont pas toujours tort...