Les prescriptions du Dr Muller

Le rock français des 70's

Le rock au pays des mangeurs de grenouille dans les années 70


Dans la seconde moitié des années 60, la scène rock française est pratiquement inexistante, la fin des sixties voit l’apparition de groupes inspirés par le rock US et GB mais il faut attendre la fin des seventies pour voir, enfin, un rock français reconnu et adulte

Le rock français dans les années 60 c’était la myriade de groupes « yé-yé » qui ont envahi les bacs des disquaires au début des sixties (Chats Sauvages, Chaussettes Noires, Missiles, Fantômes, Dauphins, etc .), mais aussi les tentatives de s’arrimer au « Freak-Beat » avec surtout des individualités (Ronnie Bird, Noël Deschamps, Dutronc, Polnareff, etc.). Il faut attendre la fin des années 60 pour voir l’apparition de groupes qui vont emprunter qui à la tendance dite Heavy (Led Zeppelin, Cream, Hendrix), qui à la tendance progressive (Genesis, Pink Floyd, Soft Machine, Caravan, King Krimsom, Family) ou encore au rock cuivré (Chicago Transit Authority, Blood Sweat And Tears, Ides of March).


Byg Records : une maison de disque alternative


Cette avancée se concrétise tout d’abord par la création d’une maison de disque indépendante : Byg Records. L’histoire de Byg Records débute en 1968 par l’édition des archives du Jazz et des nouveautés de la Soul Music issues du catalogue Savoy. Parallèlement, le label a publie de nombreux vinyles d'artistes et de groupes de Rock français dans sa série Actuel. Citons parmi eux Brigitte Fontaine et Areski, Gong, Alan Jack, Cœur Magique, Valérie Lagrange, Alpha Bêta, Jacques Barsamian, Âme Son. On doit à Byg Records le premier 33 tours d'Alan Jack Civilization Bluesy Mind, sorti en juin 1969, et son premier 45 tours "N'y change rien" / "J'ai besoin de la terre" (1969). Le chanteur Alan Jack (alias Jacques Braud), est alors entouré d'autres vétérans du rock français : le guitariste Claude Olmos (futur Magma), le bassiste Richard Fontaine et le batteur Jean Falissard.

Alan Jack Civilisation - "Shame On You"

BYG publie également les premiers vinyles des groupes Alice, l'album Alice (1970), et Cœur Magique avec Wakan Tanka (1971), deux groupes dans lesquels on retrouve Claude Olmos. Byg Records édite des disques de formations françaises de 1969 à 1971 : un album de Brigitte Fontaine & Areski, des 45 tours de François Wertheimer, Valérie Lagrange, Paul Semama, Jacques Barsamian, Tribu, un 45 tours d’Âme son. D'autres musiciens installés en France sont accueillis par BYG notamment le Gong de Daevid Allen. BYG publie en 1971 le 45 tours "Astral Abuse" / "Who Killes" d'Alpha Beta, pseudonyme derrière lequel se cache Vangelis.

Mais l’aventure Byg Records ne dure qu’un temps et un tel label ne vend pas suffisamment pour permettre aux groupes qu’il édite de faire carrière. D’autres groupes se forment et tentent l’aventure. On peut les classer en trois grande catégories :

- le rock bluesy, heavy

- le rock post soixante-huitard influencé par le Free-Jazz, Captain Beefheart, Frank Zappa

- Le rock progressif

Bien sur ce classement se divise en sous-catégories et est subjectif mais il permet d’avoir une idée générale de l’évolution du rock français et de ses chapelles en ce début des 70’s.

Le rock bluesy-heavy

¨Pour de nombreux musiciens français, les guitar héros des sixties sont des modèles à imiter. Il en est ainsi des Variations.

Variations, juste des rock’n rollers

Les Variations débutent en septembre 1966. Ils participent d'abord à des tremplins puis en1967 le groupe se lance dans une tournée en Allemagne puis au Danemark où il enregistre son premier single « Mustang Sally » sorti sur "Triola".

Le groupe enregistre un second single « Come Along » en 1969 et assure les premières parties de Led Zeppelin, Steppenwolf, du Johnny National. Ils vont ensuite à Londres pour enregistrer leur premier album Nador (1970) et participent à de nombreux festivals.

Durant une tournée aux USA, en 1973, le groupe enregistre un de ses morceaux les plus connus « Je Suis Juste un Rock'n'Roller ». À Memphis, Don Nix, le légendaire producteu,r s’occupe de leur second album  Take It Or Leave It  (1973). La même année, les Variations font quelques premières parties dont celles des New York Dolls , de Tim Buckley. Parallèlement ils commencent l'enregistrement d'un nouvel album  Morocan Roll  (1974). Le groupe se dissous peu après l’enregistrement d’un dernier disque Café de Paris. A l’époque, les Variations sont un groupe que la rock-critique se plaît à descendre en flammes : trop simples, voire simplistes, vulgaires imitateurs du Heavy rock anglais. Ce sont les groupes dit progressifs qui ont la côte pas les rockers impénitents que sont Marc Tobaly, Jo Leb, Robert Fitoussi, Jacques « Petit Pois » Grand. Mais l’histoire a des retournements imprévus et, par exemple, « Je suis juste un rock’n roller » est devenu un classique du rock français.

Variations - "Je suis juste un rock'n roller

Les Variations ne sont pas les seuls parmi les groupes français à œuvrer dans le blues-rock. Citons ainsi Alan Jack Civilization dont le premier 33 tours  Bluesy Mind , sort en juin 1969. Le chanteur Alan Jack (alias Jacques Braud), est alors entouré d'autres vétérans du rock français : le guitariste Claude Olmos (futur Magma), le bassiste Richard Fontaine et le batteur Jean Falissard.. On voit que dans ce cas comme dans d’autres, il y a interpénétration des genres et des musiciens. En effet quoi de commun entre le blues-rock d’Alan Jack et Magma ? Autre exemple de ces liens peu évidents : Blues Convention un groupe parisien de heavy blues actif de 1968 à 1974 qui a sorti 4 singles. Klaus Blasquiz (futur chanteur de Magma) et Richard Pinhas (Heldon) ont fait partie du groupe à ses débuts.

Bues Convention - "Revanche à Venus"


Le rock post soixante-huitard ou Crève Salope !

Mai 68 et les théories conseillistes et spontanéistes ont laissé des traces musicales qui se retrouvent dans un certain rock influencé par le Free-Jazz, par Captain Beefheart ou Frank Zappa.

Komitern l’internationale underground

Komitern est un groupe qui a fait partie de la mouvance Underground du début des années 70 au même titre que Red Noise , Barricade, Crium Delirium ou Lard Free. Durant leurs 5 années d’existence, il n’a sorti qu’un 45 tours : « Fou ,roi pantin » / « Elle était belle » en 1971 sur le Label Harvest.
Komitern est influencé par le marxisme-léninisme comme son nom l’indique et produit une musique entre rock progressif et Free Jazz et dont les concerts sont très théâtralisés. Ils ont été actifs de 1970 à 1975 mais sans succès. En 1971 sort leur unique album Le bal du rat mort , album devenu mythique et quasiment introuvable.
Le groupe était constitué de :
Olivier Zdrzalik-Kowalski : Lead chant, basse, clavier, Michel Muzac : guitare électrique, Pascal Chassin : guitare électrique et acoustique, Richard Aubert : violon qui jouera dans Atoll ensuite, Francis Lemonnier (ex Red Noise) : saxophones, chant et éructations,Serge Catalano (ex Red Noise) : batterie.Là encore, on remarque que les musiciens de la période vont d’un genre l’autre, d’un groupe l’autre.

