Les prescriptions du Dr Muller

Un freakbeat à la française ? Ou les oubliés du rock français

Non, les années 60 en France ne furent pas que variétés au pire ou yé-yé au mieux

 

French Beat désigne la musique Beat créée en France pendant les années soixante.

Les années 60 en France : la DS 19, le général de Gaulle, les chemises et robes Vichy, le twist, les « yé-yé », les blousons noirs,Vince Taylor, Johnny Halliday, les Chats Sauvages, les Chaussettes Noires, les Pirates, les Dauphins, les Missiles, les Surfs, Antoine, Dutronc, Nino Ferrer, Gainsbourg, Mai 68, la pillule, cannabis, LSD, l'amour libre, les festivals.

Dans la 1ère moitié des sixties, l'heure est aux groupes sur le modèle du Mersey-Beat ou des Shadows. La plupart imitent leurs idoles et traduisent laborieusement en français les classiques du rock. Fin 1963, 1964, les choses changent avec l'arrivée des Beatles puis des Rolling Stones. Cette révolution coté anglais qui voit la décadence du Mersey-Beat et la montée en puissance du Rythm'n Blues (Yarbirds, Stones, Pretty Things, Animals, etc.) d'un coté et de l'autre des Mods (Who, Small Faces, Kinks) ne voit pas advenir son équivalent coté français. La plupart des groupes « yé-yé » se sont dissous et il ne reste que les individualités les plus fortes (Eddy Mitchell, Dick Rivers) et les survivants des années Twist comme Adamo, Richard Anthony, Claude François, Frank Alamo, Monty. En France, le Freakbeat est représenté par des chanteurs tels que Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Ronnie Bird ou Antoine dont l'apparition met un coup de vieux aux « Yé-Yé ». Ce dernier accompagné par les Problèmes casse littéralement la baraque avec son Folk-Rock directement inspiré de Bob Dylan. Quant aux groupes de la période précédente, il n'en reste plus guère sinon des formations comme les Lionceaux qui reprennent reprennent les Beatles, les Kinks ou plus classiquement Chuck Berry, Bo Diddley ou encore les ex Ambitieux de Marseille devenus Five Gentlemen. Bien sur des groupes se forment et se produisent dans leur région comme les Bowlers, les Senders, les Gypsys, les Sinners et même parfois à Paris au Golf Drouot tels les Gaelics ou Gil Now & les Turnips. Mais ils ne sont guère connus en dehors d'un cercle d'initiés et vendent peu. A la fin des sixties, ils ont tous disparu. D'autres les remplacent. Arrivent les Martin Circus, Triangle, Variations, Zoo, Ame Son, Barricades, Red Noise, la troisième vague des groupes français.

Que retenir de cette période qui va de 1964 à 1968 ? On considérera d'un coté les artistes solo masculins ou féminins et de l'autre les groupes et on verra que les premiers sont nettement plus nombreux que les seconds.

Solo


Les garçons

Frank Alamo

Jean-François Grandin, alias Frank Alamo marche bien entre 1963 et 1967, il figure dans cette liste grâce à son adaptation du « Happy Together » des Turtles.

Heureux tous les deux

Évariste

Évariste fût le rival d'Antoine lancé par les disques AZ. Son « Connais tu l'animal qui a inventé le calcul intégral ? » concurrence un temps les « Élucubrations d'Antoine ». Les producteurs tentaient de jouer sur le fait que tous deux composaient et avaient un même background scientifique. Toujours est-il qu’Évariste sera rapidement oublié tandis qu'Antoine...

Connais tu l'animal qui a inventé le calcul intégral ?

 

Eric Charden

Eric Charden, oui le Charden de Stone et Charden, a débuté sa carrière en 1963 mais en ce qui nous concerne c'est en 1965 qu'il enregistre une version de « Love Minus Zero » de Bob Dylan sous le titre original d' « Amour limite zéro ». Par la suite Charden est devenu le chanteur de variétés que l'on connaît.

 

Amour limite zéro

Edouard

Plus encore qu’Évariste, Édouard est une caricature d'Antoine avec son déguisement d'homme des cavernes et sa perruque. En fait Edouard c'est Jean-Michel Rivat, parolier de Joe Dassin. Antoine n'apprécia guère la plaisanterie puisqu'il fit un procès à Edouard et qu'il le gagna.

