Fred Poulet ou les gallinacés ont du talent

 

Fred poulet est peintre de décors de cinéma, cinéaste, et accessoirement musicien. On s'intéressera plus particulièrement à sa dernière activité avec son album The Soleil.

Fred Poulet, est-ce son vrai nom ou un pseudonyme malencontreux ? On ne sait pas mais en tout cas, j'ai toujours haï les filles qui appelaient leur petit ami  : "alors poulet, tu viens ?". Dans le domaine qui nous intéresse, en l’occurrence le rock, le poulet existe notamment grâce au « Little Red Rooster » d'Howlin Wolf » ou au « Run Chicken Run » de Link Wray ou même les Fools avec leur parodie du « Psycho Killer » des Talking Heads revampé en « Psycho Chicken ».

Toujours est-il qu'avec Poulet, on n'est pas à l'abri des jeux de mots les plus improbables. En cela, il est un enfant de Bashung, de Gainsbourg ou de Bobby Lapointe (« Ta Katie t'a Quitté »).

A quoi ressemble la musique de Poulet ?

Bonne question d'autant qu'il a déjà commis deux albums avant ce dernier et qu'ils sont passés pour le moins inaperçus. Enfin si, il y avait eu ce « Walking Indurain » où notre homme confessait son obsession pour l'ibère cycliste. Il faut aussi savoir qu'il avait été repéré par Pierre Barouh et avait signé pour Saravah. Pour ce troisième opus en 10 ans, Mr Poulet est produit par rien moins que Rodolphe Burger, l'ex Kat Onoma, et par le clavier de Bashung sur Play Blessures, Manfred Kowacic. Le tout donne une musique qui emprunte au Bashung précité, à Suicide, à Gainsbourg. La forme est minimaliste, métronymique, bousculée par les coups de boutoir de la guitare et les giclées de synthétiseur.

Pornoricain

Et mon c.l c'est du poulet ?

Non pas vraiment car Fred Poulet est un orfèvre du jeu de mots pas laid. J'en veux pour preuve ces extraits de « Pornoricain » où Poulet se déclare "ultra compétitif dans une discipline inconnue" et constate qu'il a fallu « 2000 ans pour inventer la valise à roulette, putain ! » Pour lui « sans les stupéfiants la discipline n'est rien » mais aussi « l'idéal serait d'avoir quelque chose à optimiser » sans oublier que comme beaucoup d'entre nous il se déclare « condamné à exister à mort ».

Dans Remède (cheval) la langue est toujours aussi riche d'inventions : « on se resuce, on se recasse la pipe, on se refile nos vieux tuyaux (…) ». « On se rebat des cartes et des oreilles ».

On peut aussi citer des extraits de « les avions », où il constate que « les jours passent, la nuit tombe, les prix s'envolent, les retards s'accumulent, tout fout le camp et rien ne change, les meilleurs gagnent, la mer monte, le froid persiste, le vent souffle, le soleil se couche et la caravane passe. Je suis un enfant de 200 ans ». Évidemment tout cela n'est pas d'un optimisme délirant mais cela rend bien compte de notre époque jaune où « l'idéal serait d'avoir quelque chose à optimiser ».

Remède (cheval)

Les avions

The Soleil

The Soleil est un album foutraque, bizarre, intriguant, riche de dérapages textuels, sombre et riant à la fois, engagé et dégagé, un album à écouter toutes affaires cessantes même si ce n'est pas du « classic rock », du rock « garage », de la new wave, du grunge, de la pop. Non, c'est du Fred Poulet. Un auteur est né et nul doute qu'il continuera à picorer notre temps de cerveau, de rocker, disponible