Komitern - "Fou, roi, pantin"

Red Noise ou la révolution en marche

Red Noise est un groupe fortement impliqué politiquement si l’on s’en tient à son patronyme. Il est mené par Patrick Vian (guitare, vocaux), le fils de Boris Vian.Le groupe se compose aussi de Jean-Claude Cenci (saxes, flûte, vocaux), Daniel Geoffroy (basse, vocaux), Philip Barry (batterie, guitare, vocaux), auxquels on peut ajouter deux musiciens invités sur le disque : John Livengood (orgue) et Austin Blue (percussions). Leur première prestation en public eut lieu dans la Sorbonne occupée en Mai 68.Leur unique album, intitulé Sarcelles-Lochères est paru en 1971 sur le label Futura dont ce fut la première production.La première face est un collage de petits morceaux qui peuvent évoquer Frank Zappa et Alfred Jarry par leur esprit pataphysique.La seconde face est une longue improvisation intitulée "Sarcelles c'est l'avenir", sorte de folie sonore qui pourrait s'apparenter au Free Jazz.

Red Noise

BARRICADE, l’esprit de 68

Ce groupe mythique à la réputation sulfureuse a été fondé à Marseille en 1969 par, entre autres François Billard, Joseph Racaille et Hector Zazou, Barricade, pratiquait l'autodérision et la provocation, tout en jouant avec l'image de groupe pop-politique que la presse lui attribuait. En 1972, Barricade s'est scindé en Barricade I - Crève Vite Charogne et Barricade II - Roquet et ses Lévriers Basanés. Ce qui n'était au départ qu'une sorte de boutade est finalement devenu réalité : il aura fallu attendre 2005 pour voir la publication d'un disque de Barricade.


Lard Free l’expérimental planant

Lard Free a exploré, de 1970 à 1978, les territoires des musiques expérimentales acoustiques et synthétiques dans une veine proche d' Heldon et du Krautrock.

Lard Free est avant tout le groupe du batteur Gilbert Artman. En décembre 1970, Gilbert Artman, François Mativet (guitare), Jean-Jacques Miette (basse, contrebasse), Dominique Triloff (claviers), Philippe Bolliet (saxophones, clarinette) et Jacky Chantrier (sonorisation) fondent Lard Free. Six mois plus tard Lard Free participe au Tremplin du Golf-Drouot et gagne une séance studio. Lard Free retourne en studio début 1972. Ces premiers enregistrements figurent sur le disque Unnamed (Spalax, 1997). La musique de Lard Free est alors expérimentale, parfois proche de Soft Machine.

En 1973 Gilbert Artman fait un séjour en Angleterre pour participer à l'enregistrement de l'album de Cyrille Verdeaux  Clearlight Symphony (Virgin, 1975). C'est également en Angleterre, dans les studios Island qu'est enregistré, en avril 1973, Gilbert Artman's Lard Free, le premier album de Lard Free, publié sur Vamp Records. Le résultat est assez brut et très original pour l'époque. Il mélange Free Jazz, guitare électrique et synthétiseur.

En 1974, Gilbert Artman se joint à la Delired Cameleon Family, une grande formation mise sur pied pour créer la musique du film de Pierre Clementi Visa de censure n° X.

Pour l'enregistrement du deuxième album de Lard Free, I'm around about midnight (Vamp, 1975), Gilbert Artman a complètement changé le personnel. Il assure batterie, percussions, vibraphone, orgue Hammond et saxophone ténor. Il s'entoure de Alain Audat (synthi VCS 3, sax ténor) et Antoine Duvernet (sax alto et flûte). Il fait également appel au fondateur d'Heldon, Richard Pinhas, guitare, basse, synthé ARP et VCS 3) et à Jean-Jacques Birgé (synthé ARP et sax alto), en trio pour quelques concerts. L’album est souvent décrit comme étant l'album de Lard Free le plus proche de ceux d'Heldon Il est dominé par des ambiances synthétiques sombres et arythmiques.

En 1976, Gilbert Artman se joint au collectif Opération Rhino aux côtés de 17 autres musiciens, à l'occasion de la fête de Politique Hebdo à Lyon. La même année, il fonde Urban Sax, un orchestre composé uniquement de saxophonistes. À partir de là Lard Free et Urban Sax sont menés de front. De janvier à mars 1977, Gilbert Artman enregistre le troisième et dernier album de Lard Free III : Spirale Malax, qui paraît à peu près en même temps que le premier album d’Urban Sax, en juin 1977, sur le label Cobra. 1978 voit la fin de Lard Free et par la suite Gilbert Artman se consacre à Urban Sax.

Lard Free

Dashiell Hedayat et la Chrysler Rose

Daniel Théron alias Dashiell Hedayat est le fils d'un critique littéraire qui écrit pour l’hebdomadaire Paris-Match. Amateur de rock, Daniel Théron écrit des critiques de disques, dont certaines seront publiées dans Rock & Folk. À la fin des années 60, il se lance dans une carrière d’auteur-compositeur interprète sous le pseudonyme de Melmoth (cf. Le Moine de Lewis). Son 1er album est récompensé par le grand prix de l’Académie Charles Cros en 1969. Il adopte ensuite le pseudonyme de Dashiell Hedayat, en hommage à l'écrivain de romans policiers Dashiell Hamett et à l'écrivain iranien Sadek Hedayat et publie en 1971 l'album  Obsolete  enregistré avec le groupe Gong. Les ventes de ses disques restent confidentielles. Il aurait certainement mérité mieux, on en veut pour preuve l’excellent « Chrysler Rose ».

Dashiell Hedayat- "Chrysler Rose"

Maajun n'a pas vécu la mort du vieux monde

Jean-Louis Maajun sort son premier disque en 1970 chez Vogue, sous le nom de Maajun, avec Cyril LeFebvre : slide guitar, Jean Pierre Arnoux : batterie, Alain Roux : chant, harmonica Ils sont. influencés par Captain Beefheart, Jimi Hendrix et Frank Zappa et le gauchisme. Viennent ensuite, sous le nom de Mahjun, deux LP chez Saravah et les rencontres avec Pierre Barouh, Jean-Roger Caussimon, David Mc Neil, Jacques Higelin, etc. qui l'amèneront à la chanson française. Premier album solo en 1978 – il connaît un premier succès grand public en 1980 avec le sixième LP.

 

Mahjun

Le rock progressif

Le terme rock progressif désigne de manière un peu floue divers groupes, principalement anglais, qui de la fin des années 60 au début des années 80 jouent une musique qui s’éloigne de plus en plus des canons du rock-blues qui dominent la seconde moitié des sixties. On peut en dater la naissance avec l’apparition de groupes qui s’essaient au psychédélisme naissant : Pink Floyd, Tomorrow avec le futur guitariste de Yes, Steve Howe, dans ses rangs mais aussi Soft Machine et ses influences jazz, dada et pataphysiques. C’est ainsi que l’on voit l’apparition de Procol Harum, de Colosseum, de Yes, de Caravan, King Crimsom, Emerson, Lake And Palmer, Genesis et de bien d’autres qui vont influencer la scène française.

Un des premiers groupes français à se réclamer explicitement du psychédélisme et du rock progressif est Martin Circus qui aura une carrière « underground » au départ puis virera assez rapidement à la variété, un chemin que d’autres emprunteront après lui.

Martin Circus de « Tout tremblant de fièvre » à « Marylène »

Créé en 1969 par le bassiste Bob Brault (ex-Les Gentlemen de Tours ) avec Mitch Pasquet (futur Benoit Blue Boy et Bluesy Roosters), Pat Gallon, (Alan Jack...), le saxophoniste Gérard Pisani (qui a accompagné Johnny Hallyday), le batteur Jean-François Leroi, le chanteur et guitariste Patrick Dietsch (ex-Les Vikings, puis Capitals) et le chanteur et clavier Paul-Jean Borowsky, le groupe se fait d'abord connaître par « Tout tremblant de fièvre ».

