Les prescriptions du Dr Muller

Histoires Rock - Bubble Gum Music, de la musique à mâcher

« Yummy Yummy Yummy, I got love in my tummy». Cet extrait du tube d'Ohio Express révèle la véritable nature de la Bubble Gum Music : 2' 30 de rock adolescent préfabriqué pour les hit parades

 

En pleine vague hippie, en 1967, apparaît ce que l'on nommera la « Bubble Gum Music ». La paternité de l'expression revient aux producteurs de Buddah Records, Jerry Kasenetz and Jeff Katz. La profession de foi de Buddah Records est édifiante : « Lorsque Buddah Records a été créé, il y a deux ans, la plupart des chansons avaient pour sujet la guerre et la dépression. A l'époque, nous avons pensé qu'il y avait une place pour un nouveau style de musique qui rendrait les gens heureux. Alors nous avons réuni deux jeunes producteurs, Jerry Kasenetz et Jeff Katz, qui avaient quelques idées pour une musique qui vous rendrait heureux. Elle fût nommée Bubble Gum Music ».

Un objectif : vendre

L'objectif premier de cette musique qui vise les pré-adolescents et adolescents est tout d'abord de vendre. Pour cela, la recette est simple : des refrains chantés à l'unisson, des paroles simples voire simplistes, quasiment enfantines, des sous-entendus sexuels et des riffs accrocheurs. Kasenetz et Katz avec l'aide de talents comme celui de Joey Levine créent alors une forme musicale toujours présente plus de 30 ans après son apparition. Il est cependant difficile de caractériser précisément le genre. Comme le dit le critique Dawn Eden de Mojo Magazine « La Power Pop vise votre cœur et vos jambes. La Bubblegum s'attaque à toutes les parties de votre corps qu'elle peut du moment que vous achetez le putain de disque. »

Simon Says

ohio expressOn date généralement la naissance du genre avec le 1er succès de 1910 Fruitgum Company, « Simon Says » et celui de l'Ohio Express, « Yummy, Yummy, Yummy ». Ce genre trouve ses racines dans ce que les américains nomment la « novelty music », c'est à dire les pochades, les parodies et le rock Psyché-Punk avec lequel la Bubble Gum Music partage une forme qui privilégie la simplicité, l'attitude et les mêmes trois accords. Pour exemplifier cette comparaison osée, citons les Shadows Of Knight qui enregistrèrent « Shake » pour Buddah Records en 1969 ou encore Ohio Express dont les deux premiers singles étaient des reprises : « Beg, Borrow And Steal » des Rare Breed et « Try It » des Standells (écrit par Joey Levine ainsi que « Shake »).

 

Ohio Express : Yummy Yummy Yummy

 

Ohio Express : Shake

Des groupes de studio

.La grande majorité des groupes de Bubble Gum, souvent, n'existent que sur le papier. Et s'ils existent réellement, ils sont obligés d'en passer par les désidératas du propriétaire de Buddah, Neil Bogart. Par exemple, The Lemon Pipers, auteurs de l'immortel « Green Tambourine » savaient que s'ils n'enregistraient pas ce morceau, ils se feraient virer par Bogart. Un morceau qui se classa à la 1ère place du hit parade, le bon titre au bon moment.

 

Lemon Pipers : Green Tambourine

Singles et one-hit-wonders

1910 fruitgum companyLe genre est prédominé par les singles. Même s'il existe des albums de groupes comme Ohio Express ou Lemon Pipers et autres, la production Bubble Gum est orienté par la présomption que les adolescents et pré-adolescents ont peu d'argent à dépenser en disques et donc qu'ils s'orientent de préférence vers les 45 tours. La grande majorité des groupes est ce que l'on nomme des « one-hit wonders », un tube et puis s'en va. C'est le cas des Royal Guardsmen (« Snoopy Vs. The Red Baron »), des Music Explosion (« Little Bit O' Soul »), de Crazy Elephant ( « Gimme Gimme Good Lovin »).

 

Crazy Elephant : Gimme gimme good lovin

On situe l'apogée du genre avec la parution en 1969 du single des Archies, « Sugar, Sugar », le 45 tours le plus vendu de 1969. L'ère initiale se poursuit avec des groupes comme The Partridge Family, The Osmonds et avec le Glam-rock et Gary Glitter, Alvin Stardust, T. Rex. On peut aussi considérer que les groupes produits par le duo Nicky Chinn/Mike Chapman comme Sweet, Mud, Suzy Quatro s'apparentent au genre.

Cette musique décriée comme commerciale a pourtant été revendiquée comme influence par des groupes comme les Ramones qui ont repris « Indian Giver » et « Little Bit 0' Soul ». Les Talking Heads jouaient live « 1-2-3 Red Light » de 1910 Fruitgum Company. En France, les Dogs ont repris « Down At Lulu's » d'Ohio Express. On peut estimer que c'est sa simplicité et son coté « Fuck art, let's dance » qui a séduit les punks sans oublier comme on l'a dit précédemment les racines Psyché-Punk de la chose. Pour conclure, il faut savoir qu'entre 1967 et 1975, on a enregistré 1267 titres apparentés à la Bubble Gum Music. Pas si mal pour un « sous-genre ».

 

Ohio Express : Down At Lulu's


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