Les prescriptions du Dr Muller

Un voyage en enfer avec le C.A. Quintet

L'album du C.A. Quintet est unique dans le contexte des années 60 et au delà.


C'est l'histoire d'un groupe lassé de jouer des reprises pour les fêtes et dans les bars qui décide d'enregistrer un album ambitieux. C'est l'histoire d'un disque totalement méconnu à son époque qui refait surface quelque 20 ans plus tard. C'est l'histoire d'un album vénéneux, original, surprenant.

L'histoire

Le C.A. Quintet se forme en 1966 : il y a Ken Erwin, guitare, trompette, chant, Doug Reynolds, orgue, Tom Pohling, guitare, Jim Erwin, basse, Paul Samuels, batterie. Le groupe joue un rock garage dans l'air du temps comme en témoignent des titres tels que « Mickey's Monkey » ou « Blow to my soul ». Le nom du groupe n'a jamais vraiment été expliqué bien que Ken Erwin prétendait à qui voulait bien le croire que cela signifiait Cowboy Acid. Toujours est-il que de 1966 à 1969, le Quintet se produit principalement dans les bars et les petites salles où le public désire principalement entendre les succès du jour. Le groupe se produit dans le Minnesota, le Wisconsin, l'Iowa, le Nebraska, le Dakota du nord et du sud. Il n'est pas vraiment populaire et se cantonne à n'être qu'un juke-box vivant et lorsqu'il décide de jouer une musique plus difficile et personnelle, c'est le flop.

L'album

D'abord, il y a la pochette sombre, glaçante, reflet d'un monde désertique, inhospitalier, après la bombe H... Puis il y a la musique. Une musique que l'on n'a jamais entendue ni avant ni après. Une musique que l'on croirait enregistré en descente d'un mauvais acide coupé au speed. « Trip Thru Hell » est un instrumental de 9 minutes avec une basse omniprésente, une guitare qui ne lésine pas sur la distorsion, des chœurs tantôt angéliques, tantôt rampants, un orgue virevoltant et un solo de batterie qui n'est pas sans rappeler celui de « In A Gadda DaVida » d'Iron Butterfly. Les autres titres ne sont pas aussi démoniaques, encore que « Cold Spider » avec hurlements et feedback est bien dérangé aussi. Il y a aussi des choses comme « Bury Me In A Marijuana Field » qui ne sont pas mal non plus. Ce disque enregistré en 1969 ne ressemble à rien qui soit sorti à l'époque. On pense à un croisement entre Syd Barett pour les paroles obscures et non-sensiques, à Rocky Erickson pour le coté délire sous acide, aux Doors pour la manière menaçante, à Love pour les influences classiques, la trompette d'Erwin ajoute au tout une touche surprenante. Pourtant, si l'on en croit Ken Erwin, le leader du C.A. Quintet, ils n'avaient jamais touché aux drogues avant l'enregistrement de l'album. Après oui, cela voudrait-il dire que ce disque incite à la consommation de drogues ? Pas vraiment car à l'écoute, on peut se dire que ce voyage en enfer n'est pas vraiment de tout repos !

Trip Thru Hell

Cold Spider

Un voyage en enfer

Ce que le groupe ne savait pas c'était que le titre de l'album était prémonitoire. Tout d'abord, le disque ne sera pressé qu'à 700 exemplaires et même s'il se vend plutôt bien, il ne sera jamais repressé par Candy Floss, le label sur lequel il paraît. Par ailleurs, le propriétaire du label, un certain Peter Steinberg, un arnaqueur typique de l'époque, leur vole leurs royalties, 1200 dollars, et s'évanouit dans la nature. Ironiquement, Erwin note que s'il avait gardé quelques exemplaires de l'album, cela lui aurait bien plus rapporté.

Postérité

Comme indiqué précédemment, Trip Thru Hell est devenu un album mythique avec le temps. Il est réédité en 1983 en Angleterre par le label Psycho, en France par Eva la même année, aux USA par Sundazed en 1994 et 1995. En 1971, c'est fini pour le C.A. Quintet. La conclusion est pour Ken Erwin « C'était une époque (les 60's) où 90 % des chansons parlaient de « véritable amour », de « cœurs brisés », de « sucre, sucre » et « chérie, oh chérie ». Cela me fait rire car je suis sur que 30 après, les auteurs de ces chansons préféreraient écouter autre chose. Peut-être que si j'avais composé une « chanson d'amour stupide » à l'époque, nous aurions été plus connus. Je suis personnellement très fier que nous ne l'ayons pas fait » (http://home.unet.nl/kesteloo)

Bury Me In A Marijuana Field

 

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