De nouveaux membres rejoignent Martin Circus en 1971 : le guitariste Alain Pewzner (ex-Pat Winther & The Sounders, Prix Aimant Coty au Golf Drouot en 1965) et le batteur René Guérin (ex- Alan Jack Civilization), puis le clavier Sylvain Pauchard (ex-Storm) et le guitariste-chanteur Gérard Blanc, tous deux ex-membres du groupe Les Balthazar.

La formation enregistre, courant 1971, un double album, Acte II, qui contient notamment le titre "Je m'éclate au Sénégal" (dû aux « anciens » Brault et Pisani), lequel révèle Martin Circus au grand public, et assure la notoriété du groupe grâce aux 800 000 exemplaires du single vendus.

En 1974, le groupe sort un album de reprises de titres des années 1960, no 1 USA - Hits des 60s. Ils enregistrent à cette occasion" Ma-ry-lène" (1 500 000 exemplaires vendus en 1974, chanson classée première du Hit-Parade courant août de la même année), adaptation d'une chanson popularisée par les Beach Boys, "Barbara Ann", qui est sans doute leur plus grand tube. C’est le début de la fin, non pas du groupe, mais en tout cas ce qu’il joue n’a plus rien à voir avec le rock psychédélique des débuts.

Martin Circus - "Le matin des magiciens"

Un Ange passe

Ange naît en 1969 de la fusion de l'orchestre de bal de Christian Décamps,  Les Anges , et du groupe de son frère Francis,  Évolution . Christian a déjà plusieurs années de pratique de « groupe pop et de bal » et Francis tend plutôt vers le rock. En 1970, Ange se fait connaître à Belfort, au centre culturel de La Pépinière, avec un très long opéra de trois heures, La fantastique épopée du général Machin. Après plusieurs passages à Paris, au Golf Drouot, le groupe finit par remporter le Tremplin et signe chez Philips, enregistrant immédiatement son premier single, "Tout feu, tout flamme", à la fin de 1971.

Ange sort son premier album, Caricatures, en 1972. Sur leur rock théâtral et poétique, Christian Décamps, le leader et chanteur du groupe, utilise des mots et des tournures de phrases rares dans le milieu musical rock, donnant au groupe une originalité qui le démarque des autres formations françaises de l'époque. Leur premier succès vient par leur reprise de "Ces gens-là" de Jacques Brel, sur l'album Le Cimetière des Arlequins, paru en 1973.

Par la suite Ange aura une carrière bien fournie malgré des changements de musiciens incessants autour des frères Decamps, une carrière qui continue à l’heure actuelle.

Ange - "Le soir du diable"

Gong ou passe moi le bong

Gong c’est l’histoire de l’émigré australien beatnick Deavid Allen. Après avoir fondé Soft Machine en octobre 1966 avec Robert Wyatt, Mike Ratledge et Kevin Ayers, il travaille avec le groupe sur le répertoire qui deviendra le premier album du groupe. Mais en septembre 1967 le guitariste australien se voit refuser l'entrée en Angleterre pour un problème de visa et se voit obligé de quitter le groupe. Il n'apparaît donc pas sur leur premier album mais on peut le retrouver sur un CD ayant le même répertoire : Jet Propelled Photographs

Installé à Paris, Daevid forme le groupe « ancêtre » du Gong, parfois appelé "ProtoGong" et joue avec Don Cherry, Gilly Smith, Ziska Baum entre autres. Au printemps 1968 il forme le Banana Moon band avec Gilly, Marc Blanc (batterie) et Patrick Fontaine (basse). Le répertoire de cette époque constituera le premier album de Gong, enregistré à l'automne 1969 : Magick Brother. C'est à ce moment qu'on peut dater la naissance du groupe, qui comporte Didier Malherbe aux vents et Rachid Houari à la batterie.

Le premier album est bien accueilli et Le Pop club de France-inter le nomme « album pop de la semaine ». Il offre déjà les couleurs des futurs albums mais reste différent avec des influences folk et Free Jazz. Gong tourne en France ; avec Ange, Crium Delirium et Magma, il sera l'un des groupes qui feront le plus de concerts dans le circuit des MJC . A Avignon, par exemple, deux groupes faisaient les beaux jours des amateurs de rock : Magma et Gong qui se produiront alternativement pendant près de trois dans la cité des Papes.

Le réalisateur Jérôme Laperrousaz fait appel au groupe pour la B.O. du film Continental Circus. À cette époque, le groupe grave un album en collaboration avec Dashiell Hedayat, Obsolete, et son deuxième véritable disque, Camembert électrique. Christian Tritsch (basse) et Pip Pyle (batterie) assurent la section rythmique.

Kevin Ayers joue quelques mois comme membre « semi-permanent » puis quitte le groupe
L'œuvre la plus connue du groupe est la trilogie Flying Teapot, Angel's Egg et"You, clef de voûte de toute la discographie du Gong. Elle conte les aventures délirantes et magiques de Zero the Hero. À l'époque de l’enregistrement du premier volet en janvier 1973, Flying Teapot ,Tim Blake (synthétiseurs) et Steve Hillage (guitare), débauché du groupe de Kevin Ayers, sont recrutés. Les recherches au synthétiseur de Blake et le superbe jeu de guitare de Hillage complètent le son du groupe.

Quelques mois plus tard arrive une nouvelle et définitive section rythmique avec Mike Howlett (basse) et Pierre Moerlen à la batterie. Avec cette formation vont être réalisés Angel's Egg (été 1973) et You (été 1974). On peut considérer "Other Side of the Sky" et " A Sprinkling of Clouds" comme des morceaux précurseurs de la techno, autant que ceux du krautrock de Kraftwerk, de Tangerine Dream ou de Ash Ra Tempel. You est considéré par certains comme leur plus grande réussite en studio et la compilation de concerts Live Etc. présente certaines des plus belles versions de la trilogie.Mais on commence à sentir un antagonisme entre les musiciens "fun" comme Allen et ceux, beaucoup plus techniques, comme Moerlen. Ces divergences grandissent, à l'été 1974, Gilly Smith part. Puis c’est le tour de Daevid Allen . Steve Hillage, promu "leader", se trouve dans une position inconfortable et part lui aussi .

L’aventure de ce groupe de freaks dadaïstes (surtout Allen) ne s’arrête pas là et se poursuit encore longtemps. Il n’en reste pas moins que Gong a longtemps porté la bonne parole du rock psychédélique dans les lointaines provinces françaises et que cela n’est pas resté sans conséquences. Reste la question : Gong était-il un groupe français ou un groupe australo-anglo-français ?

Gong

Atoll, pas les opticiens !

C'est en février 1972 que Luc Serra, Jean-Luc Thillot et Alain Gozzo, tous trois originaires de Metz, montent à Paris, à la demande d'un certain Mike Bazzani (futur chanteur du Boogaloo Band et guitariste de Johnny Hallyday), pour l'accompagner en vue de l'enregistrement d'un disque. Mais le label ne donnera pas suite. Cela rapproche les deux premiers, guitaristes, et leur donne envie de créer un groupe avec leur ami batteur. Ils font appel à André Balzer comme chanteur et Francis Paul comme bassiste pour fonder Atoll.

Après deux 45t et quelques changements de personnel, Michel Taillet intègre la formation aux claviers et percussions, Francis Paul est remplacé par Patrick Kiffer à la basse, lui-même finalement remplacé par Jean-Luc Thillot quinze jours avant qu'Atoll enregistre son premier album Musiciens magiciens en mai 1974.

Leur second album L'Araignée-Mal, enregistré avec la nouvelle formation et le violoniste Richard Aubert, est considéré par la presse spécialisée comme le meilleur de l'année 1975. En 1977, l'album Tertio, remporte un vif succès, s'installe parmi les meilleurs albums de rock progressif français et marque l'orientation du groupe vers un rock climatique. En 1979, Rock Puzzle est le chant du cygne d'Atoll. En 1981, le groupe se sépare.

