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Les années 50
Screamin' Jay Hawkins : Je t'ai jeté un sort
Sans lui pas d'Alice Cooper, d'Arthur Brown, de Dr John, de Black Sabbath, de Marilyn Manson, sans lui pas de théâtre grand guignol rock. Non rien de tout ça sans Jalacy « Screamin » Hawkins. Un Screamin' Jay Hawkins toujours d'actualité car en ces temps viraux, américains et chinois peuvent à juste titre dire : "Je t'ai jeté un sort".
La genèse
Imaginez un peu : sur la scène un cercueil dans la fumée et le brouillard. Soudain en jaillit un énergumène noir affublé d'une cape à la Comte Dracula . L'énergumène hurle : « Je t'ai jeté un sort ». Le dément c'est Screamin' Jay Hawkins, le morceau c'est « I Put A Spell On You ». Au départ ce titre n'est qu'une ballade anodine enregistrée fin 1955. Mais en 1956, Jay la réenregistre sous la houlette du producteur Arnod Maxin. Ce dernier amène des munitions dans le studio : des cuisses de poulet et du vin en grande quantité. Comme le raconte Jay Hawkins : « Je ne me rappelle même pas avoir enregistré le morceau. Avant ça, je n'étais qu'un chanteur de blues normal. J'étais juste Jay Hawkins. Puis tout s'est mis en place : c'était bien mieux de bousiller la chanson et de hurler à la mort ». Dont acte puisque ces hurlements ont permis à Jay Hawkins de devenir célèbre.
La route vers la gloire
Cependant tout ne se passa pas facilement. En effet la version hurlée du morceau fût censurée par la plupart des programmateurs radio pour son style outrageux et cannibale. Une version expurgée des grognements et hurlements fut enregistrée mais la censure persista. Mais malgré cette opposition le titre se vendit à plus d'un million d'exemplaires. Ces ventes inespérées permirent à Hawkins d'être repéré par le disc jockey Alan Freed qui l'ajouta à sa « Rock and Roll Revue ». C'est Freed qui suggéra à Hawkins de capitaliser sur son démentiel d' « I Put A Spell On You » : longue cape, apparition sur scène en sortant d'un cercueil au milieu de la fumée et du brouillard. Hawkins y ajouta des défenses de phacochère sortant de son nez, des feux d'artifice et un crane fumant une cigarette, « Henry ». Enfin Hawkins se transforma en « Vincent Price noir ». Ce petit théâtre de l'horreur fût l'une des premières performances de théâtre rock.
Screamin' Jay Hawkins : I put spell on you
La malédiction du One-Hit-Wonder
En bien ou en mal, le rôle de Vincent Price noir poursuivra Jay Hawkins toute sa vie. Car, à cause de la censure, les disques suivant « I Put A Spell On You » se vendent mal. Il en est ainsi de Frenzy ou d'Alligator Wine. En 1960, il décide de jeter l'éponge et se retire à Honolulu pendant 10 ans. Nul n'est prophète en son pays, c'est bien connu. Pourtant Screamin' Jay Hawkins est une légende à l'étranger où il connaît le succès grâce aux version de son tube par Nina Simone (1965), Alan Price Set (1966), Creedence Clearwater Revival (1968). Son « Constipation Blues » a inspiré Serge Gainsboug qui d'ailleurs a enregistré ce blues de la constipation en duo avec Jay Hawkins. Conséquences : Hawkins s'installe en France dans les années 80.
Nina Simone : I put a spell on you
Alan Price Set : I put a spell on you
Creedence Clearwater Revival : I put a spell on you
Réhabilitation
En 1984, le groupe garage-punk les Fuzztones l'accompagne pour un maxi–45 T de 4 titres. Il joue dans le film de Jim Jarmush, Mystery Train et fait une apparition dans Peut-être de Cedric Klapish. Enfin, cerise sur le gâteau, les Rolling Stones lui demandent de faire leur première partie au Madison Square Garden. Hawkins quitte cette vallée de larmes dans un dernier hurlement diabolique le 12 février 2000. Son tube est resté dans l'inconscient collectif grâce à Arthur Brown, Brian Ferry, Nick Cave, Marily Manson, Dionysos, Jeff Beck, Iggy Pop, Catherine Ringer, Annie Lennox, qui, tous, ont hurlé « I Put A Spell On You ».
Fuzztones & Screamin' Jay Hawkins : Alligator Wine
Screamin' Jay Hawkins & Serge Gainsbourgau piano
