Les prescriptions du Dr Muller

Jerry Lee Lewis, la musique du diable

En 1964, le "killer" prouve qu'il est le roi du rock'n roll

 

1964, Jerry Lee Lewis est au plus bas de sa carrière ce qui ne l'empêche pas d'être toujours un fantastique showman . La preuve avec ce Live At The Star Club à Hambourg.

 

Au milieu des années 60, tout va mal pour l'un des plus sauvages rockers que la terre ait porté. Le pianiste-chanteur Jerry Lee Lewis qui gagnait 10 000 dollars par concert n'en touche plus que 250 et en est réduit à faire le circuit des clubs pour survivre. En cause, le scandale provoqué en 1958 par la découverte par un journaliste britannique qu'il était marié à sa cousine de 13 ans, Myra Gale. Il s'ensuit alors un scandale retentissant d'autant plus qu'on apprend ensuite que Lewis s'est marié alors qu'il n'avait pas fini de divorcer avec sa seconde épouse.

Le prétendant déchu

Pour celui qui était un prétendant au trône du roi Elvis Presley, c'est un sacré coup dur. Il se réfugie en Europe où l'ostracisme à son égard est moins fort. Il joue en Angleterre, à Paris et en Allemagne au Star Club de Hambourg. Oui, le même Star Club où se sont illustrés les Beatles.

En ce printemps de 1964, Jerry Lee Lewis est toujours réputé pour ses shows furieux où il se déchaine littéralement comme s'il était possédé par le diable en personne. Jerry Lee joue avec les pieds, dos au piano, monte sur le piano, met le feu à son piano. Il a appelé son show The Greatest Show on Earth, le plus grand spectacle du monde et on doit avouer que lorsqu'on écoute ce Live At The Star Club on est obligé d'admettre qu'il n'a pas tout à fait tort.

Live At The Star Club

jerry lee lewisL'album est un "best of" sur scène mais pas seulement. C'est aussi l'un des meilleurs disque live de l'histoire du rock, pas moins. Pour ce show, Lewis est accompagné par le groupe Mersey Beat, The Nashville Teens (cf. «Tobacco Road »). Lewis débute par « Mean Woman Bues ». Déjà, il est up tempo et le groupe peine à suivre puis il augmente la cadence avec « High School Confidential » et « Money ». « Matchbox » de Carl Perkins suit, le tempo s'accélère encore, le public hurle : « Jerry, Jerry ». Lewis cogne littéralement son piano et enchaine sur « What'd I Say » de Ray Charles. On a surnommé Jerry Lee Lewis, « The Killer » et ce soir là, c'est ce qu'il est, un tueur. Il semble que toute la rage accumulée, la déception de ne pas avoir été le roi du rock'n roll s'exprime lors de ce concert en particulier. Il est impérial au piano, glissandos, rythme frénétique. Il se déchaine. Les Nashville Teens moulinent sévère derrière pour suivre un tempo de plus en plus furieux, le public hurle : « Jerry, Jerry ». Vient ensuite « Great Balls Of Fire » qui ne calme pas le jeu, au contraire, encore plus fort, plus vite, comment fait-il ? Il enchaine sur tempo encore plus rapide avec « Good Good Miss Molly », martelé au piano. Les Nashville Teens se surpassent pour suivre le « Killer ». Jerry exulte, « ah, ah, je vous ai bien eus » semble t'il dire. Il continue sur sa lancée avec « Lewis Boogie » et un superbe « Hound Dog » . Rire de Jerry Lee qui enchaine sur "Long Tall Sally" de Little Richard, piano endiablé, le tempo est encore plus rapide si possible, Jerry, limite hystérique, hurle plus qu'il ne chante. Puis c'est le final « Whole Lotta Shakin' Going On » où Jerry martèle, martèle, martèle le riff, danse avec le diable, le rythme ralentit comme pour préparer l'explosion finale qui se produit dans une frénésie piano, voix, « shake, baby, shake ». Hurlements du public : « Jerry, Jerry, Jerry ».

 

Jerry Lee Lewis : Great Balls Of Fire

 

 

Jerry Lee Lewis : Whole Lotta Shakin' Going On

Les voies du seigneur sont impénétrables

jerry lee lewisCe soir là, Jerry Lee Lewis enterre la concurrence. Ce concert est un monument et si vous ne deviez posséder qu'un seul album en public, c'est celui là. Il faut l'entendre pour le croire. Peut-être que ce jour là, Jerry Lee était possédé par un diable qu'il a toujours, à la fois, revendiqué et combattu. Car Jerry Lee qui vient du sud profond des USA a été marqué par son éducation religieuse protestante et puritaine. Il a débuté en chantant du gospel à l'église puis s'est intéressé à la musique du diable, le blues, qu'il allait écouter avec son cousin, le futur télé-évangéliste, Jimmy Swaggart à Haney's Big House, un bouge tenu par un de ses oncles. Il est ensuite devenu ce pianiste-chanteur qui soulève les foules avec un show sauvage, animal, furieux que l'on peut écouter sur ce Live At The Star Club. A la question, comment se fait-il qu'une éducation religieuse stricte ait pu déboucher sur une carrière de chanteur qui appelle tous les soirs à la débauche, on pourrait répondre que « les voies du seigneur sont impénétrables »...

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