Atoll - "L'araignée mal"

Moving Gelatine Plates

Fondé par Gérard Bertram et Didier Thibault, Moving Gelatine Plates, est un groupe légendaire du début des années 70, l'une des grandes références du rock progressif français, à la même époque que Magma, Gong, Triangle ou encore Total Issue. Le groupe se sépare après deux albums fortement réminiscents de Soft Machine et de ses longues improvisations.

 

Moving Gelatine Plates - "Memories"

Magma où qu’est-ce qu’ils racontent ?

Magma est fondé en1969 par le compositeur-batteur-chanteur Christian Vander. Magma est à l'origine du genre musical baptisé du Zeuhl qui mélange rock, jazz, avant-garde et chant choral. Magma est aussi connu pour chanter en Kobaïen, une langue inventée par Vander.

Le groupe a exercé une grande influence et a fait connaître des musiciens français et étrangers de premier ordre, comme Teddy Lasry, Didier Lockwood, Jannick Top ou Claude Engel, parmi de nombreux autres (près de 150 musiciens sont passés dans Magma).
En 1973, la formation acquiert une renommée internationale avecla trilogie Theusz Hamtaahk qui comporte trois mouvements (premier mouvement : "Theusz Hamtaahk", second mouvement : "Ẁurdah Ïtah", troisième mouvement : "Mekanïk Destruktïw Kommandöh"). L'année suivante, l'album Köhntarkösz rencontrera également le succès. Néanmoins, la formation de Vander ne connaîtra jamais le succès commercial de certains groupes de rock progressif tels que Genesis ou Yes. Il faut dire que Magma avec ses tenues de scène uniformément noires, l’agressivité de sa musique, les sons gutturaux du Kobaïen n’avait rien pour plaire aux hippies et babas cool de l’époque. Le groupe a même été soupçonné de tendances fascistes.

Magma - "Mekanïk Destruktïw Kommandöh"

Triangle, presque la quadrature du cercle

Triangle qui se forme au milieu de l'année 1967 est à l'origine un trio formé par Gérard Fournier dit « Papillon » à la basse et au chant, Pierre Fanen, à la guitare et futur membre du groupe de jazz Zoo et Jean-Pierre Prévotat à la batterie.

Au cours de 1968, Pierre Fanen est remplacé par Alain Renaud à la guitare et au chant. C'est cette formation qui sort le premier 45 tours, avec des paroles en anglais. Le succès n'est pas au rendez-vous et Alain Renaud s'en va à son tour. Pour le remplacer arrivent François Jeanneau, aux claviers et au saxophone, et Paul Farges à la guitare. Cette nouvelle formation publie "Elégie à Gabrielle", qui s'inspire d’un fait divers, le suicide de Gabrielle Russier, professeure de lycée amoureuse d'un de ses élèves. Cette version du groupe ne tient que de fin 1969 à début 1970. Comme frappé de malédiction, Triangle perd de nouveau son guitariste. Arrive ensuite Marius « Mimi » Lorenzini et sa guitare. C’est la formation « officielle » du groupe, la plus durable, de 1970 jusqu'au milieu de 1973.

C’est dans cette formation que le groupe rencontre enfin le succès avec "Peut-être demain", qu’il interprète dans le film de Claude Zidi, Les Bidasses en folie . Notons que la chanson est meilleure que le film...

Le groupe se dissout en 1974, après la publication d'un dernier 45 tours "Un ticket pour.../Dis-moi", très mal distribué.

Triangle - "Peut-être demain"

Dynastie Crisis : ils ne sont pas devenus rois

Dynastie Crisis c’est Jacques Mercier (chant, guitare), Jacky Chalard (basse), Philippe Lhommet (clavier) et Geza Fenzl (batterie).

Ce groupe marquera la pop et le rock français à l'aube des années 1970 par quelques succès d'estime tels "Vivre libre" ou "Faust72" ainsi que d'une chanson "Le corbeau et le renard" que l'on peut considérer, en quelque sorte, comme une préfiguration du rap !

C'est l’ex chanteur des Pingouins, Thierry Vincent et le journaliste Pierre Lescure, qui produiront en 1970 le premier disque chanté en français et en anglais du groupe. Dynastie Crisis jouera pour Michel Polnareff et assurera aussi ses premières parties à l'Olympia fin 1972 puis à nouveau, en 1973, et aussi lors du concert à Tokyo. Le groupe se sépare en 1974 après un dernier 45 tours, sous le simple nom de Dynastie, avec Celmar Engel à la batterie. Jacques Mercier (le seul à avoir le crâne rasé) et Jacky Chalard continueront une carrière en solo. En 2004, leur morceau" Faust72" fait partie de la BO du film Ocean's 12.

Dynastie Crisis - "Faust 72"

Wapassou, une formation originale

Fondé en 1972, Wapassou se distingue par sa composition en trio claviers, guitares, violon. Un premier album, Wapassou, est enregistré en 1974.

En janvier 1976, Wapassou signe sur le label de Jean-Claude Pognant, Crypto, pour trois albums : Messe en ré mineur (1976) (WEA), Salammbô (1977) (RCA Records) et Ludwig, un roi pour l'éternité (1979) (RCA Records). Il s'agit d'une trilogie sur la vie, la mort et l'éternité composé par le clavier du groupe Freddy Brua.

En juillet 1979, Wapassou décide de moderniser et de renouveler le son du groupe en ajoutant un batteur, Dominique Metz pour donner une assise rythmique plus conventionnelle puis, en 1980, le groupe engage une chanteuse.

En 1980, Wapassou enregistre Genuine sur le label Sterne, distribué par Musidisc. Le groupe tourne jusqu'en 1983. Certains de ses membres créent à Strasbourg un studio du nom de RBO (Rock et Belles Oreilles).

Wapassou - "Châtiment"

Total Issue : du Jazz à la Pop

Total Issue  a été fondé par  Aldo Romano  et  Henri Texier , musiciens de jazz des caves parisiennes dans les années 60, accompagnateurs des jazzmen franco-américains de passage, du bop parkerien au free libertaire, touchés par le virus pop, le temps d'un album, il s’adjoignent le guitariste  Georges Locatelli  et le flûtiste  Chris Hayward. Aldo Romano  et  Henri Texier  retourneront par la suite au jazz jusqu’à en devenir les plus éminents représentants français au travers de nombreux albums sur les labels ECM et Label Bleu.

 

Total Issue - "Les marins"

Catherine Ribeiro + Alpes l'âme debout

Catherine Ribeiro, actrice et chanteuse française d'origine portugaise, née le 22 septembre 1941 à Lyon, commence à chanter dans les années 1960. En 1970, elle crée le groupe Alpes avec Patrice Moullet. Les albums réalisés avec ce groupe sont considérés aujourd'hui comme ce qui se faisait de plus libre et de plus intense en France, avec Magma, dans la musique rock du début des années 1970. Humaniste, militante, ses engagements multiples, pour la Palestine, pour les réfugiés chiliens fuyant le coup d'État de Pinochet, pour les réfugiés du franquisme, pour les anarchistes, etc., en ont fait dans les années 1970 une « pasionaria rouge ».

Catherine Ribeiro + Alpes : "Ame Debout"

Zoo : une belle ménagerie

Zoo s'est formé en 1968 et est issu du groupe les New Strangers, Joël Daydé (chant), Daniel Carlet (saxo ténor, violon) et Michel Hervé (basse) se rapprochant des musiciens de studio Pierre Fanen (guitare), Michel Ripoche (saxo ténor, violon, trombone), Tony Canal (trompette), André Hervé, Christian Devaux (batterie) et Michel Bonnecarrère (guitare et composition).

Zoo entre en studio le 16 avril 1969. Barclay ne sortira cet enregistrement qu'après le succès commercial des albums de Chicago Transit Authority et de Blood, Sweat and Tears. L’album est marqué par le chant profond et rauque de Joël Daydé.

