Dans les années 70 Cleveland (Ohio) n'est pas exactement un endroit où l'on aurait envie de passer ses vacances. C'est là qu'en 1974 que Chris Cuda, Peter Laughner, Glen Hach (guitares) et Charlie Weiner (basse) sans oublier Tom Foolery à la batterie décident de former Rocket From The Tomb. Pendant l'année d'existence du groupe celui-ci connut quelques variations de personnel. Sachez que la formation « classique » comprenait David Thomas (futur Pere Ubu), Peter Laughner, Craig Bell, Gene 0'Connor (futur Cheetah Chrome) et Johnny Madansky (futur Johnny Blitz).

Rocket From The Tomb

Avec les origines précitées, il n'est pas surprenant que le seul enregistrement de Rocket From The Tomb, The Day The Earth Met The... Rocket From The Tomb (2002), consiste principalement en des versions embryonnaires de titres enregistrés plus tard par Pere Ubu (« Final Solution ») et par les Dead Boys (« Sonic Reducer », « Ain't It Fun », « 30 Seconds Over Tokyo »). Musicalement la chose est assise le cul entre deux chaises avec des influences Mc5, Stooges d'un coté et plus expérimentales de l'autre.

C'est la rencontre de Stiv Bators, de Cheetah Chrome et de Johnny Blitz qui donne naissance aux Dead Boys. A ce trio de base s'ajoutent Jimmy Zero à la guitare rythmique et Jeff Magnum à la basse. Comme vous l'avez sans doute remarqué, les patronymes de nos héros sont typiques de l'époque punk à l'instar de la génération vide, de pas de futur, ou de Johnny Pourri et Sid le vicieux. On peut donc considérer que les Dead Boys sont la réponse américaine au punk anglais.

Un jeu de scène outrageux

Le groupe quitte Cleveland et s'installe à New-York, encouragé en cela par Joey Ramone. Les Dead Boys et leur chanteur, Stiv Bators, deviennent rapidement connus pour leurs prestations scéniques outrageuses sur la scène du célèbre club CBGB. Il faut dire que Bators a bien révisé son petit Iggy Pop illustré et qu'il ne lésine pas sur la provocation mimant fellation et pendaison ou à l'occasion se frappant l'estomac avec son micro.

En 1977, ils enregistrent leur 1er album, Young, Loud and Snotty, produit (on se demande encore pourquoi) par Genya Ravan, ex chanteuse du groupe soul rock Ten Wheel Drive. Toujours est-il que plusieurs pépites amphétaminées figurent sur cet album, tel le furieux et emblématique « Sonic Reducer »,digne du « Search & Destroy » des Stooges, ou encore « Down In Flames ». Mais aux USA, l'époque n'est pas encore au punk et le disque se vend mal.

 

Sonic Reducer

Un second album décevant

Sire Records qui les a signé veut entrer dans la cour des grands, comprendre gagner de l'argent. La compagnie fait pression sur le groupe pour qu'il change de look et adopte un son plus « policé ». Ce second opus aurait du être produit par Lou Reed avec un titre plus parlant : Down To Kill. Mais cela ne se fait pas et Sire leur colle l'ex-producteur de Cream et bassiste de Mountain, Felix Pappalardi. Il en résulte un album mou du genou, We Have Come For Your Children, (1978) qui n'est pas à la hauteur de leur premier opus mis à part sur des titres comme « Flamthrower Love » et « Ain't It Fun ». On a même murmuré que le groupe avait fait appel au guitariste des Stooges, James Williamson, dans un ultime effort pour sauver l'album, mais en vain. En 1979, les Dead Boys jettent l'éponge mais ils doivent encore un disque à Sire. Pour se venger, le groupe enregistre un live où, sciemment, Bators chante à coté du micro... Sire hérite d'un album invendable ! Cet album refera surface en 1981 sur le label Bomp avec des vocaux refaits en studio.

 

Ain't It Fun

C'est la mort des Dead Boys mais Bators ne s'arrête pas là puisqu'il enregistre un album solo fortement influencé par les sixties, Disconnected, sur Line Records puis forme les Lords Of The New Church avec Brian James, guitariste des Damned et Dave Treguna de Sham 69. Ce fût le 1er super groupe punk.

Les Lords sévissent de 1982 à 1988, Stiv Bators qui avait en projet une association avec rien moins que Johnny Thunders et Dee Dee Ramone est renversé par une voiture, à Paris en 1990, et meurt des suites de ses blessures. Après le décès de Bators d'innombrables compilations, lives et raretés sont apparus sur le marché. Malgré une carrière météorique, les Dead Boys ont marqué le rock. Guns N' Roses et Pearl Jam, notamment, qui ont repris des titres du groupe en 1990 et 2000.