My name is Edouard

 

Noël Deschamps

Noël Deschamps, bien oublié aujourd'hui, fût le concurrent direct de Ronnie Bird auquel il n'avait rien à envier au niveau des références et de l'attitude. Comme son alter ego, il se perdra dans des tentatives commerciales sans écho. Deschamps a débuté sa carrière comme Johnny Hallyday et tant d'autres au Golf Drouot, temple français du rock 'n' roll. Sa carrière démarre en 1964 pour s'interrompre en 1969. Parmi ses meilleurs titres citons « Ils étaient trois », « Pour le pied », « Oh la hey », écrit avec Alain Bashung en 1966.

 

Pour le pied

Serge Franklin

Serge Franklin, scolarisé au lycée Janson de Sailly, découvre Les Shadows. Comme pour beaucoup de jeunes de l’époque, c’est la révélation ! Il s’initie donc à la guitare électrique avant de monter, avec des copains du lycée, un groupe instrumental : Les Blazers (1963).

Le succès d’Antoine en 1966 et plus généralement la politisation de la jeunesse encouragent alors les maisons de disques, en quête d'un nouveau pactole "engagé", à prospecter pour trouver des artistes engagés. Franklin sort donc son 1er EP chez Epic (« Le chanteur engagé », « Les abris anti-atomiques », « Le Klux Klux Klan », « Le président ») qui connaît un petit succès d'estime. En 1968, il enregistre « Exister » un ragga-rock. Par la suite, il se recycle dans la musique de film (Le Grand Pardon, Sirroco, etc.).

Exister

Gregory

Jean-pierre Trauchut-Giraudou alias Grégory Ken enregistre 3 EP entre 1967 et 1968 : « Je fais La La La « : « Un trou dans ma chaussure », (« Hole in my Shoe » de Traffic), « Système D » ou « LSD 25 ». On le retrouve dans « Starmania » mais son heure de gloire il la connaît en 1981 avec le duo « Chagrin d'amour » en compagnie de Valli avec « Chacun fait ce qu'il lui plait ».


Un trou dans ma chaussure

Bruno Leys

Dans le cas de Bruno Leys, il s'agit d'une découverte plus que d'une redécouverte car les titres qu'il a enregistré en 67 ne sont jamais paru officiellement. Ces quatre morceaux (« Maintenant je suis un voyou », « Eve », « Hallucinations », et « Galaxie ») enregistrés avec Dominique Blanc Francart, Bernard Lubat aux percussions, François Rabath à la contrebasse, Jimenez et Jean-Pierre Dariscuren aux guitares, Emmanuel Pairault et Sylvain Gaudelette aux ondes Martenots, sont largement en avance sur leur temps mais leur temps n'en entendra jamais parler et Bruno Leys fera carrière dans l'illustration de pochettes de disques.

Maintenant je suis un voyou

Monty

Monty, nom de scène de Jacques Bulostin, a lui aussi donné dans le Freakbeat avec une version de « For Your Love » des Yarbirds , si, si...

 

 

 

Une fois

 

Messieurs Richard de Bordeaux et Daniel Beretta

Richard Rigamonti et Daniel St Georges allas Messieurs Richard de Bordeaux et Daniel Beretta, sont parmi les duettistes les plus créatifs et décadents de la pop française. Ce qui leur vaut même de faire la 1ère partie de Mireille Mathieu à l'Olympia en 1968. Pourtant avec un titre comme « La drogue » («Où est ma drogue, mon haschich, où est mon opium, mon kif (...) Quand je te prends je suis dans une bulle blanche »), qui leur valut l'interdiction des ondes puritaines de l'époque, ils font montre d'un sens certain de la provocation mais Mireille Matieu était-elle au courant ?