En 1970, des divergences musicales, relationnelles et financières conduisent Joël « Mamy Blue » Daydé et Pierre "Pierrot" Fanen à quitter le groupe. Le second album est enregistré du 12 juin au 9 septembre 1970 avec un nouveau chanteur Ian Bellamy.

Le groupe participe ensuite à l’enregistrement de deux chansons de Léo Ferré, "Le Chien et" "La « The Nana ", parues en simple et sur l’album Amour Anarchie. Un simple, "Dodo, Boulot, Métro", est également enregistré avec Eddy Mitchell juste après leur album.

En 1972, sort l’album le plus vendu du groupe. Il bénéficie de parutions outre-Manche (RCA) et outre-Atlantique (Warner Bros).

La sortie du dernier 45 tours "Life Is Living / Stiggy Poo" ne change rien à l’inéluctable séparation en octobre 1972. Le groupe n’ayant pu atteindre la consécration internationale, en jouant souvent de malchance, en particulier lors de tournées, avortées ou mort-nées, dans les pays anglo-saxons, subit la loi d’un marché national étriqué, qui a condamné beaucoup de groupes de l’époque.

Zoo - "City Breakdown"


La Transition du progressif planant au punk : Larry Martin Factory, Dogs, Little Bob Story, Frenchies, Shakin’ Street



Dès 1973, la France voit l’apparition d’un courant qui conteste la suprématie du rock progressif et s’inspire du MC5, des Stooges, des Flamin’ Groovies, du Velvet Underground plus que du jazz-rock. On parle déjà de Punk en référence surtout à la compilation de Lenny Kaye, futur guitariste de Patti Smith, Nuggets. Du coté de Rouen et du Havre s’agitent déjà Little Bob Story et l’embryon des Dogs. A Paris, les fans des New York Dolls, Shakin’ Street et les Frenchies, montrent le bout de leur nez. Yves Adrien fait ses premiers pas dans Rock & Folk, Philippe Garnier fait l’éloge des Real Kids ou de Rocky Erikson, Patrick Eudeline n’est pas loin et Alain Pacadis ne traîne pas encore au Palace. Quant à Marc Zermati, il découvre les Flamin’ Groovies et fonde Skydog Records pour leur permettre d’enregistrer. A Rouen, les futurs Dogs et Olivenstein zonent chez Mélodie Massacre, la boutique de disques de Lionel Hermani. Par ailleurs cette éclosion d’une tendance rock dur fait écho au glam-rock qui eut peu d’écho en France et au pub-rock dont les représentants tels Dr Feelgood ou Ducks Deluxe ne vont pas tarder à se faire connaître.



Larry Martin Factory : douce mère shooteuse

Larry Martin, de son vrai nom Jacques Godebarge, était un guitariste et session man réputé avant de s' installer en France, il est notamment connu pour avoir fait des sessions pour Vince Taylor. En 1975, il monte un groupe qui s’inspire du Velvet Underground entre autres. Ce groupe, Larry Martin Factory, est composé de Larry Martin (vocaux, guitare), Jacques Brély (basse, vocaux, Stéphane Guerault (clarinette), Michel Carras (piano, synthétiseur), Paul Pechenaert (guitare, vocals), François "Zox" Camuzeaux (basse), Pat Cramer (batterie), Yves Teslar (batterie, percussions), Jean Louis Guill (batterie). C’est avec cette formation qu’il enregistre, en 1977, l’album Early Dawn Flyers And Electric Kids. On retiendra surtout de cet album l’excellent « Sweet Mama Fix » ou encore « Dog Day Afternoon » et aussi le fait que deux membres de ce groupe ont joué un rôle dans la formation des Dogs de Rouen : Zox et Paul Pechenaert.

Larry Martin Factory - "Sweet Mama Fix"

Dogs : les chiens de Rouen

C’est en 1973 que la meute des chiens apparaît sur la scène française. Il y a là Dominique Laboubée, chant et guitare, Paul Pechenart, guitare, François Camuzeaux alias Zox à la basse et Michel Gross à la batterie.

A l’époque, les Dogs jouent surtout des titres des Flamin’ Groovies, Kinks et Velvet Underground. En 1975, contactés par Larry Martin, Péchenart et Zox quittent les Dogs pour s’en aller vers des rives financièrement plus rentables. Ce n’est qu’en 1976 que le groupe trouve sa formation de référence avec l’arrivée Hugues Urvoy de Portzamparc . Ce dernier ne joue de la basse que depuis une semaine mais il fait montre d’un enthousiasme sans faille et connaît « Oh Yeah » des Shadows Of Knight et « Smokin’ In The Boy’s Room » de Brownsville Station, c’est dire… Pour en savoir plus voire l’article sur les Dogs sur ce site.

Dogs - "Terminal state"

Little Bob Story, l’histoire du petit Bob

Little Bob Story est au départ composé de Roberto Piazza alias Little Bob (chant), Guy-Georges Gremy (guitare), Barbe Noire (basse) et Mino Quertier (batterie). Little Bob Story s’est formé en 1971 dans la riante cité du Havre. A l’époque, le groupe fait figure d’OVNI : pas de titres en français et un rock qui emprunte au MC5, aux Animals d’Eric Burdon et à Little Richard dont Roberto Piazza est un grand admirateur pour le chant. De fait, le groupe a du mal à trouver des concerts en France et tourne en Europe, surtout en Angleterre où il joue au célèbre Marquee Club.

En 1976, Little Bob Story signe chez Chiswick Records et profite de l'explosion de la vague punk .

Entre 1975 et 1977, plus de 250 concerts sont donnés outre Manche. En 1976, l’EP « I’m crying » est nommé « Single of the week » par le New Musical Express. En France, le groupe commet l’erreur de signer chez Crypto, un label de rock progressif peu en phase avec ce qui se pratique en Grande Bretagne. Ce qui n’empêche pas le deuxième album Livin’ in the fast lane (Little Bob Story n’étant qu’une compilation de singles sorti sans leur autorisation) de se vendre à 60 000 exemplaires en un an.

En 1978, pour éponger ses dettes, Crypto vend le groupe à RCA. C’est un échec discographique puisque Come see me et sa pochette de mauvais goût (désapprouvée par le groupe) ne trouve que 25 000 acquéreurs. Résultat : les départs se succèdent (seul Dominique Lelan aka Barbe Noir reste aux côté de Little Bob).

Il faut attendre 1982 et Vacant Heart pour que Little Bob Story retrouve le devant de la scène. Notamment grâce à la superbe reprise de « Play with the fire » des Rolling Stones. L’album suivant est édité chez EMI qui met les moyens pour enregistrer l’excellent Too young to love me produit par Thom Panunzio et Southside Johnny. Un album qui marque le retour de Guy George Grémy et… l’absence de sortie internationale ! En 1989, c’est la fin de l’histoire du petit Bob mais pas celle de Little Bob qui continue encore aujourd'hui à arpenter les scènes hexagonales.

Little Bob Story - "I'm Crying"

Frenchies ou trop, trop tôt

Le titre du second album des New York Dolls  Too Much Too Soon  convient parfaitement aux Frenchies. D’ailleurs cette comparaison n’est pas sans objet puisque les Frenchies se veulent une réplique française des Dolls.

Le groupe se forme vers 1973 en banlieue parisienne autour de Michaël Memmi, Morgan Davis et Linn Lingreën, qui s'adjoignent Olivier Legrand, dit Kiss Olivier, et Jean-Marie Poiré, dit Martin Dune, plus connu pour ses films comme  Les visiteurs  que comme vieux rocker tendance glam-punk. Une réputation se construit au fil des concerts sur leur look et leur démarche, encouragée par la frange proto-punk des rock-critiques français comme Patrick Eudeline. Leur album Lola Cola, enregistré en 24 heures, sort en 1974 chez Pathé-Marconi mais ne bénéficie que d'une promotion minimale. Jean-Marie Poiré part en 1975, remplacé par Chrissie Hynde au chant pour quelques concerts, avant la fin du groupe se soldant par le départ de cette dernière et de Michaël Memmi pour Londres.

