Les prescriptions du Dr Muller

Avec The Black Lips, le rock est dangereux

Lèvres noires et rock chaud

 

Ils définissent leur musique comme du « Flower Punk ». C'est-à-dire ? Euh, disons que leur son est volontairement amateur et influencé par le garage-punk 60's.

 

black lipsLes Black Lips se sont formés à Dunwoody, Georgie en 2000. Au départ, il y a Ben Eberbauhg (guitare), Core Alexander ( guitare rythmique), Jared Swiley (basse), John Bradley (batterie) puis Ian Saint Pé (guitare à partir de 2004). Ce sont des punks au sens littéral : des paumés glandeurs qui tuent le temps comme ils peuvent dans leur école. École d'où ils se font virer après la tuerie de Columbine en 1999 pour l'excellente raison qu'ils représentent un « danger subculturel », des irrécupérables en quelque sorte.

Le premier album

Que peut faire un pauvre gars sinon jouer dans un groupe de rock ? Et c'est ce qu'ils font. Ils enregistrent leur premier maxi en 2002. Quelques jours avant leur 1ère tournée, leur guitariste Ben Eberbaugh est tué lors d'un accident de voiture. Le groupe continue car il pense que c'est ce que le défunt aurait voulu. Ils recrutent Jack Hines puis signent avec Bomp Records et sortent un 1er album.

Garage-punk

Et la musique direz-vous ? Disons que cela rappelle les Kinks des débuts : violents, débraillés, chantant parfois faux mais avec ce quelque chose qui fait que l'important n'est pas la technique mais l'esprit. Car les Black Lips influencés à leur débuts par la vague punk de la fin des 70's ont remonté le temps et leur musique est à la confluence de réminiscences country, garage-punk (Troggs, 13th Floor Elevators, Kim Fowley), 50's (Bo Diddley) et même françaises (ils reprennent « Hippie Hippie Hurrah » de Jacques Dutronc). Le tout est brut de décoffrage et à l'instar des Dwarves qui œuvraient dans un registre similaire à leurs débuts, on sent que tout peut arriver et c'est ce qui fait le charme de la chose.

 

 

Tout peut arriver

Sur scène les Black Lips sur scène se montrent particulièrement imprévisibles. Le chanteur, Core Alexander, vomit parfois sur les spectateurs. Ils peuvent aussi s'embrasser à pleine bouche pendant un morceau ce qui dans certains États américains est plus que mal vu... Ce n'est pas tout car il leur arrive de se déshabiller complètement et de mettre le feu à leur pénis et même d'uriner sur la foule ! Cependant avec le temps, ils se sont un peu assagis car comme l'explique Core Alexander « pour compenser notre manque de technique musicale, nous avions décidé d'être cinglés sur scène ».

Mais il ne faudrait pas croire qu'assister à un show des Black Lips est devenu semblable à un concert de Genesis au milieu des 70's. Quelque chose de dingue ou de sauvage peut arriver à tout instant.

Quelques suggestions

black lipsOn recommandera particulièrement le 1er album des Black Lips (2003), un album foutraque, dérangé et jouissif comme la majorité de ce que fait ce groupe. On peut aussi jeter une oreille sur Black Bloom (2005) où figure la reprise de Dutronc précitée mais aussi le bluesy « Workin » et sa slide-guitare, le plombé et noyé de larsens « Punk Slime »,le furieux « Can't Dance » et ce titre qu'aurait pu enregistrer Kim Fowley « Boomerang ». Good Bad Not Evil ( 2007) est à la hauteur de ses prédécesseurs. On y trouve des pépites telles que « Katrina », « Navajo » qui lorgne du coté du folk-rock (si, si !), « How Do You Tell A Child That Someone Has Died » et son ambiance country et ses paroles euh, particulières... Et puis, il y a aussi ce qui pourrait être le titre symbole des Black Lips, « Bad Kids », les mauvais garçons.

Depuis 2007, le groupe a enregistré un album live au mexique dans une boite à strip-tease, Los Valientos del Mundo Nuevo (2007) et un album en 2009, 200 Million Thousand.

En guise de conclusion, on dira que ce groupe qui n'a jamais progressé (?) ou très peu en dix ans d'existence, est l'un des rares représentant de ce que le rock doit être et est si peu dans ces temps où les garçons coiffeurs de Coldplay, les disputes des frères Callagher d'Oasis, le pseudo-punk de The Horrors occupent le devant de la scène. Avec les Black Lips le rock est imprévisible et surtout dangereux et c'est pour cela qu'ils sont un groupe essentiel de cette décennie.

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