Daniel Jeanrenaud, les Kingsnakes, les Hot Pants, trajectoire d'une vie rock'n'roll
Le suisse Daniel Jeanrenaud est l'archétype du rocker. Sa vie, cabossée, est celle d'un puriste, d'un dévot qui ne désire qu'une chose : se consacrer entièrement, uniquement à sa passion.
Les débuts ou comment naît une vocation
En 1972, à l'âge de 12 ans, Daniel Jeanrenaud fait une découverte qui va bouleverser sa vie : « wapbapaloopabbapoolaboom », le refrain de « Tutti Frutti » de la reine du Rock'n'roll, Little Richard. C'est décidé, il a trouvé sa voie « Je vais être rock’n’roller ». Il n'en a toujours pas démordu. Puis après cette révélation, il se met à fréquenter un gang de motards mais sa vocation première le rappelle d'autant que comme il le dit « à quatorze ans, je savais jouer « Johnny Be Good » par cœur ». Puis avec quelques autres frappés comme lui, il monte un groupe punk dont il mesure le succès à l'aune des 5000 personnes qui leur jetaient des canettes au Festival de Jazz de Montreux.
Si vous allez à San Francisco
A 18 ans, il se marie avec la jeune violoncelliste du Kronos Quartet part et part pour la Mecque des hippies : San Francisco. C'est là qu'il se dit qu'il lui faut monter un groupe. C'est chose faite avec les Kingsnakes qui sont un peu un des Flamin' Groovies bis puisque le groupe comporte deux ex-Groovies période Roy Loney : le batteurt Danny Mihm et le guitariste James Ferrel sans oublier l'autre guitariste, Karl Manilowsky et le bassiste José Moita qui ont du fricoter avec Roy Loney et ses Phantom Movers. Très vite, il se retrouve à traîner avec de mauvaises fréquentations, en l’occurrence le Killer Jerry Lee Lewis et Carl Perkins. Il raconte même avoir prêté sa guitare à Chuck Berry qui joue « Nadine » avec cette dernière et qui lui aurait dit « Maintenant que j'ai joué « Nadine » sur ta guitare, tu peux la baptiser « Nadine » » . Cependant rien ne garantit l'authenticité de l'anecdote car Jeanrenaud se contredit à ce sujet. Dans une autre interview (Maxime Jammet pour Supersonic), il affirme « Non, c'est une connerie du manager ça. (…) Je lui ai prêté ma Gibson de 1951 c'est vrai parce qu'il avait pété une corde sur la sienne. Il a joué « Nadine » avec , c'est vrai aussi ». L'anecdote peut sembler futile mais elle révèle un trait de caractère essentiel du personnage : sa passion du rock'n'roll.
Les Kingsnakes, rois serpents du rock'n'roll
les Kingsnakes outre le fait d'être un groupe de scène fantastique n'étaient pas un sous produit des Flamin' Groovies, loin de là. Le gang a sorti un flexible en 1983 puis un maxi 45 Tours en 1983 sur New Rose, How Tuff. Il faut compter aussi deux albums Roundtrip ticket chez New Rose en 1985 et More, produit par Jeff Eyrich (Plimsouls) sur Wanted en 1988. Et la musique direz-vous ? Excellente, cela va sans dire.
Le premier album comporte deux pépites à écouter de toute urgence si vous aimez votre rock fun et diablement entrainant :
Roundtrip Ticket
The jerkin' stomp
Du second album, on écoutera avec intérêt le titre éponyme qui mélange rock et rythmes latinos.
More
Mais il y a aussi le maxi «How Tuff et sur ce disque l'époustouflant
I Believe i'm in love
Et cerise sur le gâteau Roy Loney qui chante sur
Rock'n'roll House
Mais le groupe splitte après ces deux albums. Difficile de jouer ensemble lorsque l'on vit sur deux continents différents. C'est alors que les Hots Pants deviennent le groupe de Jeanrenaud. Les Hot Pants ne laisseront qu'un seul album à la postérité : Loco Mosquito . Le groupe a aussi la particularité d'avoir parmi ses membres un certain Manu Chao qui aura la carrière que l'on sait avec la Mano Negra. Toujours est-il que Manu Chao et Jeanrenaud joueront quelques années ensemble.
Si vous ne parvenez pas à dénicher ces albums et maxis, rassurez-vous, il vous reste encore la compilation « Georgette) parue en 1993.
Hot Pants : « I'm Ready »
« Tant que je ne suis pas mort, le Rock'n'roll n'est pas mort »
Après 1997, Jeanrenaud s'exile à Londres où il joue dans le métro mais aussi tous les soirs au Marathon Kebab sur Chalk Farm Road. Un bar où viennent l'entendre Robert Plant, Noël Gallagher, Paul Weller, Amy Winehouse ou Jack White des White Stripes. Jeanrenaud semble donc être la vivante négation de l'adage les français et le rock ça fait deux. Il monte ensuite un trio, les Camden Cats, qui joue régulièrement au Blues Kitchen. Mais ce qui caractérise le mieux Jeanrenaud c'est son attitude envers le star-system et la célébrité : « Je joue du rock’n’roll. C’est ça mon truc. Que ce soit dans des trains ou des stades – je m’en tape. ». Une profession de foi punk/rock'n'roll en quelque sorte mais pour terminer avec une bonne nouvelles sachez que les Kingsnakes se reforment. Dans quelle formation ? Mystère !
Camden Cats : Camden Cat
On a donc avec Daniel Jeanrenaud, un drôle de paroissien : fils de prêcheur pentecôtiste, fan de Little Richard à 12 ans, leader des Kingsnakes à 18 ans, fumeur de free-base avec Sly Stone à 20 ans, leader des Camden Cats et de nouveau leader des Kingsnakes. Cet homme ne s'est jamais abaissé à faire autre chose que ce qu'il aime : le rock'n'roll et c'est pour ça qu'on l'aime...
Interviews de Daniel Jeanrenaud : Maxime Jammet (2016) pour Supersonic
https://www.buzzonweb.com/2019/05/kingsnakes-are-back-rencontre-avec-daniel-jeanrenaud
https://www.vice.com/fr/article/68nyw5/daniel-jeanrenaud-rock-star-camden-metro