Frenchies - "Lola-Cola"


Shakin’ Street : à la croisée des chemins

L’histoire de Shakin’ Street commence en 1976. Fabienne Essaïgh rentre d’Angleterre. Son histoire d’amour avec Jimmy Page a pris fin. Désœuvrée, l’ex mannequin et actrice traîne avec la bande de l’acteur Pierre Clémenti et rencontre Valérie Lagrange qui joue alors avec Jean-Louis Aubert…. Et Eric Lewi. Ce dernier lui propose de monter un groupe. Ce sera Speedball avec Louis Bertignac, Corinne Marienneau (futurs Téléphone) et Jean-Lou Kalinowsky à la batterie. A l’été 1976, Speedball monte sur la scène du Festival Punk de Mont-de-Marsan… sous le nom de Shakin’ Street, titre d’une chanson du MC5. Grâce à Philippe Shine (manager de l’époque et petit ami de Fabienne qui lui empreinte son nom pour la scène !), les français tournent en Angleterre, puis c’est la seconde édition du Festival Punk de Mont-de-Marsan, où des représentants de CBS sont présents et les signent.

Après de nombreux concerts à Paris, c’est le premier album en 1978 enregistré à Londres. Le second album capté à San Francisco en 1980 est synonyme de première tournée aux États Unis. Un opus produit par Sandy Pearlman grâce à leur Manager Marc Zermati qui fait écouter à Fabienne les premiers albums de Blue Oyster Cult. Et c’est ce même producteur qui leur présente le guitariste des Dictators, Ross the Boss, encore guitariste de Shakin’ Street en 2009 ! Mais la tournée américaine épuisent les musiciens qui rentrent en France. Fabienne Shine reste à Los Angeles où elle épouse Damon Edge (de Chrome) en 1979. Après un dernier album live, Shakin’ Street met (une première fois) un terme officiel à l’aventure en 1982.

Bien que Shakin’ Street ait plutôt été un groupe de Hard Rock dans la lignée des Dictators, Blue Oyster Cult, Aerosmith, il a joué un rôle d’interface entre le rock « classique » et le punk, voire l’influence de Marc Zermati, propriétaire du magasin de disque Open Market et créateur de Skydog, la maison de disque qui a révélé aux français ébahis les Flamin’ Groovies, Kim Fowley ou  Metallic KO  des Stooges.

Shakin' Street - "Solid as rock"

Le Punk ou les paumés français 


Comme on l’a vu précédemment, le punk avait aussi des racines en France et quand arrivent les Clash, Sex Pistols et les Damned, l’hexagone est prêt à emboîter le pas. Outre les pré-cités Dogs, Little Bob Story, Shakin’ Street, etc. il faut encore ajouter des groupes comme Angel Face, Loose Heart ou encore Jacques Higelin qui vire sa cuti rock avec  BBH 75 . Dans ce contexte, le punk anglais trouve un écho immédiat auprès des rockers français et des médias spécialisés bien que, parfois, l’accueil fût plutôt frais sinon glacial. Mais le mouvement permet à de nombreux talents de s’épanouir.

Un des premiers groupes à profiter de l’exposition médiatique sont les ex Puravida revampés en Bijou.

Bijou où l’intégrité ne fait pas forcément le succès

Bijou se forme en 1975. Il est composé de Vincent Palmer à la guitare, Philippe Dauga à la basse et Dynamite -Joël Yann-à la batterie. Il faut aussi citer le 4ème membre du groupe Jean-William Thoury, parolier et manager du groupe (et également journaliste rock pour le magazine Best).

Bijou est vite assimilé au mouvement Mod (dans la lignée des Jam et des Who), mais aussi au renouveau du rock français de l'époque avec Téléphone et Starshooter.

Bijou participe au premier festival du mouvement punk, à Mont-de-Marsan le 21 août 1976 ainsi qu'à sa seconde édition les 5 et 6 août 1977. Pour en savoir plus voir l’article sur ce site

Bijou-" C'est un animal"

Starshooter, un petit tour dans les étoiles et puis s’en va

Tout débute en 1975 à Lyon. Une légende veut qu’ils aient débuté sous le nom de Scooters (une seule trace discographique, la reprise de "Sweet Jane" du Velvet Underground sous le patronyme d’ Hygiène sur la compilation Les 30 plus grands succès du punk du label label Skydog).

Après un certain nombre de concerts (première partie de The Damned ou de Jacques Higelin par exemple), le groupe signe chez EMI. En 1977, le premier 45 tours sort dans la foulée : "Pin-Up Blonde / Quelle Crise, Baby".

1978, la sortie de "Get Baque / En Chantier", leur deuxième 45 tours fait des remous. Il faut dire que le détournement du célèbre "Get Back" des Beatles (On veut plus des beatlles et d'leur musique de merde, bonne à faire danser les minets, les radios nous bassinent pour assurer leurs salaires, j'en ai rien à foutre qu'ils crèvent! get baque, get baque, get baque tou ouaire iou ouance bilongue ,get baque, get baque, get baque tou ouaire iou ouance bilongue) est provocateur (un désir de renouveau de la génération punk?) et contrarie leur maison de disques, EMI, qui possède aussi les Beatles en catalogue. Le disque est retiré de la vente au bout d'une semaine.

Malgré tout Starshooter réussit à faire entrer " Betsy Party" en tête des charts d'Europe 1, chose incroyable pour un titre rock français musclé en 1978. Le groupe s'impose comme un nouveau phénomène du rock français.

Le premier album, Starshooter, sort en 1978. On y retrouve "Betsy Party", une version de "Le Poinçonneur des Lilas" de Serge Gainsbourg, "35 Tonnes"." Get Baque", la reprise des Beatles qui est créditée en face 2 et barrée au dos de la pochette ne figure pas sur le disque lui-même! Le second album Mode, sort en 1979 avec le sous-titre : «Cette année la jeunesse sera intelligente et sexy !». Starshooter mêle au son punk des influences new-wave et disco. Cet album ludique et coloré ("La Nouvelle Vague", "Loukoum Scandale" ...) a du mal à trouver son public.

Chez Les Autres sort en 1980, la pochette est signée Kiki Picasso et comprend les titres "Machine À Laver" et "Louis, Louis, Louis". Les ventes du disque sont décevantes et le départ de leur producteur Philippe Constantin les pousse à quitter EMI.

Ils signent alors chez CBS et partent en Angleterre enregistrer un nouvel album avec le producteur Mike Glossop. Pas Fatigué sort en novembre 1981: c'est un album sombre et dépressif au style musical plus affirmé, plus mûr, mais qui ne reçoit pas le succès escompté. Une tournée baptisée "Tora! Tora! Tora" suivra au cours de laquelle est enregistré le Live! qui sortira en 2004. Six mois après la sortie de Pas Fatigué, Starshooter se sépare. Kent entame alors une riche carrière solo qui se poursuite à l’heure actuelle.

Starshooter - "Quelle crise baby"

Téléphone allô ? y a du rock au bout du fil ?

Au milieu des années 1970, les groupes de rock français (Ange, Magma, Zoo, Les Variations et tant d'autres), malgré leur succès sur scène auprès du public ne sont pas promus par les labels et ne passent ni à la radio ni à la télévision. L'explosion du mouvement punk en Grande-Bretagne change cet état de fait et Téléphone en sera le principal bénéficiaire. Quant à savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose, c’est une autre histoire car le groupe préféré des lycéens et des parents est parfois loin de l’imagerie sex, drugs & rock’n roll et pêche par un manque de street-credibility comme le disent les anglais.