 

La drogue

Erik St Laurent

Patrice Raison est plus connu sous le pseudonyme d’Erick Saint Laurent. En 1964, il fonde les Hornets qui se produisent régulièrement à la Locomotive, club branché parisien. Ils font même la 1ère partie des Kinks à l'Olympia en 1965. Devenu artiste solo, il se situe dans la lignée d'un Ronnie Bird avec ses adaptations des Easybeats (« Vendredi m'obsède », « Friday on my mind ») des Beatles (« Eleanor Rigby ») des Monkees ( « J'ai cru à mon rêve », « I'm a believer »). Sa carrière s'arrête en 1968 pour cause de service militaire, c'est aussi cette année qu'il devient choriste pour Eddy Mitchell .

Il revient aux affaires en 1969 avec le groupe Présence (ou débutera Daniel Balavoine) puis enregistre deux titres "Fille du Nord"/"Quand j'ai envie" avec les ex-Hornets, Daniel Darras et Jean-Louis Desumeur.

J'ai cru à mon rêve

Sullivan

Jacques Dautriche, Road manager d'Antoine, devient chanteur sous le nom de Sullivan, s'accompagnant au sitar, un des rares exemples de raga-rock à la française. Il fût ensuite, un temps, guitariste des Charlots.

 

Haschich Faction

Les Filles


Delphine


Delphine Bury enregistra trois 45 tours chez Decca à la fin des années 1960. Celui qui nous intéresse est « La fermeture éclair » version de « In The Past » du groupe américain We The People, un raga-rock plus que convaincant. Il n'y en aura pas d'autres dans son éphémère carrière.

 

 

 

La fermeture éclair

Marie Laforêt

Marie Laforêt figure ici pour son effort de 1965, « Marie-douceur , Marie-colère », adaptation de « Paint it black » des Rolling Stones. Pour le reste, on ne s'attardera pas inutilement.

 

 

 

Marie-douceur Marie-colère

Charlotte Leslie

Rosetta Aiello, alias Rosa Borg, alias Catherine Alfa alias Charlotte Leslie fait scandale en 1966 avec son1er EP chez Polydor « Les filles c'est fait... » que plusieurs radios déprogramment suite à la réaction d'auditeurs pudibonds.

 

 

 

 

Les filles c'est fait...

Christine Pilzer

Christine Van den Haute alias Christine Pilzer, est une chanteuse française, d'origine belge.

En 1963, engagée à la Maison de la Radio, elle co-anime durant deux saisons l'émission "Les Ardugos" puis devient assistante de José Arthur. Christine se démène et sort la même année chez Vogue son 1er single avec "Dracula" et "L'horloge de grand-père". Son second et dernier single paraît en 1967 avec "Champs-Élysées", (repris avec les canadiens garage 60's Les Terribles) "Café crème" et "Ah-hem-ho-err…".

Champs Elysées

Pussy Cat

Evelyne Courtois, Pussy Cat, fait ses débuts en 1965 dans un groupe de rock féminin « Les petites souris », elle prit son nom de scène d'après le hit de Tom Jones "What's new pussycat?", le titre "Aucune fille au monde" sera l'un de ses titres les plus rock, elle enregistre sur le label RCA.

A partir de 1968, elle intègre des éléments psychédéliques dans sa musique, elle bifurque ensuite sur le rythm and blues puis elle devient mannequin et n'en continue pas moins à écrire des chansons

la chanteuse rock la plus française, la plus authentique de sa génération, une sorte de Ronnie Bird au féminin. Voici une version, ma foi tout à fait honnête, du "Sha La La La Lee" des Small Faces

Ce n'est pas une vie

Stella

Stella fut le nom de scène de la chanteuse Stella Vander, l'anti-yéyé des années 1960, aujourd'hui fidèle choriste de Christian Vander et de son groupe Magma. A l'époque, elle vitupère les "Beatnicks d'occasion" et emprunte à Dylan le "Cauchemar auto-protestateur"

Beatnicks d'occasion


Jacqueline Taïeb

Le premier EP de Jacqueline Taïeb sort en janvier 1967. Il ne marche pas trop mal grâce à « 7 heures du matin ».

Son deuxième disque sort en avril 1967 avec notamment le titre « Qu'est-ce qu'on se marre à la fac », appelé aussi « La Fac de lettres », qui l'a faite largement connaître.

Plusieurs disques suivent sans obtenir le même succès, et Jacqueline Taïeb, la modette, disparaît du paysage discographique français.

 

7 heures du matin

La suite du Freakbeat à la française avec les groupes

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