Les prescriptions du Dr Muller

The Monks : le rock'n roll est une religion


S'il existe un équivalent des Sonics pour le son, la violence, la rage, c'est bien des Monks dont il s'agit !

 

monksLorsque l'on parle de groupes de rock dérangés, en dehors de leur époque, on pense à Captain Beefheart, aux Fugs, au Velvet Underground, aux Sonics. Et puis l'on découvre les Monks. En général, cette découverte ne date pas de l'époque où le groupe était en activité à moins d'avoir vécu en Allemagne entre 1965 et 1966. Non, mais cela n'occulte en rien l'étonnement que l'on peut ressentir. Quoi ? Ces types jouaient cette « musique », à cette époque ? Incroyable...

 

 

La corde au cou

Et incroyable est le terme adéquat. Imaginez cinq types tout de noir vêtus, arborant une tonsure de moine et portant une corde au cou en guise de cravate qui jouent une musique tribale, bruitiste, basée plus sur le rythme que sur la mélodie, noyée dans le feed-back et la distorsion avec un chanteur-hurleur et vous aurez une petite idée des Monks. Quant aux paroles : « Complication, complication, les gens gens crient pour toi, les gens meurent pour toi »...

Les cinq Monks (Gary Burger, guitare/vocaux; Larry Clark, orgue/vocaux; Dave Day, guitare rythmique, vocaux; Roger Johnston, batterie/vocaux et Eddie Shaw, basse/vocaux) sont tous d'anciens GI's stationnés en Allemagne. A leur libération en 1964, ils montent un groupe de rock, The Torquays. A l'époque rien ne les distingue de la concurrence, ils jouent un rock basé sur les riffs de Chuck Berry et sur l'imitation du Mersey Beat. Mais ils ont autre chose en tête. Comme l'affirme le bassiste Eddie Shaw : « Nous nous somme débarrassés de la mélodie. Tout était basé sur le rythme. Bam bam bam ». Le guitariste Gary Burger, quant à lui, découvre les joies du feed-back : « imaginez le bruit du Titanic qui s'écrase sur un iceberg. C'était comme découvrir le feu ». N'oublions pas une autre particularité : rapidement le guitariste rythmique abandonne la guitare pour le banjo dont il joue avec des cordes de guitare.

Black Monk Time

monksÉvidemment leur apparence et leur musique sont loin de faire l'unanimité mais c'est le but recherché même quand un spectateur excédé par ce blasphème musical se rue sur scène pour agresser le guitariste. Après avoir tourné intensivement en Allemagne, il leur arrivait de jouer huit heures d'affilée, le groupe enregistre son unique album en novembre 1965, Black Monk Time. Un O.V.N.I à cette époque.

L'affaire débute par leur thème « Monk Time » sur lequel s'époumone Burger qui délivre une violente diatribe sur la guerre du Viet-Nam : « Pourquoi est-ce que vous tuez tous ces gosses au Viet-Nam ? ». Le second titre « Shut Up », avec son rythme martial, évoque pour le biographe du groupe, Will Bedard, les troupes SS massées à la frontière Russe avant l'attaque de juin 1941. « Vos gueules, ne parlez pas ! ». Ensuite, c'est « Boys Are Boys And Girls Are Choice » avec basse fuzz en avant et orgue et guitare qui égrène un solo distordu. Quant à « Higgle-Dy-Piggle-Dy », c'est un mélange de Diddley Beat et de Yodel avec guitare en furie. On passe ensuite à « I Hate You » où Burger crache : « Je te hais avec passion, chérie », les chœurs lui répondent « mais appelle moi ». Le solo de guitare de Burger est du bruit pur, un bruit que n'aurait pas dédaigné John Cale, le violoniste du Velvet Underground. « Oh, How To Do Now » est toujours aussi tribal avec son rythme scandé par la batterie et le banjo et les musiciens qui répètent le thème ad libitum. Puis, c'est le sommet du disque « Complication », une pure agression sonique avec guitare et banjo en guise de lance-roquettes et mitrailleuse. Brule, chérie, brule...

 

The Monks : Boys Are Boys And Girls Are Choice

The Monks : Complication

 

Le reste du disque est à l'avenant. Il est intéressant de préciser que le son de l'album est un fidèle reflet du groupe sur scène comme l'indique Gary Burger : « Ouais, on sonne de la même manière sur l'album et sur scène ».

L'originalité des Monks

monksSi à l'époque le blues des Yarbirds évolue vers le psychédélisme et la couleur, la musique des Monks est en noir et blanc, un peu comme le Procès d'Orson Welles. Si vous désirez vous procurer le disque original, sachez qu'il vous en coutera quelque 1000 €. Mais rassurez-vous, il existe des rééditions de cet albums et des singles qui ont suivi.

Après la parution du disque, le groupe continue à tourner en première partie des Creation, des Kinks ou des Troggs et de la Jimi Hendrix Experience. Selon Gary Burger, Hendrix se serait intéressé de près à son utilisation du feed-back. Le même Hendrix aurait aussi affirmé que les Monks ne ressemblaient à rien de ce qu'il ait pu entendre, ce qui n'est pas forcément un compliment.

Mais (est-ce étonnant ?), le succès n'est pas au rendez-vous malgré des tentatives plus commerciales comme le single « Cuckoo ». Le groupe tourne en Suède puis projette, en 1967, de se rendre au Vietnam. Cela ne se fera jamais. C'est terminé, le monde ébahi ne reverra certainement pas d'autres Monks car la technologie ne pourra jamais recréer leur folie et aussi parce que le rock n'est plus, pour beaucoup, qu'une carrière comme une autre...

 

 

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