L'histoire de Téléphone commence le 12 novembre 1976 au Centre Américain de Paris, Boulevard Raspail1. Ce soir-là, Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka, deux musiciens qui ont déjà fait partie de quelques groupe ont préparé un concert Seul problème : ils n'ont personne pour les accompagner. Ils font donc le tour des amis, et parviennent in extremis à trouver deux musiciens compétents et libres : Louis Bertignac et Corine Marienneau, tous deux anciens du groupe Shakin' Street.

C’est le début d’une carrière qui pour certains (Aubert, Bertignac) se poursuit encore aujourd'hui. Une date marquante est le 7 juin 1977 où Téléphone profitant de la défection de Blondie, joue à l'Olympia en première partie de Television. Le concert remporte un très grand succès, et des critiques enthousiastes dans les journaux.

Dès le lendemain, le groupe enregistre son premier 45 tours, en public au Bus Palladium avec Andy Scott. Le 45 tours, auto-produit à 2 000 exemplaires, est vendu cinq francs à la sortie des concerts par le groupe, puis réédité par le label Tapioca. Il comprend "Hygiaphone" et "Métro (c'est trop)". Le disque, pourtant sorti sans aucune autre promotion que les concerts du groupe, remporte un succès très encourageant.

Un mois plus tard, à la suite d'un article paru dans le magazine « Rock & Folk », Téléphone est approché par la maison de disques Pathé-Marconi. Le 25 août 1977, moins d'un an après sa formation, le groupe signe un contrat pour trois albums.

Téléphone sort, le 25 novembre 1977, un album éponyme, toujours sans autre promotion que leurs concerts. Enregistré en dix-sept jours à l'Eden Studio de Londres et produit par Mike Thorne, le disque se vend à plus de trente mille exemplaires en quelques mois. Il atteint la deuxième place du classement de ventes d'albums en France. L'année suivante, soutenu par la maison de disques qui lui assure une promotion digne de ce nom, ce premier album deviendra disque d'or. Le single "Hygiaphone" se classe à la vingt-septième place du classement des ventes de disques (tous genres confondus) et représente déjà — avec "Métro, c'est trop" — l'efficacité et le dynamisme du groupe . C'est en soi une véritable révolution dans le rock français. On n'avait jamais entendu jusque là un groupe de rock français, chantant en français, aussi proche du son des Rolling Stones. Ceci dit si le son est une bonne imitation, on ne peut pas dire que Téléphone soit un émule sulfureux des pierres qui roulent. Par la suite, le groupe fera une carrière qui le classera comme le premier vendeur du rock français devant les Trusts, Taxi-Girl, Mano Negra et autres Beruriers Noirs.

Téléphone - "Métro c'est trop"

Asphalt Jungle : l’esthétique ne suffit pas

Si l’on compare les carrières d’Asphalt Jungle et celle de Téléphone, on peut affirmer sans craindre la contradiction que celle d’Asphalt Jungle est placée sous le signe du titre des Heartbreakers de Johnny Thunder : « Born To Lose » ! le groupe est formé en 1976 par le critique rock Patrick Eudeline (vingt-deux ans), qui publie dans Best depuis l'été 1974, et le guitariste Rikky Darling. Asphalt Jungle est l'un des premiers groupes punk français.

De 1976 à 1978, Asphalt Jungle enregistre malgré une carrière erratique et des prestations scéniques, euh, originales : Eudeline est décrit se tortillant comme un ver dès le 1er morceau reprenant ainsi une tradition des early-sixties françaises. Le groupe a enregistré trois singles : le premier "Déconnection", le deuxième "Planté comme un privé" en 1977,et le troisième "Polly Magoo" en 1978. On trouve aussi des morceaux qui ont figuré sur des compilations (notamment Skydog  Commando  et le Rock d'ici à l'Olympia EMI). La section rythmique a évolué tout au long de l'histoire du groupe, avec le passage de futurs Gazoline, Desperados et Métal Urbain.

Marqué par les Clash, le Velvet Underground, les Stooges ou Kim Fowley, ou encore Ronnie Bird et le premier punk français, Hector et ses Médiators, Asphalt Jungle est l’un des premiers à chanter du rock en français. Asphalt Jungle participera d'ailleurs à la seconde édition du festival punk de Mont-de-Marsan en 1977.

Le single "Polly Magoo", produit en 1978 par Michel Zacha, comme crédité au dos de la pochette, à la fois mélodique et punchy, est considéré comme un des meilleurs exemples de la scène punk française de l"époque. Il faut dire qu’il marie fort bien l’urgence punk et une production que l’on peut qualifier de spectorienne. Par la suite Eudeline a abandonné la scène et s’est cantonné à son rôle de rock-critique.

Asphalt Jungle - "Poly Magoo"

Les Olivensteins : la malédiction du bon docteur Olivenstein

Ah, Les Olivensteins ! « Fier de ne rien faire », « Euthanasie » sont les titres phare d’un groupe qui aurait pu aller très loin. se forment à Rouen en avril 1978. Leur nom vient du très médiatique psychanalyste français Claude Olievenstein qui s'occupe à l'époque de soigner de jeunes toxicomanes dans sa clinique de Marmottan. Un Olivenstein qu’Eric et Gilles Tandy se souvient avoir vu lors d’un concert du junky notoire, Johnny Thunders au Gibus à Paris, d’où l’idée et le nom du groupe. En juin 1978, le groupe fait son premier concert avec, dès le début, ce style provocant (provocation que l'on retrouve notamment dans les textes de chansons tels " Patrick Henry est innocent " ou " Pétain, Darlan, c'était le bon temps ").

À partir de l'automne 1978, le groupe fait plusieurs concerts en Normandie et à Paris, notamment avec les Dogs et l'accueil du public comme celui des journalistes rock est excellent. En mars 1979, les Olivensteins sortent en autoproduction un premier (et unique) 45 tours 3 titres qui est produit par Lionel Herrmani gérant du petit magasin de disque Mélodies Massacre et premier producteur des Dogs. Le disque est logiquement commercialisé par Mélodie Massacre, dont le vendeur est Eric Tandy, le frère ainé du chanteur et parolier du groupe. Les 2000 exemplaires du 45 tours sont rapidement épuisés et les critiques de la presse rock sont enthousiastes. Patrice Blanc-Francart passe ainsi régulièrement le morceau " Euthanasie " pendant plusieurs mois au cours de son émission musicale" Loup-Garou" sur France Inter. Le succès du 45 tours permet au groupe d'enchaîner les concerts, et les Olivensteins rêvent cette fois de sortir un véritable album . le label Barclay, qui vient de signer les Sex Pistols pour la France est très intéressé, mais l'opposition totale du Docteur Olievenstein à l'utilisation de son nom fait capoter le projet. À ce coup dur s'ajoutent les pressions des RG et à nouveau du Docteur Olievenstein, qui fait annuler leur concert prévu en décembre 1979 au Palace en première partie de Stiff Little Fingers. Frustrés par l'impossibilité d'enregistrer leur album tant espéré, le groupe décide de séparer après un ultime concert en janvier 1980 dans la salle St Croix des Pelletiers à Rouen.

Plus tard Gilles Tandy reforme un autre groupe dans la même veine et à la durée aussi éphémère : Les Gloires Locales. Ensuite il fonde les Rythmeurs qui sortent un disque chez New Rose Records et se séparent. Gilles Tandy finira par entamer une carrière solo et publiera deux albums.

En 2011, paraît une anthologie du groupe, la première. Le groupe s'est reformé spécialement à l'occasion du festival la Ferme Electrique 2013, à Tournan le samedi 6 juillet 2013.

