Les prescriptions du Dr Muller

Un groupe animal

 

The Animals doivent leur patronyme à leur jeu de scène sauvage. Sauvage pour l'époque (1964) s'entend. Rien à voir avec les Stooges ou le MC5 mais il n'en demeure pas moins que l'énergie dégagée par les cinq animaux était tout à fait réjouissante.

 House of the rising sun

animalsLes Animals sont originaires de Newcastle. C'est là qu'un jour de 1963 qu'un certain Eric Burdon rejoint le groupe d'Alan Price, The Alan Price Rhythm and Blues Combo qui comprend dans ses rangs le susnommé Alan Price à l'orgue, Hilton Valentine à la guitare, Chas Chlander à la basse et John Steel à la batterie. Remarquez que The Animals sonne mieux et surtout est plus facile à retenir qu'Alan Price... Cependant, on ne peut pas dire que le groupe casse la baraque à Newcastle. Ce qui fait que lorsqu'ils ont un contact avec le manager des Yarbirds, Giorgo Gomelsky, ils foncent à Londres et deviennent résidents du club de Gomelsky, le Crawdaddy. A l'époque, ils jouent un rythm'n blues très roots (Jimmy Reed, John Lee Hooker, Ray Charles). Ils se font remarquer et signent avec Columbia, un label d'EMI. Leur 1er single "Baby Let Me Take You Home" ne marche pas trop mal. Le second par contre... Le second single, c'est le tube des deux cotés de l'Atlantique, c'est "Le pénitencier" de ce coté ci de la Manche et "The House Of The Rising Sun" de l'autre coté. La voix de Burdon, la guitare de Valentine, l'orgue de Price, tout concourt à faire de cette reprise du bluesmen Joss White un succès qui propulse le groupe en tête des charts. Mais il y a des a-cotés pas très clairs qui vont ensuite pourrir l'ambiance dans le groupe. Le titre a été réarrangé par tout le groupe mais c'est Alan Price qui est crédité sur la pochette. Il est entendu que les bénéfices seront partagés égalitairement mais, à ce jour, aucun Animals hormis Price n'a vu un centime ou une livre ou un euro des droits perçus sur les ventes de ce tube planétaire. Sympa, non ?

 

House of the rising sun

A la suite d'"House Of The Rising Sun", les Animals vont truster les charts pendant deux ans, sous la houlette du producteur Mickie Most, avec notamment une version de "Bring It On Home To Me" de Sam Cooke et "Don't Le Me Be Misunderstood" de Nina Simone. A cette époque, ils sont les concurrents directs des Rolling Stones et des Beatles. Ils se différencient des autres groupes de la première vague de ladite British Invasion par la voix puissante de Burdon et l'utilisation de l'orgue pratiquement à égalité avec la guitare, ce qui enrichit leur son. Pour l'heure, les Animals sont en plein rêve. Lors de leur passage à l'Ed Sullivan Show, le groupe est reçu à New York avec une Cadillac pour chaque membre et dans la Cadillac, un top model. Un rêve qui se poursuit pendant l'émission où ils interprètent deux titres accompagnés par les hurlements hystériques des fans féminins.

 Price s'en va, le manager aussi, avec l'argent

Mais, en mai 1965, Alan Price quitte le groupe. Il prétend que c'est parce qu'il ne supporte pas les voyages en avion. Mais, on soupçonne que les relations entre Price et Burdon ne sont pas au beau fixe d'une part et que d'autre part Price a fortement envie d'une carrière solo. Il est remplacé successivement par Mick Gallagher et par Dave Rowberry. Cela n'empêche pas les Animals de faire d'autres tubes avec "We Gotta Get Out Of This Place" et "It's My Life". Fin 1965, le groupe en a assez des titres que l'usine à tubes de Most lui concocte. Il veut jouer une musique moins commerciale. En conséquence, il quitte Columbia pour Decca où il  bénéficie de la liberté artistique. Mais et malgré deux titres qui marchent bien ("Don't Bring Me Down" et "See See Rider"), le groupe se sépare alors qu'il est dans une impasse financière. En effet, leur manager, Michael Jeffery, les a escroqués et ils n'ont rien vu des bénéfices engrangés par leurs enregistrements, une histoire malheureusement commune à une époque où les groupes sont avant tout motivés par l'envie de jouer et n'ont guère envie de vérifier la comptabilité...

 Nouveaux animaux

Décembre 1966, Eric Burdon remet le couvert avec les New Animals qui se transformeront en Eric Burdon And The Animals. Ceux-ci outre Burdon sont Barry Jenkins (qui a remplacé John Steel) à la batterie, le muti-instrumentiste John Weider (plus tard avec Family), Vic Briggs, à la guitare, Danny Mc Culloch à la basse. Tout ce joli monde s'embarque pour la Californie où le mouvement hippie se développe. Un mouvement dont le groupe devient l'un des hérauts. Il a quelque succès avec "San Franciscan Nights", "Monterey", un hommage au festival du même nom, et "Sky Pilot". Mais la valse des musiciens n'est pas terminée puisque le groupe voit l'arrivée de Zoot Money à l'orgue et même d'un certain Andy Summers (oui, le futur Police). Après avoir sorti deux titres à l'international, le fabuleux "Rings Of Fire" et une version dantesque du "River Deep Mountain High" d'Ike And Tina Turner, le groupe se sépare définitivement en 1969. Notons que Burdon maintenant âgé de 67 ans ne renie rien de ses engagements de l'époque : "Pendant les années de la guerre du Vietnam, sans aucun plan ou stratégie pré-déterminée, la communauté de la jeunesse internationale s'est regroupée magiquement et inexplicablement. Je suis fier d'en avoir fait partie. L'ennemi de l'époque du Vietnam n'a pas changé depuis l'attaque du Golfe du Tonkin. L'Amérique y a perdu une génération. Etait-ce une vraie guerre ou juste une expérimentation de la terreur ?" (interview du site Crawdaddy)

 Eric Burdon & War

Après les Animals, Eric Burdon rejoint le groupe de Soul/Funk War avec lequel il enregistre deux albums à écouter absolument. On peut aussi citer deux reformations des Animals. La première en 1976 avec à la clé l'album Before We Were So Rudly Interrupted (1977) et la seconde en 1983 avec Alan Price qui débouche sur le LP Ark. La suite est plus confuse entre les incarnations du groupe par Eric Burdon And The Animals d'un coté et de l'autre avec une reformation autour du batteur original, John Steel.

 

Si vous ne connaissez pas les Animals, je vous suggère de les découvrir avec leur 1er album The Animals (1964), Animalisms (1966) est aussi un excellent opus des Animals sans Alan Price. Quant à  la deuxième version du groupe, Love Is (1968) est tout à fait recommandable. Pour conclure, écoutons Burdon qui tourne toujours en 2009 expliquer pourquoi il est encore sur la route "C'est mon devoir, c'est ma vocation. Sans la musique, sans les films, sans les livres, je me sentirai sans âme." (ibid).

 

 

The Animals : It's My Life

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