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Larry Williams, le mauvais garçon du rock'n roll

larry williamsLarry Williams a écrit plusieurs classiques du rock : « Slow Down », « Bony Moronie », « Bad Boy », « Dizzy Miss Lizzy », « Short Fat Fannie ». Histoire d'un camé, maquereau, compositeur de génie.


Si l'on se fie à son image, Larry Williams (1935- Nouvelle Orleans – 1980 Los Angeles) est un dandy noir, élégant, sexy et talentueux. Mais il y a aussi l'envers du décor : la dope et notamment l'héroïne, la cocaïne, la marijuana. Est-cela qui l'a empêché de connaître une carrière aussi longue et fructueuse que celle, par exemple, de son ami Little Richard ? Peut-être dans la mesure où Petit Richard s'est éloigné à plusieurs reprises du milieu rock en retrouvant une foi perdue pour se retrouver. S'il est question de la reine du rock'n roll, c'est parce qu'à un bref moment (1957-1959 ) Williams a semblé pouvoir ravir la couronne à Little Richard.


Les débuts

Williams a vécu une partie de son enfance à Chicago, à San Francisco, Oakland. C'est encore un adolescent lorsqu'il monte son premier groupe : The Lemon Drops. Ça ne dure pas mais Williams qui a été contaminé par le rock se rapproche du label de la Nouvelle Orleans, Specialty Records, où enregistre son cousin germain Lloyd Price ("Personnality", "Lawdy Miss Clawdy", "Stagger Lee"). Il devient l'homme à tout faire de Price et apprend le métier mais cela s'arrête lorsque le cousin part faire son service militaire. Heureusement, la Nouvelle Orleans est une ville où les musiciens ont leur place. Williams se produit dans les petites salles en attendant mieux. L'absence de Lloyd Price et le retour de Little Richard à la religion vont lui être favorable et lui permettre de se faire sa place au soleil.


Les tubes

Son premier single, une imitation de Price, n'est pas très bon mais qu'importe, il lui permet de signer avec Specialty. Williams enregistre alors une série de chansons qui vont rester dans l'histoire du rock : "Short Fat Fannie," "Bony Maronie", Dizzy Miss Lizzie, "She Said Yeah" et "Slow Down.".

Excellent direz-vous ? Ben non, pas tant que ça car après ces rock fulgurants en descendance directe de Little Richard en moins frénétiques toutefois, Williams n'y arrive plus. Les raisons ? D'une part les difficultés d'Art Rupe, le propriétaire de Specialty, pour entrer sur le marché blanc (il est incapable financièrement de verser des pots de vin aux programmateurs des radios) et d'autre part, et principalement, parce que Williams est en prison pour possession de drogues.


Le succès pour les autres

dizzyQuand Williams sort de prison en 1962 le paysage musical a bien changé. Cependant de jeunes musiciens, anglais pour la plupart, ont redécouvert son œuvre. Citons John Lennon qui serait à l'origine des reprises par les Fab Four de « Bad Boy », « Bony Moronie » et « Slow Down ». Les Beatles ne seront pas les seuls à interpréter des titres de Williams, les Rolling Stones (« She Said Yeah ») et les Who (Bony Moronie) s'y colleront aussi. Mais cela ne suffit pas à relancer la carrière de Williams. Un Williams que Bobby Womack (Valentinos, Meters) décrit comme étant à première vue « un mec de la rue, un souteneur » mais aussi que Sam Cooke lui avait dit que « Williams avait été un pionnier et qu'il avait inventé pas mal de choses mais qu'il voyait d'autres que lui reprendre ses idées sans qu'il en profite et qu'il était amer de ce fait ».


Des talents variés et lucratifs

Selon Allen Toussaint, « Larry était déçu de n'avoir jamais atteint le statut d'un Lloyd Price ou d'un Jackie Wilson ». Pourtant il pouvait en remontrer au piano à Fats Domino ou à Professor Longhair. Il avait aussi d'autres talents : après avoir connu son relatif moment de gloire, Williams aurait maintenu son style de vie onéreux grâce aux prostituées, arnaqueurs et voleurs qui travaillaient pour lui. Pour Womack ces rumeurs sont mensongères : « Vous savez nombre de gens disent que Larry était un maquereau et un dealer. Je ne suis pas d'accord. Quand je le fréquentai, je ne l'ai jamais vu faire l'une ou l'autre de ces activités qui sont des activités à temps plein (…)". Toujours est-il que Williams continue sa carrière et enregistre un album en 1967 Two For The Price of One avec Johnny « Guitar » Watson et mène une brève expérience avec le groupe hippie Kaleidoscope. Le succès n'est pas au rendez-vous. Cependant il renoue avec Little Richard qui l'engage comme producteur et directeur musical mais rien de cela ne lui permet de renouer avec le succès.


Controverses sur la fin

1980, Larry Williams est retrouvé mort : une balle dans la tête, suicide ou ? Nombres de ses proches ne croient pas qu'il se soit suicidé. Ils décrivent une carrière de délinquant sans complexe : il serait allé jusqu'à menacer Little Richard avec un revolver pour une histoire de deal qui aurait mal tourné.Ce qui serait à l'origine du second retour de Richard vers la religion... De plus,selon Womack, la porte était fermée de l'extérieur lorsqu'on l'a retrouvé.


Un musicien peu connu mais reconnu

C'est le paradoxe de Larry Williams : une carrière météorique, quelques succès et l'oubli d'un coté et de l'autre un auteur qui a écrit des chansons reprises par des dizaines d'interprètes.

Prenons comme premier exemple « Bad Boy ». Ce titre sorti en juin 1959 a été repris par 15 interprètes différents dont les Beatles et George Thorogood & The Destroyers.

Larry Williams

Beatles

George Thorogood

Le deuxième exemple est encore plus parlant puisque « Dizzy Miss Lizzy » sorti en février 1958 a connu 27 versions dont celles, encore, des Beatles, des Flamin' Groovies, des Saints, du Plastic Ono Band de John Lennon.

Larry Williams

Beatles

Lennon Plastic Ono Band

Saints

Pour le 3ème exemple, « Bony Moronie », on ne compte pas moins de 65 versions dont celles de Johnny Winter, des Who et John Lennon.

Larry Williams

Johnny Winter

The Who

Comme on peut le constater, nombre de musiciens de tous styles et obédiences ont été piocher dans le répertoire de Larry Williams. C'est certainement le meilleur hommage que l'on puisse rendre au Bad Boy. Citons pour le plaisir un extrait de « Bad Boy »

Mauvais Garçon

Un sale petit morveux

s'est installé dans le voisinage

(C'est un mauvais garçon)

Il ne fait rien comme il faut

Sa voiture d'occasion n'est pas très chouette

Il déserte l'école

Et refuse d'apprendre à lire et à écrire

Il traîne autour de la maison

Et joue cette musique rock'n roll toute la nuit

Il met des punaises sur la chaise de l'instituteur

et des chewing-gum dans les cheveux des filles


Maintenant Junior, reprends toi !


Sexe, drogues et rock'n roll, comment mieux résumer la carrière et la vie de Larry Williams ?

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