Olivensteins - "Fiers de ne rien faire"

Métal Urbain : plus punk que Suicide

Métal Urbain se forme 1976 et donne son premier concert le 10 décembre 1976. Le groupe naît des cendres de « De Sade », un groupe formé par Éric Débris, Rikky Darling et Zip Zinc qui ne dure que le temps de deux répétitions. Au début sans chanteur, le groupe recrute Clode Panik et fait sa première apparition au Golf-Drouot. Ils n'ont alors que cinq chansons dans leur répertoire : « No Fun », « Snuff movie », « Métal Urbain », « Lady Coca-Cola » et une reprise en français de Anarchy in the U.K. des Sex Pistols. Le concert est alors interrompu au bout de trois chansons à la suite d'une bagarre entre les différents groupes du public : d'un côté les habitués du Golf-Drouot, de l'autre les amis du groupe, dont des membres de Asphalt Jungle.

Juste avant l'enregistrement de leur premier 45 tours, "Panik", le guitariste Rikky Darling quitte Métal Urbain pour se consacrer uniquement à son autre groupe, Asphalt Jungle. Il est alors remplacé par Hermann Schwartz et Pat Lüger.

Métal Urbain se distingue de la concurrence par un son explosif, une image radicale et des textes très subversifs influencés par l’Internationale Situationniste. Le groupe sort le single « Panik » en mai 1977, rencontrant un accueil enthousiaste en Angleterre, notamment chez John Peel et auprès du label Rough Trade. Métal Urbain voit son 45 tours « Panik » être nommé "Single of the week" par le New Musical Express. Rough Trade les signe, ils deviennent, avec leur 45 tours Paris Maquis, la première référence du label anglais. Mais en France, Métal Urbain a du mal à dépasser la frange des premiers fans du punk-rock méprisée par les médias français (même par les médias rock). Lassé par l'indifférence, Clode Panik quitte le groupe en décembre 1978. Le reste du groupe poursuit l'aventure, toujours sous le nom de Metal Urbain, mais aussi en expérimentant d'autres styles sous deux autres noms (« Métal Boys » plus expérimental et « Doctor Mix & The Remix » qui est en réalité Metal Urbain reprenant des chansons des Stooges, Bowie, Seeds, Velvet Underground, Troggs, Roxy Music etc.).

Les titres phares du groupe sont "Panik"," Paris Maquis"," Hystérie Connective" et "Crève salope" (Ce dernier titre étant écrit en réponse à Philippe Manœuvre, alors critique chez Rock & Folk, pour avoir descendu le groupe, mais aussi Patrick Eudeline, dixit Eric Debris dans "Un Bon Hippie est un Hippie Mort" ).

Après une reformation dans les années 80 qui rencontre encore l'indifférence des médias et de l'industrie, Métal Urbain se reforme en 2003.

L'approche « électro punk » du groupe, très novatrice en son temps, en a fait une référence pour des groupes comme The Jesus and Mary Chain, Bérurier Noir (avec la boîte à rythmes), ou encore pour le producteur Steve Albini. Jello Biafra, l’ex chanteur des Dead Kennedys, considère lui aussi Métal Urbain comme un groupe majeur et novateur, pour lui comme pour d'autres groupes américains.

Métal Urbain- "Panik"

Warm Gun

Né des cendres de Bitches, Warm Gun est un groupe légendaire. Philippe K (chant, guitare), Thierry Dioniso (chant, guitare), Fred (basse) et Olivier(batterie) décidèrent de monter le groupe après avoir écouté les Stooges. Un ex-Dogs Paul Pechenaert, les prit en main et devint leur producteur.

 

Warm Gun - "Chinese gangsters"


Lou’s : Oh les filles !

La France aurait-elle eu ses Slits ? Oui, un groupe de filles foldingues et radicales où l’engagement et la spontanéité primaient sur les compétence techniques. Peut-être que les Lou's, un groupe de filles qui a sévi entre 1976 et 1979 auraient pu être cette contrepartie. Mais leurs capacités techniques limitées et surtout un manque d’intérêt des producteurs ne leur ont pas permis d’aller plus loin que deux titres sur deux compilations : Le rock d'içi à l'olympia en 1978 sur lequel on trouve le titre " No escape ", une reprise des Seeds et les 30 plus grands succés du punk avec " Back on the street". Dommage…

Lou's - "Back in the street"

Strychnine : la strychnine me fait sauter en l’air

Strychnine est un des premiers groupes de rock français influencé par le punk. Le groupe se compose de cinq copains qui fréquentent le lycée François Magendie à Bordeaux. Ils choisissent le nom de leur groupe en référence à un titre des Sonics. Au mois d'août 1977 a lieu dans la ville voisine de Mont-de-Marsan le deuxième festival punk de l'histoire de France. Strychnine a le privilège d'y participer et monte sur scène juste avant les Clash. En mai 1978, le groupe sort "Le suspect", un premier 45 tours auto-produit, puis part en Normandie, au Château d'Hérouville où les cinq punk rockers bordelais enregistrent leur premier album intitulé Jeux cruels. Pendant trois années, Strychnine va tourner et sillonner la France entière. Le groupe fait également une apparition au cinéma en 1980 dans le film La Bande du Rex. Leur deuxième album, Je veux, enregistré au mois de janvier 1981 au studio Aquarius de Genève sort en France, mais le groupe se sépare un an plus tard, après un ultime concert à Bordeaux.

Strychnine - "Ex Bx"

Stinky Toys, les jouets puants d’Elli et Jacno

Formés en 1976, les jouets puants, les Stinky Toys, ont l'occasion de participer au premier festival punk londonien au 100 Club, invités par Malcolm McLaren, manager des Sex Pistols. Si l'expérience de ce concert s'avère décevante et l'ambiance détestable — Jacno refusait de se revendiquer ou de se laisser assimiler aux punks, ne souhaitant pas jouer au Gibus par exemple , la photo du groupe avec Elli Medeiros en gros plan fait la une du Melody Maker deux semaines plus tard. Cette notoriété soudaine leur permet d'être signé par Polydor et de sortir un premier 45 tours, « Boozy Creed. » Leur premier album est enregistré dans la foulée et sort en 1977. L'une de leurs chansons, « Lonely Lovers », a été adaptée en français et reprise avec succès par Lio sous le titre « Amoureux solitaires.» Malgré un certain soutien de la presse rock de l'époque dont celui d'Alain Pacadis via ses chroniques dans Libération, les « Toys » vendront relativement peu de disques et se sépareront en 1979, après la sortie de leur deuxième album, finissant par se lasser de la scène et des tournées. Elli Medeiros et Jacno deviennent alors le duo Elli & Jacno résolument plus pop.

Les Stinky Toys se différencient par un rock parfois plus nonchalant, dandy et un look sage et coloré inspiré du début des années 1960. Le groupe se réclame par provocation d'artistes telles que France Gall ou Françoise Hardy.

Stinky Toys - "Plastic Face"

Suite et fin


Voilà pour ce panorama, subjectif, incomplet forcément, du rock français des 70’s. Cependant, on notera que malgré l’orientation de ce site, on a fait l’effort de citer des groupes qui ne font pas l’objet d’une admiration inconditionnelle de l’auteur de ces lignes . Mais il est toujours intéressant de voir, qu’au début des années 70, le rock français était au mieux ignoré au pire méprisé par le grand public et les médias. Il fallait se lever de bonne heure pour entendre du Magma, du Gong, du Zoo à une heure de grande écoute sans parler de Lard Free, Red Noise et autres Variations. Martin Circus n’est devenu célèbre qu’à partir du moment où il a émasculé sa musique. De Joël Daydé, chanteur de Zoo, on ne connaît que « Mamy Blue », etc. Il a fallu attendre 1976 pour que le rock français, punk en l’occurrence, accède à une certaine notoriété. Remarquons enfin que ce ne sont pas les plus radicaux qui ont profité de l’occasion mais plutôt les groupes plus « gentillets » tels que Téléphone. Les choses changeront quelque peu dans les années 80 mais ceci est une autre histoire

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